Christophe Plée : « il faut prendre des mesures de masse »

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Le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) était l'invité de notre journal mardi :

Publié le 12/08/2020 à 11:01 - Mise à jour le 12/08/2020 à 11:16

Le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) était l'invité de notre journal mardi :

Est-ce que les autorités ont réellement laissé les patrons, les exploitants, se débrouiller avec la covid ?
« Il y avait des recommandations fortes qui avaient été faites. D’ailleurs, ce ne sont que des recommandations, tout en respectant les gestes barrières. Il faut reconnaître que certains n’ont pas respecter mais il ne faut pas faire une majorité de ces cas particuliers. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que les Polynésiens ont quand même pratiqué et on fait en sorte que la Polynésie soit covid free. Je rappelle quand même que pendant 3 mois, on a eu 60 cas de covid, et qu’en 4 jours, on en a pris plus de 70. Moi, là, je mets un bémol aux interventions du haut-commissaire et du président. D’abord, la première chose qu’il faut dire c’est qu’on est passé à travers les mailles du filet. Des cas sont passés à travers les mailles du filet. C’était le risque que j’évoquais sur ce même plateau il y a quelques jours. Et j’avais dit attention, il faudra pas que ça fuite trop. En fait, il y a eu ces cas qui sont arrivés, et force est de constater qu’aujourd’hui, les mesures de filtrage pour les gens qui viennent de métropole et des Etats-Unis notamment, ne sont pas assez efficaces. »

Pourquoi est-ce qu’il y a eu ces ratés selon vous ?
« Il y a eu des ratés parce qu’on a essayé de mettre en place quelque chose pour aller sauver le tourisme. C’est ça la réalité : on veut sauver le tourisme mais en même temps il faut protéger le reste de la population. Moi je dis, les Polynésiens ont quand même joué le jeu : on était covid free. Ils n’y avait plus de cas. Les Polynésiens ont pris l’habitude de ne plus porter le masque. Et là quand on leur a dit attention on va rouvrir pour aller sauver le tourisme, ils n’ont pas bien compris que le risque était important. Et là on l’a vu le risque : il y a des gens qui sont passés entre les mailles du file, qui en plus n’ont pas respecté le fait qu’ils restent chez eux tranquillement. Ils sont allé faire des fêtes des barbecues etc. C’est inadmissible. C’est d’abord ça qui est inadmissible, parce qu’on joue avec la protection qu’on mis en place les Polynésiens et qu’ils ont respecté puisque le gouvernement et le haut-commissaire, et je l’avais dit sur ce même plateau, je les avais félicités pour cette première phase. Par contre, stigmatiser l’ensemble des Polynésiens alors même qu’ils ont respecté : ce n’est pas de leur faute si des gens sont arrivés avec le covid en Polynésie française. Ce n’est pas de leur faute. »

Alors aujourd’hui, on l’a entendu, le syndicat et le patronat proposent trois points au Pays : le report de la rentrée, le port obligatoire du masque et d’autres propositions encore. Est-ce que vous pensez être entendus ?
« Je pense qu’il faut qu’on nous entende parce que nous avions déjà demandé à tous les salariés de porter le masque. Aujourd’hui nous allons plus loin que ça : nous disons à toute la population : il faut porter le masque dès que vous sortez de chez vous, vous allez dans la rue, il y a des gens qui n’ont pas de masque dans la rue. Il faut porter le masque, et nous demandons à ce que le port de masque, pour 15 jours, soit obligatoire partout. Pourquoi ? Parce qu’aujourd’hui, on ne sait pas qui est contaminé par ce covid. On ne sait pas parce qu’aujourd’hui on nous annonce 70 cas mais demain ce sera peut-être 40. Ces gens-là pendant les 8 ou 10 jours, qui ils ont été voir, on ne sait pas. Donc on ne sait pas qui l’a et qui ne l’a pas.

Lire aussi : Les syndicats réclament le report de la rentrée des classes

Donc il faut prendre des mesures de masse et c’est pour ça que nous demandons une quatorzaine dédiée pour tous les touristes qui arrivent et les gens qui viennent de métropole dans des endroits, comme le font la plupart des pays du Pacifique. Nous sommes les seuls à avoir pratiqué l’ouverture pour sauver notre tourisme. mais attention, le tourisme c’est 15% de notre activité. Il ne faudrait pas mettre en péril les 85 autres % de l’activité en Polynésie, parce que là on n’aurait plus du tout d’économie. Et là, la Polynésie serait au point mort. »

Vous demandez aussi un report de la rentrée scolaire. Comment est-ce que vous l’imaginez ?
« C’est logique. On demande un report de la rentrée scolaire parce qu’on ne sait pas. Il y a des cas de covid qui circulent. Le covid circule avec beaucoup de cas qui sont arrivés en masse d’un coup. Et donc, la sécurité c’est de dire : on reporte de 15 jours. Il y a des jeunes qui ont des masques, d’autres qui n’en ont pas. Les jeunes peuvent se le transmettre. Vous pouvez porter votre masque toute la journée, aller au travail, si votre enfant a été contaminé, qu’il le donne à un autre enfant, qu’il rentre chez vous le soir, il vous contamine. Donc la sécurité c’est de dire : on arrête, on stoppe pour 15 jours, vous restez chez vous les enfants, et on essaie de voir ce qu’il va se passer pendant les 15 prochains jours. Moi je n’ai pas de boule de cristal, je ne sais pas demain, combien de cas on va nous annoncer. »

Et demain (mercredi, NDLR) vous êtes reçus avec le Pays et l’Etat ?
« Oui parce qu’il faut bien comprendre que le risque est grand de mettre en péril toute l’économie pour avoir voulu sauver 15%. Moi j’étais le premier à dire « il faut sauver les gens du tourisme, il faut aller les aider ». Si on doit mettre une quatorzaine qui va freiner l’entrée des touristes, eh bien il faut le faire parce qu’on n’a pas le choix. Là, c’est le nombre de cas qui viennent d’arriver d’un coup qui est important. Et donc on doit prendre des mesures. S’il faut prendre des mesures pour aider le tourisme, pour aider les compagnies aériennes, mettons nous autour de la table et faisons le. Je n’ai aucun scrupule à discuter de tout ça. Mais ce qu’il faut, c’est faire très attention à une flambée, et j’avais dit, j’avais prévenu : les Polynésiens n’accepteront pas que pour des raisons économiques, on mette en péril le risque sanitaire des Polynésiens.(..) Nous on ne fait que répéter ce que tous nos adhérents, toutes les entreprises et leurs salariés nous font parvenir. N’oubliez pas que tous les gens ont fait d’énormes efforts pour qu’on puisse être covid free. Aujourd’hui, malheureusement, la mauvaise nouvelle que j’ai à vous annoncer, c’est que la Polynésie n’est plus covid free et l’information est dans le monde entier. »

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