Tim Maiau : un Polynésien mannequin professionnel à l’étranger

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Publié le 25/05/2016 à 15:29 - Mise à jour le 25/05/2016 à 15:29

Les yeux bridés, le corps athlétique, le regard perçant, c’est avant-tout ce qu’on voit de Tim Maiau. Pas besoin de vous faire un dessin, une photo vaut mille mots, parait-il.  Tim Maiau fait partie de ces mannequins polynésiens qui percent à l’étranger mais dont on entend pas parler. Et pourtant, selon Alberto Vivian, il y a autant de femmes que d’hommes du fenua qui s’exportent. Les hommes semblent être plus discrets sur leur parcours. Mais Tim, lui, a accepté de nous parler de lui.  
 
Mannequin, Tim l’est officiellement depuis 2011. Malgré ses origines tahitiennes, ce sont surtout ses traits chinois qui attirent les agences étrangères. Et pas que pour de la photo, car ce jeune homme à un profil polyvalent. Il travaille pour des fashion show, de la publicité télévisuelle et du print. « Pour cela, je ne peux que remercier mes parents de m’avoir légué de si bons atouts ! Ma grande taille, 1m89 joue en ma faveur surtout pour les défilés. Mon côté asiatique avec mes yeux bridés quant à eux correspondent tout à fait au profil recherché (en Asie) en publicités ou « TV commercial ». »

Happy new year everyone ! Whishing you all the best for 2016 !! #welcome2016 #tahitirepresent #modellife

Une photo publiée par TIM MAIAU (@timmaiau) le

C’est pour Red Modelling, une agence basée à Bangkok, en Thaïlande, qu’évolue actuellement le jeune homme originaire de Moorea. Une agence reconnue en Asie qui lui ouvre des portes. « Selon le pays dans lequel je me trouve, je serai représenté par une agence différente à chaque fois. Par exemple, à Hong Kong je suis représenté par l’agence Quest modelling alors qu’au Canada c’est l’agence Next Model. »
 
Les traits asiatiques sont un premier atout, son corps sculpté en est un autre. A ce jour, le mannequin polynésien a réalisé des publicités pour Coca-Cola, Samsung, ou encore Lee Jeans. Rien que ça. Parmi tous les contrats qu’il a effectués, un ressort particulièrement : la publicité à laquelle il a participé pour les 100 ans de Coca-Cola en Thaïlande. « A l’échelle mondiale, la compagnie avait en quelque sorte organisé une compétition pour savoir qui réaliserait la meilleure publicité en utilisant le même scénario pour tous les pays en compétition (Canada, Grèce, Thaïlande etc…). Je jouai donc dans la publicité qui était censée représenter la Thaïlande !  Pour le tournage, ils avaient engagé une actrice vraiment connue en Asie et moi. Imagines la pression ! Tout cela pour 30 secondes de vidéo. Au final, tout s’est super bien passé et le résultat est plutôt pas mal ! Une belle expérience ! »

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Une photo publiée par TIM MAIAU (@timmaiau) le

Si Tim est arrivé a un tel niveau dans le mannequinat, c’est grâce à soeur, en 2009 :  » C’est ma sœur, Maureen Maiau, qui un matin, en regardant les petites annonces dans la dépêche est tombée au hasard sur un casting qui était organisé pour la nouvelle campagne de Tahitian Move. Elle m’a alors littéralement traîné pour y aller car elle trouvait que j’avais le profil de l’emploi. Pour être honnête, si ce n’était pas pour elle, je n’aurai jamais fait le premier pas. Lors dudit casting, j’ai rencontré Alberto Vivian, qui est bien connu dans le domaine de la mode sur Tahiti. A la suite de cela, j’ai commencé à faire des défilés pour différents événements se tenant sur Tahiti. »
 
