Contribution de solidarité territoriale : « À partir de 600 000 Fcfp, il faudrait taxer plus »

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Futur président du Pays si le Tavini Huira'atira remporte le second tour des Territoriales, Moetai Brotherson était l'invité de notre émission Quel Président pour le fenua ? Il est notamment revenu sur sa vision d'une indépendance "inclusive", mais également sur le déplafonnement de la contribution de solidarité territoriale (CST) ou encore, sur son projet inspiré du modèle islandais pour les jeunes.

Publié le 25/04/2023 à 15:26 - Mise à jour le 28/12/2023 à 9:50

Futur président du Pays si le Tavini Huira'atira remporte le second tour des Territoriales, Moetai Brotherson était l'invité de notre émission Quel Président pour le fenua ? Il est notamment revenu sur sa vision d'une indépendance "inclusive", mais également sur le déplafonnement de la contribution de solidarité territoriale (CST) ou encore, sur son projet inspiré du modèle islandais pour les jeunes.

« En bas de la RDO, on a le Magic Circus of Samoa et, au fond de l’avenue Pouvanaa a Oopa, on a le Magic Circus des fe’i. » Comme son parti a déjà eu l’occasion de le faire par voie de communiqué, c’est ainsi que Moetai Brotherson qualifie l’alliance entre le Amuitahira’a de Gaston Flosse et le Tapura de son ex-gendre et actuel président Edouard Fritch. Une alliance « d’opportunistes » qui, selon lui, ne convaincra pas les Polynésiens.

S’il arrive au pouvoir, d’ailleurs, pas question de travailler avec « le parti de ceux qui ont menti aux Polynésiens pendant 30 ans » mais il reste ouvert aux autres formations : « On va proposer, on va voir qui est intéressé et on discutera ».

Tenu pour responsable de l’instabilité entre 2004 et 2013 par ses principaux adversaires, il rétorque que le Tavini, principale composante de l’UPLD à l’époque, s’est heurté de plein fouet à l’opposition. Une époque marquée par de nombreuses alliances et motions de censure. « S’ils avaient admis le verdict des urnes et laissé l’UPLD gouverner, on n’aurait pas connu l’instabilité », assure Moetai Brotherson. Il souligne par ailleurs que le Tavini Huira’atira possède aujourd’hui une équipe de gens « compétents, formés, diplômés ».

« On ne peut pas envisager un référendum avant 10 ou 15 ans »

Moetai Brotherson

Quant aux divergences relevées au sein du Tavini sur la question de l’indépendance, Moetai Brotherson souligne que la ligne du parti bleu ciel est restée la même depuis ses débuts et que l’indépendance ne se fera pas en un mandat. « On ne peut pas envisager un référendum avant 10 ou 15 ans », estime Moetai Brotherson. « Je ne pense pas qu’on puisse y arriver dans les 5 ans qui viennent dans de bonnes conditions ».

Cette indépendance, il la veut d’ailleurs « inclusive » et non « ethniciste ». « Si vous venez dans les meetings vous verrez que les discours les plus racistes, les discours les plus haineux, ne sont pas au Tavini (…). On veut bâtir ce pays avec tout ceux qui aiment la Polynésie ».

Reste à savoir comment la financer et surtout comment remplacer les transferts de l’Etat qui atteignent aujourd’hui près de 200 milliards de francs. Pour le candidat du Tavini, si cette somme est conséquente, « ce n’est pas un challenge impossible ».

Economie : supprimer la TVA sociale de manière progressive

Sur les questions économiques et sociales, justement, le Tavini le martèle depuis le début de la campagne : il compte supprimer la TVA sociale, « mais pas du jour au lendemain (…). Ça, c’est de la démagogie pure et simple (…). Il faudra y aller progressivement mais rapidement (…) Ça va se faire sur un an. »

Le parti bleu ciel souhaite également déplafonner la contribution de solidarité territoriale (CST): « On va mettre plus de tranches dans le quartile supérieur et on va moins taxer le quartile inférieur. On peut estimer qu’à partir de 600 000 F, il faudrait taxer plus ».

Pour développer le fenua, le Tavini mise notamment sur un secteur dont on parle peu : l’audiovisuel. « Il y a une donnée économique que peu de gens connaissent, c’est qu’aujourd’hui le secteur de l’audiovisuel pèse autant que la perliculture en Polynésie. On ne le dit pas assez et on a tout un tas de petites sociétés avec des Polynésiens à la fois talentueux, motivés… Il y a une appétence réelle de nos jeunes pour ces métiers-là et ils ont un talent (…) Aujourd’hui, nous estimons que ce secteur-là n’est pas assez développé. Ce qui manque, c’est cette agence de l’audiovisuel. Vous allez à Fidji, vous avez le Fiji Film Office dont le rôle consiste à aller voir toutes les Majors -Netflix, Amazon Prime- et leur dire : « vous avez un film où il y a un cocotier, une plage : venez chez nous ». »

Lutter contre l’oisiveté pour combattre l’ice

Autre thématique centrale pour le Tavini : la jeunesse et la lutte contre le fléau de l’ice. Une lutte qui passe autrement que par la répression selon Moetai Brotherson. Et de citer le fameux modèle islandais. « L’Islande dans la fin des années 90′ avait un gros problème, pas avec l’ice mais avec d’autres drogues dures. Qu’est-ce qu’ils ont fait ? Ils n’ont pas augmenté le volet répressif. En revanche, ils ont mis tout le monde au sport, ils ont permis aux jeunes d’avoir des activités sportives. Ils ont développé les associations. C’est en combattant l’oisiveté, le fait que les jeunes n’aient rien à faire en sortie de l’école, c’est comme ça qu’ils ont lutté contre cette gangrène sociétale. Et ils ont réussi. »

Des activités pour lutter contre la délinquance, mais aussi un système éducatif revu pour de meilleurs résultats. Il l’évoquait sur le plateau de notre journal télévisé : en matière d’éducation, Moetai Brotherson souhaite la mise en place d’écoles immersives où des cours se feraient entièrement en reo Tahiti. « Nous continuerons à parler français en Polynésie et c’est aussi une des raisons pour lesquelles l’Etat continuera à nous accompagner sur le système éducatif. En revanche, il faut un système éducatif qui nous ressemble. Parce que tant qu’on n’aura pas ça, on aura encore le décrochage scolaire, l’analphabétisation qu’on a aujourd’hui. »

Le replay de l’émission est à retrouver ici :

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