Incendie à Heiri : des « constructions sauvages » et des marchands de sommeil

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Deux jours après l'incendie de la résidence Vaitareia à Faaa, le Pays cherche toujours des solutions pour reloger convenablement les 18 familles sinistrées. Une situation qui jette une lumière crue sur les marchands de sommeil et les constructions sauvages du quartier Heiri, où de nombreux locataires se sont plaints de la gestion de propriétaires peu scrupuleux.

Publié le 23/01/2024 à 16:56 - Mise à jour le 24/01/2024 à 9:07

Deux jours après l'incendie de la résidence Vaitareia à Faaa, le Pays cherche toujours des solutions pour reloger convenablement les 18 familles sinistrées. Une situation qui jette une lumière crue sur les marchands de sommeil et les constructions sauvages du quartier Heiri, où de nombreux locataires se sont plaints de la gestion de propriétaires peu scrupuleux.

11 logements ravagés par les flammes, 18 familles sinistrées : l’incendie de la résidence Vaitareia, dans le quartier Heiri à Faa’a, samedi dernier, soulève de nombreuses interrogations, dont celle des responsabilités, entre commune, Pays, et propriétaires évoluant hors de tout cadre réglementaire.

À Heiri, plusieurs logements collectifs datent des années 70. La résidence Vaitareia et ses habitations louées entre 60 à 80 000 francs accueillait majoritairement des familles nombreuses, entassées dans des conditions pas ou peu sécurisées. Une situation que la commune, compétente en matière de sécurité de ses habitants, n’ignorait pas. Le premier adjoint au maire de la commune Robert Maker avait déjà reçu des locataires, qui s’étaient plaints de leurs conditions de logement.

« Je les ai rencontrés ici, il y a peut-être deux ans maintenant, parce qu’il y a quelques locataires qui commençaient à soulever des questions » , indique-t-il. Les permis de construire de la résidence n’ont selon lui pas tous été délivrés, comme les certificats de conformité du service de l’urbanisme. « Sur le plan règlementaire, ce type de maison n’a pas à être construite comme cela » , poursuit-il. Un constat partagé par le Pays et la ministre des Solidarités et du Logement Minarii Chantal Galenon, qui a évoqué le « grand chantier » des « constructions sauvages » . « Cela fait de nombreuses années que ces maisons ont été construites (…) Après les règlementations, il faudra aussi changer les mentalités » a-t-elle déclaré.

Les habitants croisés dans ce quartier ne semblent pas surpris. Les rares qui acceptent de témoigner le font de façon anonyme. Tous pointent du doigts la crise du logement et l’absence de scrupule des marchands de sommeil. « Tu ne trouves pas de logements et tu finis par accepter ces prix. Si tu es dans l’urgence, le temps que tu fasses une demande d’aide OPH, c’est long, et tu te retrouves à accepter ces loyers au rabais malgré les risques » , souffle une habitante du quartier. D’autres visent directement le propriétaire du logement parti en fumée : « C’est un patron, il n’est là que pour encaisser. Le reste, il s’en fout » , lance un voisin.

Des « tiny houses » en urgence ?

En moyenne, le temps d’obtention pour un fare OPH dépasse allègrement les 10 ans selon la CTC. « Nous sommes en train de travailler pour réduire de telles attentes » , a commenté Chantal Galenon, plus loquace sur les logements d’urgence pour les sinistrés. Le gouvernement s’est donné deux semaines pour trouver une solution de relogement à la soixantaine de locataires dans son parc public ou privé. Ce mardi avant le conseil des ministres, la ministre a tenu une réunion de coordination entre élus de la commune, OPH, Direction des Solidarités de la Famille et de l’Égalité et Agence Immobilière Sociale de Polynésie française. Cette dernière prendra en charge le relogement d’une famille de 20 personnes, séparées entre Papara, Paea, Faa et Papeete.

Autre solution envisagée, le lancement d’un appel d’offre pour faire construire des « tiny houses » (maison équipées au strict minimum et à taille très réduites) sur du foncier appartenant au Pays. « L’OPH fait une enquête auprès des familles avant la construction de fare. Ces logements là sont temporaires et sont de notre ressort, a poursuivi la ministre. (Moetai Brotherson) a tenu à ce que l’on mette en place ce projet » .

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