En 2011, il démarre officiellement sa carrière alors qu’il part au Canada pour compléter ses études de maîtrise. « J’étais alors représenté par l’agence NEXT Model Canada, basée à Montréal, et ce, jusqu’en 2013. Cependant, durant cette période, je devais concilier travail et études. Je n’étais donc pas complètement disponible pour entreprendre une véritable carrière dans le mannequinat. C’est plutôt à la fin de mes études, lorsque j’ai décidé de partir en Thaïlande, que j’ai vraiment été propulsé dans le monde de la mode. Ma copine m’avait alors fortement encouragée à contacter des agences locales, « juste pour voir » si ça pouvait fonctionner pour moi en Asie », nous raconte t-il. Et il a eu raison, puisqu’il a reçu un nombre important de réponses positives et encourageantes. Depuis, il est sous la tutelle de Red, où il enchaîne les contrats un peu partout dans la région, notamment en Thaïlande, en Malaisie, au Japon, et Hong Kong. 

Une détermination et un parcours qui font la fierté de sa famille et de ses amis. Derrière cette belle gueule, se cache un jeune homme à la vie simple.  « Parearii (Tim, NDLR) était un petit garçon très discret, ne se mélangeant pas trop aux autres sauf avec ses cousins avec qui il passait la plupart de ses temps libres. Vivant dans un milieu très sportif, son père étant champion de triathlon, il a toujours aimé se lancer des défis dans le domaine athlétique, acrobatique même, avec son petit frère et ses cousins », raconte sa mère. Tim est aussi un amoureux de la mer, il aime pêcher et faire du bodyboard.
 
Après toutes les photos que l’on voit de lui, difficile de se dire que Tim envisageait de travailler dans le monde du Business. Et pourtant :  » Je n’avais pas envisagé a priori faire une carrière encore moins internationale, dans le mannequinat. Jusqu’à la fin de mes études, le fait d’être mannequin a toujours été pour moi un revenu complémentaire. Je pense que si je n’étais pas mannequin aujourd’hui j’aurai sûrement choisi l’entreprenariat ou un domaine connexe », avoue Tim. 

Si Tim perce à l’écran, il excelle aussi dans les études. Il est diplômé d’un BTS en management des Unités Commerciales. Il a obtenu une licence en Langues étrangères Appliquées (LEA) et, en 2015, a décroché un MBA (Master) en management public de l’Université de Sherbrooke au Canada. Cette année, il part pour Milan où il travaillera pour la Fashion Week. Il sera représenté par Dmangement, une agence réputée en Italie. Et pour toutes celles qui se demandent si Tim est célibataire, eh bien, ce n’est plus un coeur à prendre.  
 

Vaihere Tauotaha

Interview avec Tim Maiau

Penses-tu percer davantage dans le mannequinat ou changer de profession ?
« Pour le moment, j’envisage poursuivre ma carrière dans le mannequinat. Je quitte d’ailleurs l’Asie pour un temps pour la Fashion week de Milan qui se tiendra le 18 juin. Il est clair que je ne pourrai pas faire cela toute ma vie, il faudra bien que je me reconvertisse un jour ou l’autre mais ce temps n’est pas encore arrivé. (…) Travailler dans ce domaine m’a non seulement permis de rencontrer des personnes inspirantes, mais m’a aussi permis de voyager, et ainsi prendre conscience d’une panoplie d’opportunités et débouchés intéressants qui m’étaient jusque-là inconnus, notamment dans le domaine des affaires, qui pourront m’être utiles dans le futur. »

Quels sont les avantages et inconvénients du métier de mannequin ?
« Un des premiers inconvénient qui me vient à l’esprit est qu’en tant que mannequin, nous n’avons pas de salaire fixe, notre rémunération va dépendre principalement du nombre de contrats obtenus mensuellement par exemple. En d’autres termes, plus tu as de contrats, plus tu fais d’argent, c’est aussi simple que ça. En plus de cela, il faut être mobile et savoir s’adapter car on est appelé à déménager tous les 3-4 mois dans une nouvelle ville ou un nouveau pays. Les agences ne sont pas toujours disponibles pour nous guider, alors il faut savoir se débrouiller. Il faut aussi faire preuve d’une grande souplesse afin de gérer au mieux les imprévus. A côté de cela, il y a beaucoup d’avantages. Ce que j’apprécie tout particulièrement est la liberté que ce genre d’emploi me procure, en comparaison à un poste de travail plus conventionnel. J’ai la chance de voyager ; de rencontrer des gens incroyables, et parfois même très connus ; sans compter tous les privilèges dont je bénéficie en tant que mannequin, et ce, un peu partout dans les plus grandes villes de la planète. Le meilleur dans tout cela, c’est que je suis payé pour le faire. Que demander de plus ? (rire) »

