La vidéo de cette chasse à l’homme en direct avait été suivie par des centaines d’internautes, le 22 octobre 2023. On y voit un individu entouré d’hommes qui le molestent et l’humilient.
Trois jours plus tôt, ce cambrioleur s’était introduit dans un salon de tatouage de Arue où il avait emporté une partie du matériel. Le propriétaire de lieux, un homme de 36 ans à la corpulence massive, l’avait rapidement identifié et localisé.
Il avait alors contacté 6 de ses proches aux gabarits similaires au sien. Tous s’étaient précipités au domicile du voleur, à Mahina, où se trouvait également la famille de celui-ci. Ce qui n’avait pas empêché les mis en cause de l’amener manu militari avec eux.
La vidéo de 36 minutes montre la suite : dans le véhicule, l’homme subit humiliations, gifles, coups de poings et de pieds pour lui faire avouer le vol. ce qu’il finit par faire avant d’être conduit à la gendarmerie.
A la barre, ce lundi, le tatoueur a fait profil bas : « Je me suis laissé emporter par les émotions. Avec le recul, je me dis que j’ai fait une grosse erreur. Je n’avais pas à faire la loi moi-même. Je ne suis pas comme ça dans la vie de tous les jours. Je tiens à m’excuser auprès de la victime et de sa famille ». L’homme a ajouté avoir très mal vécu le cambriolage de son salon conçu avec sa « petite famille » au prix de « nombreux sacrifices » : « J’ai réagi sans réfléchir. Je ne savais pas que je faisais des actes hors la loi ».
« 1500 personnes regardent »
« La justice privée n’a pas sa place dans une société », a retorqué la présidente du tribunal. Le voleur, lui, a été très peu prolixe. « Plus de peur que de mal », a-t-il simplement déclaré. Un médecin lui avait pourtant délivré 4 jours d’incapacité de travail en raison de ses blessures. Bien que victime, l’homme a comparu depuis le box des prévenus entouré de gendarmes. Il a effet été condamné il y a peu à 3 ans de prison pour de multiples vols, dont celui du salon de tatouage.
Une réponse pénale rapide qu’a tenu à souligner le procureur de la République pour rappeler au tatoueur et à ses comparses qu’ils n’avaient pas à « se faire vengeance ». Le magistrat a déploré « un trouble à l’ordre social » engendré par une « chasse à l’homme » qui plus est diffusée en direct sur les réseaux sociaux : « Monsieur invite les gens à lui répondre. A la fin, 1500 personnes regardent la vidéo. C’est 10% de la population de Mahina. Ce sont des scènes de violences répétées, des humiliations publiques. Ça fait froid dans le dos. Cette vidéo va laisser des traces».
Inconnu de la justice jusqu’ici, le tatoueur, coupable d’avoir « allumé l’incendie », a été condamné à deux années de prison entièrement assorties du sursis. Ses 6 proches, dont l’un était absent à l’audience, ont écopé de peines comprises entre 4 et 18 mois de détention avec sursis.