« Je suis commerçante au marché depuis maintenant 53 ans. (…) Mon beau-père Yap-ko dit Ako était cultivateur, avec ses enfants, ses garçons. Il plantait des légumes, il les envoyaient en truck en ce temps là, raconte Mama Rosina. Pour arrêter le truck, tu casses une branche de Purau et tu mets au bord de la route. Quand le truck arrive, il voit, il s’arrête. Là, il ramasse tous les légumes en bord de route et les mets sur son toit pour les amener au marché. En ce temps là, on habitait à Punaauia dans la vallée. »
Rosina a 18 ans lorsqu’elle rencontre celui qui deviendra son mari. À l’époque Papy Ah-sine travaille dans une société « qui fabrique des bateaux » explique-t-elle. Mais avant et après son travail, il aide son père au marché. Et ce, tous les jours de la semaine, « 7 jours sur 7 de lundi à dimanche ».
« À 23 ans j’ai commencé à travailler avec mon beau-père. Je rangeais et vendais, de 8 heures jusqu’à 17 heures. On prenait le dernier truck parce qu’on n’avait pas de voiture. » Malade, son beau-père décide finalement de lui remettre son étal. Il décède peu après : « Quand mon beau-père est décédé, il m’a remis l’étal. (…) Depuis 1975 je travaille au marché (…) J’aime mon métier, je vois des gens, ça me plait. »
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« J’aime mon métier, je vois des gens, ça me plait. »
Mama Rosina
Papy Ah-sine est décédé le 30 août dernier. Mama Rosina se rappelle avec émotion leurs journées au marché : « On prenait notre petit-déjeuner ici dans le marché. On arrivait à 3 heures du matin, tous les jours de lundi à samedi. Dimanche il n’y a que lui qui venait (…) Il était connu de partout (…) Ce n’était pas quelqu’un de timide. C’était quelqu’un qui allait rencontrer les gens. En 1996 il a pris sa retraite. C’est à partir de là qu’il a travaillé tous les jours au marché. »
La semaine prochaine, malgré l’épreuve qu’elle traverse, mama Rosina, 73 ans, reviendra au marché : « Je reprends mardi. (…) J’ai passé mes plus belles années au marché. Le marché c’est ma maison. J’habite là dedans, je vie là dedans. Je rentre chez moi pour dormir et ensuite je reviens. Les autres ce sont mes amis. »