Que penses tes parents, ta famille de ton métier ?
« Bien sûr, ma famille et amis-es proches sont très fiers de ce que j’accompli à l’étranger. D’ailleurs ma sœur est toujours là pour me rappeler qu’elle le savait depuis mon tout premier casting (rire) ! Mes parents sont aussi très heureux que je réussisse dans un domaine quelque peu conventionnel, et cela, tant que je garde la tête sur les épaules. Qui plus est, je reçois régulièrement des messages d’encouragements de gens qui me suivent, d’un peu partout dans le monde, mais tout particulièrement du fenua, via les différents réseaux sociaux. C’est chaque fois un plaisir de les lire et d’y répondre, mais je pense aussi que cela démontre que le travail que je réalise ici est significatif pour les Polynésiens. »
 
Penses-tu revenir au fenua ? Qu’est ce qui te manque le plus ?
« Mon dernier séjour à Tahiti remonte à il y a un peu près deux ans, mais je souhaite pouvoir y retourner bientôt pour les vacances et revoir ma famille et mes amis. Je pense que ce qui me manque le plus, outre ma famille, est le bodyboard, le lagon et la cuisine de chez nous (poisson cru, mais surtout les gâteaux et tartes de ma mère). »
 
Quel regard as-tu sur le mannequinat en Polynésie ? Quels conseils donnerais-tu à ceux qui veulent suivre ta voie ?
« Je trouve très bien que Tahiti prenne le pas sur le monde de la mode à l’international. En effet, en organisant plusieurs grands événements comme la Tahiti fashion week, cela permet d’offrir une plus grande visibilité aux créateurs locaux et contribue par la même occasion à promouvoir la Polynésie sur la scène internationale. Pour les mannequins quant à eux, cela peut être un premier pas vers quelque chose de beaucoup plus grand. Qui sait, peut-être un jour défiler pour de grands créateurs à l’étranger.
Qui plus est, j’aurai tendance à dire, que le fait d’avoir une première expérience dans le mannequinat sur Tahiti offre une bonne base, surtout si l’on projette de s’exporter à l’international et d’en faire une carrière. Cependant, il faut savoir que ce que l’on acquiert comme expérience à l’échelle locale est seulement un avant-goût de ce que l’on peut vraiment retrouver à l’échelle internationale : Une compétition plus rude, des critères de sélections plus strictes, une pression liée à la performance plus grande. Il faut donc être préparé en conséquence et faire preuve de rigueur pour mettre toutes les chances de son côté. A titre d’exemple, Il n’est pas rare de se présenter à un casting ou 200 autres mannequins vont auditionner dans la même journée. Donc, lorsque ton tour se présente, il faut vraiment être prêt à livrer le meilleur de toi. »

On voit souvent des filles percer dans le mannequinant très peu d’hommes, qu’en penses-tu ?
« Il est clair que l’on entend plus souvent parler de la carrière de femmes que celles d’hommes car il faut le dire, c’est l’un des rare métiers où les femmes sont mieux rémunérées que les hommes. Et pour cause, la mode est une industrie qui s’adresse en priorité aux femmes, tout est question d’offre et demande. En proportion, il y aurait environ pour 1 model masculin, 4 ou 5 modèles féminins. Il est donc tout à fait logique que les filles soient beaucoup plus mises de l’avant. »

Un dernier mot ?
« Je voulais juste saisir l’occasion pour remercier tous ceux et celles qui me suivent sur les réseaux sociaux. Cela fait toujours plaisir de recevoir des mots d’encouragement du fenua. Egalement, un petit coucou à la famille et les amis qui me soutiennent de près ou de loin. »

Tim dans la pub thailandaise dédiée aux 100 ans de Coca-Cola

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