Dimanche dernier, Hiti Mennesson, coach auprès des jeunes et surveillant pénitentiaire a lancé un groupe « Luttons contre l’ice » sur les réseaux sociaux. Lors d’un entretien accordé à Tahiti Nui Télévision, il nous explique quelle est la vocation de cette page : agir contre le fléau que représente l’ice pour la société Polynésienne.
Quel était ton objectif, lorsque tu as ouvert ce groupe de discussion?
« Ça a démarré par une réunion d’information par rapport à l’ice. Je voulais réunir des personnes qui pourraient témoigner du fléau que ça représente. Il me semble que l’avenir de nos jeunes est en danger. On trouve de l’ice partout. J’encadre des jeunes à travers les boot camp, et ils me parlent beaucoup d’ice qui trainent autour des lycées, dans les soirées, et dans leurs quartiers aussi. Partout partout partout. On doit se mobiliser ».
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« Ce sont nos jeunes qui sont la proie des dealers d’ice »
Quel a été le déclic?
« À la base, je suis gardien de prison, et j’ai vu le phénomène de l’ice prendre de l’ampleur à travers les différentes affaires que l’on voit. L’avenir de notre pays, c’est notre jeunesse, et ce sont nos jeunes qui sont la proie des dealers d’ice. On doit les protéger ».
« Lors d’un coaching, l’un de mes jeunes de 14 ans m’a raconté qu’un ami à lui se faisait harceler pour vendre de l’ice aux abords d’un collège. Ça ne peut pas durer, il faut qu’on entre en guerre contre ce fléau !«
« Fumer de l’ice, ça te rend important », pensent trop de jeunes…
Comment l’ice est devenu si facilement accessible pour les plus jeunes?
« Bien souvent, j’ai l’impression que c’est un mal-être qui pousse les jeunes vers l’ice. Ils peuvent se sentir parfois soit rejetés par une communauté, ou mal aimés. Alors ils sont en recherche d’amour et d’importance vis à vis de leurs proches. Ils vont parfois retrouver du soutien auprès des stupéfiants, parce-que fumer du paka, c’est plus trop à la mode, mais fumer de l’ice, ça te rend important, pensent trop de jeunes. Hélas, ils ne se disent pas que tester une fois, c’est adopter le produit, et qu’ils peuvent avoir du mal à s’en défaire ».
De quelles solutions disposons-nous pour les aider?
« Il faut entourer les consommateurs. J’ai des amis qui sont tombés dedans, qui s’en sont sortis, et qui sont d’accord pour témoigner, pour faire de la prévention. C’est mon 1er combat : la prévention. Ensuite, il faut de l’écoute, de l’amour, il faut aussi diriger les consommateurs vers les bonnes structures. Finalement, les personnes qui se retrouvent piégées, ce n’est pas forcément à cause de l’addiction, mais parce-que tout le monde leur a tourné le dos, et autour d’eux, ils n’ont plus que des consommateurs, comme eux… C’est un cercle vicieux ».
L’ice et ses ravages demeurent-ils un sujet tabou, pour les familles concernées?
« Faut pas en parler parce-que ça fait pas bien, on le cache un peu… ça ne permet pas de régler le problème, et ce sont les jeunes qui vont en faire les frais. On veut faire quelque chose qu’on n’a jamais fait, pour arriver à un résultat que l’on n’a jamais pu avoir. Rassembler, donner de l’amour, mettre le jugement de côté. Mon but, c’est d’éradiquer l’ice en aidant les consommateurs. Plus on essaie de limiter le nombre de demandes, moins l’offre sera importante. Les autorités luttent contre les dealers, ils ne sont pas notre cible. On se dirige vers ceux que l’on peut toucher. On s’est demandés ce qu’on pouvait faire pour notre pays, et pas ce que notre pays pouvait faire pour nous… ça commence par un passage à l’action des actions dans les écoles, le groupe est aussi un bon outil pour fédérer ».
Comment agir à son niveau?
« Rejoignez nous sur la page. Nous sommes près de 3500 et sommes en train de lancer une association. Nous avons besoin d’idées, de bonnes volontés, de forces d’action. On peut tous se mobiliser pour lutter contre ce fléau. Seul, on va vite, mais ensemble, on peut aller beaucoup plus loin… »