Intercontinental Moorea : « une fermeture nécessaire pour la survie » du groupe

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La direction souhaite une fermeture de l'hôtel Intercontinental Moorea, les syndicats y sont farouchement opposés. Mercredi, une réunion a eu lieu à l'issue de laquelle syndicats et salariés ont fait part de leur incompréhension. Richard Bailey, président de Pacific Beachcomber a qui appartient l'hôtel, nous a accordé une interview :

Publié le 28/05/2020 à 16:29 - Mise à jour le 28/05/2020 à 16:30

La direction souhaite une fermeture de l'hôtel Intercontinental Moorea, les syndicats y sont farouchement opposés. Mercredi, une réunion a eu lieu à l'issue de laquelle syndicats et salariés ont fait part de leur incompréhension. Richard Bailey, président de Pacific Beachcomber a qui appartient l'hôtel, nous a accordé une interview :

Aujourd’hui, les syndicats et les travailleurs parlent d’un sacrifice de l’hôtel Intercontinental Moorea. Pour vous, c’est une action qui est nécessaire aujourd’hui ?
« Nous avons estimé en effet que la fermeture de cet hôtel est nécessaire pour la survie de notre entreprise »

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Pourquoi l’hôtel Intercontinental de Moorea ?
« Parce que notre hôtel de Moorea s’est avéré au fil des années, même s’il a connu des années très très glorieuses, être l’hôtel le moins compétitif aujourd’hui. Il a le prix moyen le moins élevé, le remplissage le moins élevé, la rentabilité la moins élevée. Et compte tenu de la durée estimée de cette crise économique que nous subissons, nous avons estimé que nous perdrons beaucoup plus d’argent qu’en le fermant. »

Certains parlent de cette succession de grèves qui mène aujourd’hui à cette fermeture. Mais pour vous c’est vraiment cette épidémie, ce virus, qui a fait qu’aujourdhui on se retrouve dans cette situation ?
« C’est un fait que nous avons vécu des grèves à répétition en 2019, ce qui a fortement impacté nos résultats en 2019. Encore une fois, la raison de cette fermeture s’analyse par une perte de compétitivité de l’hôtel. »

Aujourd’hui vous êtes propriétaire d’une chaîne hôtelière, du Gauguin, et au sein des autres hôtels, est-ce qu’on parle également de licenciements ou non ?
« L’idée c’est que nous avons 1100 employés dans notre groupe, et nous estimons avec cette fermeture de Moorea, pouvoir garder au contraire les 900 autres employés du groupe. Et donc hormis les réductions de temps de travail, avec l’appui du Pays au travers des dispositifs de soutien mis en place, nous espérons pouvoir garder justement tous les autres employés de notre groupe. »

« Il y a un plan social extrêmement complet, extrêmement généreux je dirais »

Richard Bailey

Les syndicalistes parlent d’une fermeture pure et simple sans plan social. Qu’en est-il vraiment ?
« Ah non c’est faux. Il y a un plan social extrêmement complet, extrêmement généreux je dirais. Certains de nos salariés vont partir avec 3 ans de salaire, donc je pense que ceux-là en particulier ne sont pas trop à plaindre par rapport à beaucoup de gens, de Polynésiens qui sont en réelle difficulté. Donc ce serait faux de dire qu’il n’y a pas de plan social. Il y aun plan social très complet. »

Revenons sur les hôtels de Bora Bora par exemple : pas de licenciements mais des aménagements certainement ?
« Des réductions de temps de travail. Nous avons une très très grande coopération dans tous nos hôtels avec l’appui du gouvernement pour le dispositif Diese auquel nous allons faire appel. Et au passage je remercie le gouvernement d’avoir mis cette mesure en place qui permet vraiment de sauvegarder un maximum d’emplois dans notre groupe. »

En parlant de cette aide Diese, n’aurait-il pas fallu la mettre en place également à Moorea ? Ce n’était pas possible ?
« Il n’y a pas que la masse salariale. Et encore une fois, les perspectives, une fois rouvert, ne nous laissent pas penser que les pertes que nous allons subir sur Moorea, seraient inférieures au coût de fermeture. »

Les négociations se sont arrêtées hier soir. Est-ce qu’une date ultérieure a été prévue pour revoir les syndicats ?
« À l’heure actuelle, les discussions continuent à Moorea. Nous avons fait une réunion hier avec la direction de l’hôtel, une réunion d’information. Et maintenant nous procédons aux convocations pour les licenciements économiques. »

« notre destination a énormément d’atouts, elle sera je pense, encore plus attractive demain »

Richard Bailey

Question plus générale : pour le groupe, comment est-ce qu’on voit l’avenir à présent ?
« Il y a un nuage un peu sombre sur notre activité aujourd’hui. Ça fait 35 ans que je fais ce métier et je n’ai jamais licencié pour motif économique aucun salarié dans aucun de mes hôtels donc c’est vraiment la mort dans l’âme que je vie ce chapitre. C’est une décision extrêmement douloureuse et difficile pour nous. Nous espérons des jours meilleurs. Nous ne sommes pas seuls. Nous avons beaucoup de concertation avec le gouvernement, avec les autres acteurs du tourisme, les groupes hôteliers, les transporteurs, et nous essayons de trouver la bonne voie. je pense que nos visiteurs sont prêts à revenir, notre destination a énormément d’atouts, elle sera je pense, encore plus attractive demain dans un monde post-covid-19 parce que nous n’avons pas été beaucoup infectés et les visiteurs dans le monde chercherons des endroits sains et sûrs comme la Polynésie avec tout ce que nous avons à offrir par ailleurs donc je garde bon espoir. Nous essayons de passer ce moment difficile, ce passage très très douloureux, le mieux possible, et nous préparer pour un meilleur avenir. »

Et pour Moorea, peut-être une réouverture ?
« Toutes les options sont réservées et ce n’est pas impossible. »

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