Le 9 février dernier, le haut-commissaire Dominique Sorain, le contre-amiral Jean-Mathieu Rey, commandant des Forces Armées en Polynésie française (FAPF), le chef de la subdivision administrative des îles Tuamotu-Gambier, Frédéric Sautron, le capitaine de corvette Fabrice Laffon, chef de division du Centre d’Expérimentations du Pacifique, Terii Seamon, tavana hau de la circonscription des Tuamotu-Gambier représentant le Pays, Tevahineheipua Brander, tavana de Tureia et son conseil municipal se sont rendus à Moruroa.
Objectifs de cette visite : présenter aux élus de la commune de Tureia le système de télésurveillance TELSITE permettant de surveiller en permanence la stabilité de la couronne corallienne de Moruroa, et répondre aux questions des élus concernant l’évolution de cette zone située au Nord-Est de Moruroa.
Ce dispositif permet d’anticiper plusieurs semaines à l’avance les éventuels risques de vague de submersion due au glissement d’un volume important du massif calcaire et ainsi d’assurer la sécurité des personnes présentes sur cet atoll ainsi que des habitants de Tureia.
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Visite des installations
La délégation s’est rendue dans la zone de vie avant de faire une halte pour observer une des failles naturelle du récif dont l’évolution a été accélérée pendant la période des expérimentations souterraines.
La visite s’est poursuivie avec la présentation de l’instrumentation utilisée pour la surveillance géomécanique continue : les Forages Inclinés Latéraux (FIL) et les structures abritant les sismomètres.
La délégation s’est ensuite rendue au niveau du blockhaus PEA (Poste d’Enregistrement Avancé)
Le système de télésurveillance TELSITE
Après l’arrêt des essais nucléaires français en 1996, la surveillance géomécanique des atolls de Moruroa et Fangataufa s’est poursuivie selon les recommandations des experts de l’International Geomecanical Commission. Elle repose sur le système automatique de télésurveillance TELSITE, mis en œuvre par le Commissariat à l’Énergie Atomique (CEA) grâce au soutien logistique des Forces Armées en Polynésie française.
Depuis 2018, TELSITE s’appuie sur l’acquisition et la réception entièrement automatisées de mesures sur site, transmises par liaison satellite en continu, en métropole au CEA.
Ce système comprend un réseau de divers capteurs sismiques situés en profondeur et en surface, de stations GPS et d’appareils de mesure du mouvement des différentes couches géologiques permettant de mesurer avec exactitude les plus infimes mouvements de terrain.
« TELSITE permet d’apprécier l’évolution des phénomènes de glissement et de veiller à la sécurité des personnes » a indiqué Dominique Sorain.
« Il est important pour nous, élus, de se rendre sur place afin de visualiser ce système de surveillance et de comprendre son fonctionnement dans le cas où un risque venait à se présenter. Nous constatons que ce sujet est suivi de très près. C’est un système très avancé et efficace » a ajouté Tevahineheipua Brander, tavana de Tureia.
TELSITE permet d’anticiper les conséquences d’éventuels mouvements géomécaniques :
- En cas de glissement d’un volume important de calcaires du massif (loupe) en zone Nord, TELSITE repère les signes avant-coureurs plusieurs semaines à l’avance grâce à ses différents capteurs. Un tel phénomène génèrerait sur l’atoll de Moruroa une vague pouvant atteindre une hauteur de 20 mètres au droit de l’évènement dans un rayon de 500 mètres ce qui provoquerait une montée des eaux de 2 à 5 mètres en zone vie de Moruroa. Un train de vague de 50 cm atteindrait Tureia en moins de 15 minutes et durerait environ 1 heure. Le sud de l’atoll serait concerné, dans le scénario maximaliste, par une hauteur de vague de 3 mètres. Le nord de l’île, où se situe le village principal, serait concerné par une vague d’une hauteur d’eau de 50 cm à 1 mètre.
- Les relevés effectués par TELSITE depuis 1996 : l’ensemble des mesures enregistrées est traduit en niveaux de risques sur une échelle de 0 à 3. Depuis 1996, aucun mouvement significatif de l’atoll n’a été enregistré et cet indicateur est classé, en permanence, au niveau zéro.
Avancée des dossiers liés aux conséquences des essais nucléaires
Commission d’ouverture des archives des essais nucléaires en Polynésie
Un important travail est mené sur la déclassification des archives en lien avec les essais nucléaires en Polynésie française comme annoncé par le Président de la République. Les autorités du Pays ont participé à une 2ème réunion à Paris le 3 février 2022.
Cela a permis de constater le travail réalisé et la mobilisation de l’ensemble des administrations et services d’archives de l’État afin de traiter depuis quatre mois plusieurs centaines de mètres linéaires de cartons d’archives.
À ce jour, 34 600 documents, 433 photos et 43 films ont pu être déclassifiés, soit 90% des documents expertisés.
Ces documents déclassifiés sont consultables en toute transparence sur ICI.
Accompagnement au développement des communes
En 2021, une convention relative à la construction de bâtiments aux normes paracycloniques pouvant servir d’abris de survie en cas de survenance d’évènements météorologiques majeurs aux Tuamotu a été conclue entre l’État et le Pays.
À Tureia, un projet d’extension de l’abri de survie existant est prévu dans ce cadre afin d’assurer la protection de la population.
Centre de mémoire
En 2022, l’État continuera à participer, aux côtés du Pays, à la mise en place de ce projet.
Une mission d’appui scientifique et culturel du Ministère de la Culture auprès des services du Pays est actuellement en cours de définition.
À ce titre, deux conservateurs du patrimoine effectueront une mission en Polynésie française du 1er au 16 mars 2022.
Mission d’accompagnement aux dossiers d’indemnisation loi Morin
Une première mission de l’équipe du haut-commissariat pour l’accompagnement des Polynésiens à la constitution des dossiers de demande d’indemnisation s’est tenue fin janvier aux Gambier. Ils ont rencontré, en se déplaçant dans les différents districts, les élus et la population afin de les informer sur le dispositif, les aider à constituer leur dossier et en assurer le suivi. Ces agents ont tenu des permanences quotidiennes à la mairie et se sont rendus au domicile des personnes ne pouvant se déplacer.
Ils ont pu renseigner 41 personnes et accompagner 10 personnes pour le dépôt d’un dossier complet de demande d’indemnisation.
Une nouvelle mission est déjà prévue fin février pour le bon suivi de ces demandes et l’organisation de nouvelles permanences au profit de la population de l’ensemble de l’archipel.
D’autres missions seront organisées en mars dans plusieurs communes des Tuamotu de l’Est afin d’apporter l’appui de l’État à la constitution des dossiers d’indemnisation et à l’information des populations.
Dépollution des terres à Hao
L’appel d’offre relatif à la réalisation d’un diagnostic de pollution des terres est en cours. La remise des offres était fixée au 9 février 2022 et les résultats de ces études complémentaires sont attendus pour juillet prochain. En lien avec le Pays, le plan de gestion des pollutions industrielles sera défini par la suite.
RSMA Hao
Le projet d’implantation d’une compagnie du RSMA à Hao, avec l’objectif ambitieux d’installer un premier noyau de l’unité d’ici août prochain, se déroule selon le calendrier prévu en lien avec la commune. Ce projet constitue l’un de différents engagements de l’État pour aider la commune de Hao.
Le lieu où sera installée la future compagnie à titre provisoire puis définitif a été identifié. Le recrutement des cadres et des stagiaires a débuté et un travail avec les partenaires locaux est engagé.
Ce projet concret permettra de redynamiser l’économie de l’atoll via des projets durables.