Près d’un an s’est écoulé depuis le dernier mouvement de grève, au centre hospitalier du Taaone. Si certains dysfonctionnements ont pu être corrigés, les moyens consacrés à la réalisation des soins demeurent insuffisants.
« Depuis quelques mois, on a eu des soucis de rupture avec du matériel, à cause de soucis de livraison, affirme Sandrine Vauthier, présidente du syndicat des professionnels d’encadrement paramédicaux de Polynésie française (SPEPPF). On avait besoin d’avoir une explication de ce qui se passait pour rassurer les soignants. Ils n’arrivent plus à faire leur travail sereinement et perdent le sens de leur travail quotidien » .
Plusieurs facteurs expliquent cette pénurie de matériel consommable. Selon la syndicaliste, « une part est liée au fournisseur, une autre à l’hôpital et une autre au budget de l’hôpital » . Le leitmotiv du budget « réel » de la santé et de son inscription dans le temps ne s’est pas estompé dans l’argumentaire du personnel soignant. « On marche sur des subventions, donc rien de pérenne, puisque celles-ci se terminent toujours au 31 décembre de l’année en cours » , poursuit-elle. Elle estime que le problème est criant depuis octobre. « On répond sur l’instant T, mais on n’est pas attractifs. On se retrouve sur des gestions à la petite semaine, avec des difficultés à payer certains fournisseurs et à répondre tout de suite à la demande » .
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Le SPEPPF identifie beaucoup de postes non-pourvus au CHPF, notamment parmi les aide-soignants et dans certaines catégories spécialisées. Plus généralement, c’est le secteur de la Santé qui est sur les rotules, en témoigne les difficultés à trouver des infirmiers libéraux… et à les former : « Cela touche toutes les corporations, les médecins, la réouverture de l’Institut Mathlide Frébault qui ne devrait arriver qu’en septembre 2024, liste Sandrine Vauthier. On essaie de recruter des gens qui ont les qualités, mais on a un turnover qui est quand même assez énorme » .
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« On attend des actions, on a besoin de savoir où on va (…) Le respect des règles de la fonction publique était beaucoup plus souple que maintenant, où on justifie la moindre dépense des deniers publics » , conclut-elle..
Si la direction de l’établissement et le pays préparent une refondation de la structure de financement, le CHPF fonctionne, depuis des années, avec une dette de plusieurs milliards de francs.
« S’il faut sauver quelque chose, c’est maintenant », alerte le SPCHDT
Dans un communiqué paru ce vendredi, la secrétaire générale du SPCHDT Mireille Duval appelle, elle aussi, à « des moyens et des effectifs constants » au CHPF, sans toutefois se déclarer en « guerre contre la direction » . « Augmentation de l’agressivité des usagers, détérioration des conditions de travail, tensions multiples (…) Cette détresse humaine et professionnelle plonge le CHPF dans une désertification de compétences médicales et administratives » , lance-t-elle. « S’il faut sauver quelque chose, c’est maintenant. Sinon, nous n’aurons plus personne pour nous soigner » , conclut le communiqué.