Elle en est fière : depuis deux mois, Vairea accepte les paiements en cryptomonnaies. Après une formation rapide auprès de Hellmouth Banner (ancien rédacteur en chef du Journal du Coin, à l’initiative du Polynesian island crypto summit), la commerçante de Moorea a décidé d’innover, pour ses clients, mais pas seulement : « J’ai mon stand à l’arrivée des paquebots. J’essaie de viser les touristes. Et je trouve un peu excessive la location d’un TPE de l’OSB, donc j’ai voulu essayer d’innover. Les clients sont un peu surpris de voir que j’accepte la cryptomonnaie ».
Pour les non-initiés, les cryptomonnaies sont des actifs numériques fonctionnant sur la technologie de la blockchain. Cette monnaie virtuelle a un avantage considérable : celui de faciliter les transactions, sans intermédiaire.
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En métropole et dans plusieurs pays, de nombreuses enseignes acceptent déjà les paiements en actifs numériques. En Italie, Hongrie ou encore en Estonie, il est par exemple possible de régler un taxi en Bitcoin.
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Pour recevoir des paiements en Bitcoin, Ethereum ou encore Elrond, Vairea utilise une simple application installée sur son mobile : « c’est un peu comme Paypal mais version crypto, explique-t-elle. Je reçois les crypto directement dans mon wallet ». Certaines plateformes proposent des cartes de paiement qui permettent de réutiliser directement la somme. D’autres utilisateurs choisissent de changer leur cryptomonnaie en monnaie officielle et de virer l’argent vers une banque traditionnelle. Banque qui accepte, ou non, la somme, selon son règlement interne.
Mais que dit la loi ? La cryptomonnaie étant une innovation relativement récente (la première transaction en bitcoin date de 2009), les institutions sont toujours en train de s’adapter, même si certains pays sont plus en avance que d’autres.
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Au niveau européen, un règlement sur les marchés de crypto-actifs (Markets in Crypto-Assets, ou MiCA) a été publié au Journal officiel le 9 juin dernier. Il est entré en vigueur le 29 juin, mais ne sera applicable que le 30 décembre 2024, à l’exception des mesures sur les stablecoins qui entreront en application le 30 juin 2024.
Dans l’Hexagone, la monnaie officielle reste l’Euro. La cryptomonnaie n’a pas de cadre légal, mais elle n’est pas illégale. Comme l’indique le ministère des Finances sur son site Internet, les commerçants sont donc libres d’accepter ou de refuser les cryptomonnaies. En revanche, ce qui est bel et bien en place en métropole, c’est une législation sur la fiscalité.
Le fenua, quant à lui, possède son propre droit fiscal. Et bien que l’intérêt du président du Pays Moetai Brotherson pour ce sujet soit connu, pour l’instant, rien n’a encore été établi concernant les cryptoactifs.
Mais les choses devraient certainement évoluer. Un deuxième « Polynesian island crypto summit », sommet consacré au secteur du Web 3, aura lieu les 12, 13 et 14 mai prochains à Tahiti. L’occasion pour le Pays, la DICP (direction des Impôts et des contributions), la DGAE (Direction des Affaires Économiques) ou encore la DGEN (Direction de l’Économie Numérique) d’interagir avec des professionnels venus de l’étranger et, peut-être, de s’inspirer des règles appliquées ailleurs…