Himene tārava, ‘orero et electro : rencontre avec le phénomène Quinzequinze

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De l'art... visuel et sonore. Vous avez certainement déjà entendu parler d'eux : le collectif quinzequinze mêle musique electro et sonorités polynésiennes sur des clips travaillés. Deux de ses membres sont des enfants du fenua : Ennio et Tsi Min. Pour TNTV, ils ont accepté de répondre à quelques questions.

Publié le 01/02/2021 à 10:05 - Mise à jour le 23/04/2024 à 9:54

De l'art... visuel et sonore. Vous avez certainement déjà entendu parler d'eux : le collectif quinzequinze mêle musique electro et sonorités polynésiennes sur des clips travaillés. Deux de ses membres sont des enfants du fenua : Ennio et Tsi Min. Pour TNTV, ils ont accepté de répondre à quelques questions.

C’est un phénomène qui monte : le collectif Quinzequinze fait résonner les rythmes polynésiens au-delà du fenua, mêlant musique traditionnelle et électro sur des clips psychédéliques.

Ils sont cinq dont deux enfants du fenua : Tsi Min et Ennio. Après avoir obtenu leur bac en Polynésie, les deux graines d’artistes se sont envolées pour la métropole et ont intégré une école supérieure d’art et design.

Après ses études, Ennio commence à travailler en tant que designer graphique à Paris. La culture polynésienne ne le quitte pas. Il la peint, la sculpte, l’inscrit sur les murs et sur la peau.
Après son diplôme, Tsi Min décide quant à lui de se consacrer à la musique.

C’est en 2013 que le collectif voit le jour. Il rassemble des designers, ingénieurs et musiciens autour de projets artistiques visuels et sonores. Des projets qu’ils partagent tous les 15 jours sur la Toile. Rapidement, le groupe se concentre sur la musique.

Crédit : Laurent Segretier

Le mélange si spécial entre sonorités polynésiennes et consonnances électro se fait naturellement nous explique Ennio : « Paradoxalement, ce n’est qu’une fois en France qu’on s’est rendu compte de toute la richesse de notre culture. L’éloignement a recréé chez nous un rapprochement culturel intense. Dans un sens, on se réapproprie la culture maohi pour la faire évoluer à notre manière et l’adapter à nos influences actuelles. »

En 2018 sort donc NevaNeva, un clip comme un court-métrage qui reprend le mythe polynésien de la création du monde. On y retrouve des himene tārava ou encore le son des to’ere, le tout dans un morceau résolument moderne. « Ce premier essai, présenté comme un court-métrage musical, constitue la genèse de notre musique “climatique”, portée par notre héritage polynésien« , explique Ennio.

Des chants en reo Tahiti, des orero, des instruments polynésiens pour cinq artistes dont deux seulement ont grandi au fenua. « Les autres membres du groupe ont dû bosser un peu leur accent, admet Ennio, mais ils nous accompagnent avec fierté sur les himene tārava (…) Nous n’avons pas encore eu la chance et l’occasion de faire appel à des artistes locaux et bien entendu nous le ferons avec plaisir lorsque le contexte nous le permettra. »

De la création du monde par Ta’aroa… aux essais nucléaires

Dans son clip « Le jeune » sorti fin 2020, Quinzequinze évoque les essais nucléaires effectués en Polynésie de 1966 à 1974. Mais le groupe n’a pas pour objectif d’engager sa musique. Le but est surtout de raconter : « L’objectif n’est pas d’engager notre musique pour une cause à défendre, il y en a tellement ! On a essayé de faire un conte visuel : l’histoire est racontée et incarnée par les membres du groupe. Ils sont représentés altérés par une radioactivité dont l’apparence est sublimée. On trouvait intéressant d’avoir des représentations magnifiques et surréalistes qui illustrent ce thème funeste. Notre attachement pour la Polynésie fait qu’on l’a beaucoup fantasmée à en oublier parfois qu’en réalité, sa beauté porte des cicatrices. Il est impossible d’ignorer ça », souligne Tsi min.

Le collectif se fait de plus en plus remarquer ces derniers mois et ne manque pas de projets. Un clip sortira très prochainement, « quelques concerts seront filmés, notamment pour Arte et Grunt en début d’année » confie aussi Tsi Min. « L’univers QuinzeQuinze évoluera avec les prochains morceaux qui sortiront en 2021 », assure-t-il. 

Le groupe rêve aussi « en secret, d’une résidence artistique à Tahiti pour nous ressourcer et pour que le groupe vive enfin tout ce qu’on lui a raconté. »

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