Tim Maiau, mannequin professionnel à l’étranger : « Il faut être à la hauteur de tout »

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Nous l'avions rencontré en 2016. Enfant de Moorea, Tim Maiau évolue depuis plusieurs années en Asie en tant que mannequin professionnel. Il est l'un des rares polynésien à ne vivre que du mannequinat à l'étranger. Sept ans après notre première entrevue, Tim enchaîne toujours les castings. Et sa carrière n'est pas prête de s'arrêter.

Publié le 03/02/2023 à 17:51 - Mise à jour le 13/02/2023 à 10:07

Nous l'avions rencontré en 2016. Enfant de Moorea, Tim Maiau évolue depuis plusieurs années en Asie en tant que mannequin professionnel. Il est l'un des rares polynésien à ne vivre que du mannequinat à l'étranger. Sept ans après notre première entrevue, Tim enchaîne toujours les castings. Et sa carrière n'est pas prête de s'arrêter.

Grand, musclé, les traits fins et le regard assuré : Tim a le profil qu’il faut pour le métier. Fashion shows, publicités, print… il enchaîne les contrats.

Lorsque nous avions réalisé son portrait il y a quelques années, Tim s’apprêtait à défiler pour la Fashion Week de Milan, événement incontournable et très prisé du monde de la mode. « J’ai défilé pour Dolce & Gabbana. J’ai travaillé aussi pour Armani. (…) À partir de là, ça m’a vraiment aidé. La Fashion Week, surtout à Milan, on ne défile pas vraiment pour l’argent, mais pour le « fame ». » Tim décroche des contrats à Singapour, mais aussi au Japon. Il fait des aller retour en Thaïlande où il est basé.

Arrivent les années « covid ». La crise complique son travail… « On a vraiment été affecté pendant deux ans. (..) On est amenés à voyager tous les trois mois et avec les règlementations, j’ai été obligé de rester en Thaïlande presque deux ans. Je ne pouvais pas bouger. Si je devais absolument bouger, il fallait absolument remplir les conditions d’admission dans chaque pays, qui était différentes à chaque fois. Ça a été difficile. Il y avait moins de clients (…) On a dû se serrer la ceinture durant le covid. »

« On a vraiment été affectés pendant deux ans »

Tim Maiau

Mais il ne cesse pas pour autant de travailler. Et il n’a d’ailleurs jamais eu besoin d’avoir une autre activité professionnelle pour vivre.

Sa carrière de mannequin n’est pas prête de s’achever : « Pour les femmes et pour les hommes, c’est un peu différent en terme de longévité dans la carrière. Pour les hommes, on peut aller assez loin. Ça peut vraiment s’étirer. Certains vont jusqu’à 50 ans si ce n’est pas plus. »

Mais Tim n’est pas qu’une belle gueule. Il a aussi la tête bien pleine. Touche à tout, il s’intéresse depuis quelques années à la photographie, passe derrière l’objectif, écrit sur le monde de la mode…

Entrepreneur dans l’âme, il a aussi lancé une marque de vêtements. « On l’avait lancée juste avant le covid (…) C’est sûr que ce n’était pas le bon timing. La marque est toujours là mais on attend des jours meilleurs. »

Des activités annexes qui lui permettent de s’évader. Car s’il réussit dans l’univers de la mode, cela n’a rien de simple. Décrocher des castings, entretenir son réseau, maintenir son image… Tout cela demande du travail. « On reste aimables. C’est du networking (…) Il faut être à la hauteur des interactions, de tout ce qu’il se passe (…) c’est fatiguant », confie-t-il.

« On met un peu un masque à chaque fois. C’est sûr que c’est lourd »‘

Tim Maiau

Difficile aussi de créer de vrais liens dans un environnement axé en majorité sur l’apparence. « C’est difficile de se faire de vrais amis parce que tu bouges tout le temps. (…) Il y a beaucoup de relations qui sont faites par intérêt. Il y a très peu de vraies relations avec des gens. Tu peux avoir quelques potes. Ce sont des gens que tu vois, que tu connais parce que lorsque vous voyagez vous vous retrouvez dans le même pays. C’est beaucoup de sorties ensemble mais ce ne sont pas des relations fortes. (…) On met un peu un masque à chaque fois. (…) c’est sûr que c’est lourd.« 

Source facebook Tim Maiau

Chaque année, des Polynésiens tentent leur chance. D’apprentis mannequins quittent le fenua pour l’étranger, à l’issue de la Tahiti Fashion Week notamment. Peu réussissent.

Tia Wan, Heitiarii Wan de son vrai nom, gagnante de l’édition 2016 de la Tahiti Fashion Week a l’un des parcours les plus rententissants à l’extérieur. Pour Tim, ce genre d’exemple permet de mettre en avant ce métier, souvent dévalorisé. « Elle n’est pas la première mais en terme de high fashion, c’est vraiment une des première qui a fait un beau chemin et qui continue (…) Il n’y a pas beaucoup d’opportunités à Tahiti. On ne pense pas que ça puisse être un métier. Les gens ne prennent pas ça au sérieux (…) Il y a beaucoup de gens qui veulent être mannequins mais peu veulent faire les efforts. »

Pour ceux qui rêvent de strass et paillettes, la réalité risque donc d’être rude. Mais devenir mannequin professionnel lorsqu’on vient du fenua est bel et bien faisable, si l’on s’en donne les moyens…

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