À la pompe, à la caisse des supermarchés, dans le secteur des transports, les prix tendent à la hausse. L’inflation atteint 7.2% en Polynésie. Pour la freiner, l’Institut d’Emission d’Outre Mer (IEOM), à l’instar de la Banque Centrale Européenne, a réajusté ses taux directeurs à la hausse en juillet. Dans un communiqué du 4 novembre*, l’IEOM précise les grandes lignes de cette politique monétaire.
Chargé de la politique monétaire dans la zone franc Pacifique, l’IEOM espère ainsi inciter les acteurs économiques, entreprises et ménages à moins s’endetter. Les taux directeurs, ce sont les taux d’intérêts fixés pour les banques commerciales qui ont besoin de liquidités. Lorsque l’IEOM augmente ses taux, les banques commerciales voient leurs conditions de refinancement se durcir également : le coût de l’argent augmente.
Les banques commerciales répercutent l’augmentation du coût de leur refinancement sur les taux des prêts accordés à leur clientèle, particuliers comme entreprises. Cela incite les acteurs économiques, entreprises et ménages, à moins s’endetter pour investir et consommer.
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Pour Fabrice Dufresne, le directeur de l’institut d’émission d’outre-mer, « on est dans une période de normalisation de la politique monétaire. Nous ne somme pas encore dans un mouvement de durcissement […] On essaie de donner le relèvement de taux le plus juste possible, qui est compatible avec la croissance économique polynésienne« .
Concrètement, le taux moyen d’un crédit immobilier est de 1.82%, et il faut s’attendre à ce qu’il dépasse les 2%. Effet attendu : une baisse de la demande pour ce type d’emprunt, de la part non seulement des ménages mais aussi des entreprises. « Pour certains ménages, ce relèvement des taux va peut-être différer, pas forcément freiner, leur choix d’acquisition d’un logement, c’est à dire de leur choix d’investissement« , précise M. Dufresne.
D’autres solutions peuvent être envisagées pour lutter contre l’inflation. Dans les politiques budgétaires, on évoque des aides ponctuelles ou une augmentation des salaires. Mais, ces revendications font ressurgir la crainte de la spirale prix-salaires.
« Augmentation de salaire veut dire augmentation des coûts de production, et donc des prix, note Vincent Dropsy, pofesseur des universités en Sciences économiques. Cette spirale inflationniste peut s’enflammer, et on veut l’éviter à tout prix, lutter rapidement contre l’inflation. Tous les économistes sont d’accord là-dessus : le plus vite. […] »
Dans un contexte international toujours tendu, difficile de prévoir quel sera l’évolution des économies dans les prochains mois. La bonne nouvelle, c’est que la consommation des ménages, un maintien de l’investissement des entreprises et un rebond du tourisme, sont un bon point pour maintenir de la croissance. Selon les prévisions, l’année 2022 affichera un bilan de 200 000 touristes. Malgré la hausse du prix des billets d’avion, c’est presque autant qu’en 2019.
*Le communiqué de l’IEOM sur les décisions de politique monétaire du 04/11/2022 est à retrouver ci-dessous :