Sur l’échiquier Indo-Pacifique, la France avance également ses pions sur le terrain de la recherche. Le Cirad, l’IRD, l’Ifremer, l’Institut Pasteur en Nouvelle-Calédonie… dans un environnement de plus en plus concurrentiel, elle s’appuie déjà sur un réseau étendu d’instituts et de centres de recherche. Un réseau où le CNRS vient aujourd’hui s’ancrer aux côtés de l’université de la Polynésie.
« Il y a aussi pour la France, dans le cadre de sa géostratégie, la nécessité d’avoir des relations qui ne soient pas uniquement de coopération sécuritaire, mais aussi de coopération académique, d’échange d’étudiants, d’échange d’enseignants, d’échange de chercheurs. Et par exemple, sur la biodiversité, il y a beaucoup d’intervenants étrangers qui viennent en Polynésie, sur le fenua, et donc ça fait partie des enjeux d’échanges essentiels. Il vient d’y avoir, au Forum du Pacifique, un débat assez compliqué sur l’exploitation des fonds marins entre ceux qui en sont déjà revenus, ceux qui ont décidé d’y aller, ceux qui expliquent que ça serait une mauvaise idée de commencer parce que ça remet à nouveau en cause l’équilibre environnemental... Tout ça peut permettre des échanges, et ces échanges-là passent par la science » explique Alain Bauer, professeur au CNAM.
Les portes de la science s’ouvrent un peu plus encore avec la convention cadre signée entre l’UPF et le CNRS. Désormais, les enseignants chercheurs de Polynésie française pourront accueillir leurs homologues de l’Hexagone et travailler ensemble sur des projets chers au fenua. « Le CNRS a des chercheurs très pointus, avec des laboratoires très pointus, et du matériel très pointu, qu’on n’a pas forcément à disposition ici. Mais nous, on a l’expertise du terrain et c’est primordial aujourd’hui » affirme Patrick Capolsini, président de l’UPF.
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« La France a une vision mondiale de sa présence. Elle l’a avec ses lycées, elle l’a avec ses centres culturels et elle l’a avec ses universités. C’est une chance formidable et évidemment, elle ne peut pas être limitée à son propre espace. Elle a intérêt pour la Polynésie française, comme pour la France en tant qu’entité, à établir des situations de coopération avec, par exemple, l’ensemble du Forum du Pacifique, les autres établissements, les Américains avec Hawaii, les Australiens et les Néo-Zélandais sont très fortement impliqués dans le développement de la recherche et du financement de la recherche, mais aussi des puissances comme la Chine qui investissent massivement dans les relations et les coopérations académiques et universitaires. Et donc c’est un enjeu tout à fait majeur, et c’est très significatif, non seulement que ces conventions soient signées, mais surtout qu’elles soient appliquées » ajoute Alain Bauer.
Premier organisme de recherche public français, le CNRS dispose d’un vaste réseau dans le monde, avec pas moins de 80 laboratoires de recherche internationaux et de 10 bureaux, dont un à Melbourne en Australie. « La distance avec la métropole, elle est ce qu’elle est, mais le territoire ici est proche d’autres pays scientifiques. Et nous, on serait ravis de pouvoir contribuer à développer des relations entre ce qui se fait ici et l’Australie ou la Nouvelle-Zélande, où il y a des laboratoires de qualité » indique Antoine Petit, président-directeur général du CNRS.
Dans ce nouveau centre du monde, la France comme la Polynésie ont donc tout intérêt à jouer la carte science. Un atout de poids pour rayonner dans une zone de plus en plus stratégique.