Une cellule de crise à la Santé pour faire face à la pénurie d’infirmiers

Publié le

Le ministère de la Santé a tenu une réunion de crise, en fin de semaine dernière, pour évoquer la pénurie d’infirmiers diplômés d’État. Après de nombreuses démissions ces derniers mois, une vingtaine de postes demeure vacants, notamment aux Îles sous le Vent, pour des remplacements. "Les infirmiers me rapportent que les non-paiements et les non-remplacements sont lourds. Et puis au niveau de la condition d’exercice : ils prennent des risques" , déplore le président du syndicat des infirmiers libéraux Jérôme Fernandez.

Publié le 17/10/2023 à 12:34 - Mise à jour le 17/10/2023 à 17:34

Le ministère de la Santé a tenu une réunion de crise, en fin de semaine dernière, pour évoquer la pénurie d’infirmiers diplômés d’État. Après de nombreuses démissions ces derniers mois, une vingtaine de postes demeure vacants, notamment aux Îles sous le Vent, pour des remplacements. "Les infirmiers me rapportent que les non-paiements et les non-remplacements sont lourds. Et puis au niveau de la condition d’exercice : ils prennent des risques" , déplore le président du syndicat des infirmiers libéraux Jérôme Fernandez.

Problèmes d’attractivité, de management, retards de paiement, et même un circuit administratif désuet de l’aveu des autorités sanitaires. Comment arrêter l’hémorragie des démissions chez les infirmiers diplômés d’État, employés par la direction de la santé ? Pour endiguer les départs volontaires des derniers mois, la structure a tenu une cellule de crise, vendredi dernier, au ministère.

Selon le président du syndicat des infirmiers libéraux, Jérôme Fernandez, le malaise est loin de ne toucher que les infirmiers diplômés d’État. « Le malaise touche tous les secteurs. L’hôpital peine à recruter des aides soignants. Pour des raisons de manque d’attractivité, de mangement. Des burn out, il y en a plein à l’hôpital. C’est la catastrophe à tous les niveaux et je suis très inquiet » , alerte-t-il.

Les services du Pays ont sollicité le secteur libéral pour pallier le manque de personnel et « venir prêter main forte au secteur public » , poursuit Jérôme Fernandez, qui assure que ce dernier « n’arrive pas à avoir suffisamment d’infirmiers pour occuper les fonctions dans les dispensaires et même dans les hôpitaux périphériques » .

– PUBLICITE –

La conséquence de la désertification médicale et du manque de médecins qui touche aujourd’hui la Polynésie, particulièrement dans les endroits les plus isolés. « Certains infirmiers me font part de difficultés de paiement de leurs astreintes et primes. Certains partent dans les îles et depuis plusieurs mois, ils n’ont pas touché 1 Fcfp (…) Il y a, je crois, un gros problème de management au niveau des paramédicaux de la santé publique. (…) Ils n’ont pas de médecin alors qu’ils sont censés en avoir un, ils enchaînent les heures à outrance… Beaucoup quittent les postes isolés à cause de ça » , analyse M. Fernandez.

« On a à gérer la mort, des facteurs de gravité. C’est un métier difficile en soi. »

Philippe Biarez, Directeur de la Santé

Directeur de la Santé, Philippe Biarez partage ce constat. Et en appelle aux élus : « C’est clair qu’il faut qu’on améliore la situation, et on y travaille, déclare-t-il. Il y a également une difficulté de se loger pour les professionnels. Il y a peu de locatif, dans les îles. On va demander aux élus de nous aider » .

C’est aux Iles sous le Vent que la pénurie d’infirmiers diplômés d’État est la plus importante. Les Raromatai, où la direction de la Santé cherche un nouveau directeur pour l’hôpital. Une vingtaine d’infirmiers diplômés d’État manque, posant d’importantes difficultés de remplacement. « Cela permet aux infirmiers et aux infirmières de partir en vacances comme tout le monde, de prendre leurs récupérations… Un dernier point concours à cette difficulté : celle du métier en soi. On a à gérer la mort, des facteurs de gravité. C’est un métier difficile en soi. Nos personnels ont besoin de formations régulières, suffisantes. Ils ont besoin qu’on s’occupe d’eux, qu’on les écoute, et c’est important », conclut Philippe Biarez.

Le syndicat des infirmiers libéraux déplore en effet un manque de dialogue avec Cédric Mercadal, qui avait pourtant placé les professionnels de santé au cœur de ses priorités lors de sa prise de fonction. Jérôme Fernandez affirme ne toujours pas avoir rencontré le ministre de la santé, au bout de 5 mois. « C’est la première fois en 15 ans. Au regard de ses premières allocutions, je m’attendais à un travail de partenariat comme on n’en a jamais eu. Et oui, c’est un partenariat comme on n’en a jamais eu car pour l’instant, il n’y en a pas » , lance-t-il.

Le gouvernement planche sur un vaste plan RH

Cédric Mercadal dit avoir conscience des difficultés rencontrées par ses agents et annonce travailler sur un plan d’envergure. « La fermeture de l’école d’infirmier accroit la pénurie. Les gens qui vont dans les îles pour les soigner vivent des situations parfois difficiles et compliquées, reconnaît le ministre. On a constaté, lorsque nous sommes arrivés, qu’il peut y avoir jusqu’à 15 étapes pour recruter quelqu’un. Nous les avons réduites à 6. Maintenant, on doit pouvoir les payer plus vite et mieux. Des programmes informatiques vont être installés dès l’année prochaine pour un meilleur suivi, une meilleure réactivité. On fait au mieux » , tente-t-il de rassurer.

Le gouvernement annonce un plan RH dont les contours demeurent flous. « Ça va être de la formation, de la simplification administrative, des logements pour les infirmiers, énumère Cédric Mercadal. Il va falloir créer de la ressource localement et la former tout au long de sa vie. Ce plan RH prendra au cœur des professionnels de santé une vraie envie de rester et on devra associer public et privé dans cette démarche » , conclut-t-il.

Ce mardi, plusieurs représentants syndicaux du centre hospitalier du Taaone ont été reçus à la direction de la Santé pour faire un état des lieux des besoins du personnel soignant.

Dernières news

Activer le son Couper le son