Edgar souffrait de crises de goutte tous les mois. A 50 ans, il a enfin trouvé un traitement adapté après une hospitalisation l’an dernier. Ce dernier lui évite les crises et les douleurs intenses dans les articulations. Edgard prend chaque jour ce médicament peu onéreux : l’Allopurinol.
« J’ai compris ce qu’était vraiment ma maladie. Avant, je ne la prenais pas vraiment au sérieux, même au niveau des médicaments. On me disait de les prendre, mais c’était juste pour éviter d’avoir des douleurs. Avoir des douleurs tout le temps, ce n’est pas évident », témoigne le quinquagénaire.
La population polynésienne est la plus touchée au monde par cette maladie génétique. Une étude vient d’être publiée dans la revue scientifique « Lancet Global Health ». Et elle démontre que près d’un Polynésien sur cinq est concerné, soit un peu plus de 28 000 personnes.
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Erwan Oehler, médecin au CHPF de Taaone, milite pour une meilleure prise en charge des patients en ayant recours à ce traitement, encore trop peu prescrit selon lui. Seul un malade sur trois en bénéficie.
« Il y a la peur d’un effet indésirable, mais c’est rarissime », souligne-t-il, « c’est aussi probablement lié au fait que lors de l’introduction de ce médicament, ou de l’augmentation de sa posologie, cela peut déclencher des crises et donner faussement l’illusion qu’il empire la maladie alors, qu’au contraire, il y a énormément d’études qui montrent qu’il est mal ou pas du tout utilisé. C’est un peu dommage, car c’est un médicament qui soulage les patients ».
Les malades sont aussi souvent atteints d’autres pathologies, comme le diabète notamment.
La goutte est également régulièrement associée à une consommation excessive d’alcool et/ou de nourriture. Certains patients occultent donc l’aspect héréditaire de cette pathologie et ne consultent pas.
Dans la région du monde où la goutte est très répandue, elle est donc encore mal connue et trop peu traitée. Un paradoxe.