Nahema Temarii : « Mon objectif personnel (…) c’est d’inspirer la jeunesse »

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À l'occasion des un an du gouvernement de Moetai Brotherson et à l'approche de l'épreuve de surf des jeux olympiques, la ministre des Sports Nahema Temarii était l'invitée de nos journaux.

Publié le 23/05/2024 à 10:14 - Mise à jour le 23/05/2024 à 14:32

À l'occasion des un an du gouvernement de Moetai Brotherson et à l'approche de l'épreuve de surf des jeux olympiques, la ministre des Sports Nahema Temarii était l'invitée de nos journaux.

Tahiti Nui Télévision : L’un des chantiers qui a marqué votre première année de mandat, c’est bien sûr les Jeux Olympiques, en particulier le chantier de la tour. On a senti des hésitations au cours de cette année autour des jeux olympiques. Est-ce qu’aujourd’hui, toutes ces hésitations sont levées ? 
Nahema Temarii, ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Prévention de la délinquance : « Aujourd’hui, toutes ces hésitations sont levées. Tous les partenaires sont revenus à la table des discussions. J’ai le sentiment qu’on va pouvoir délivrer des Jeux Olympiques tels que notre pays s’y est engagé si je ne me trompe pas, en 2019. Et aussi surtout, tous se rassembler et ne faire qu’un derrière nos athlètes, parce que potentiellement, on a deux jeunes Polynésiens d’une vingtaine d’années qui pourraient devenir des médaillés olympiques chez eux, à la maison. »  

TNTV : Ces Jeux sont quand même très encadrés, on le sait. Ça peut générer aussi des frustrations pour des personnes qui pourraient ne pas pouvoir aller jusqu’à la vague. Comment est-ce qu’on peut vivre ces Jeux sans être directement sur la vague ? 
Nahema Temarii : « Effectivement, de tels événements sont chartés. Ça fait partie des règles de l’événementiel international et donc il va falloir composer avec les engagements qu’on a pris. (…) On a réussi quand même à donner un petit peu d’accessibilité à la vague. Il y aura donc une fan zone sur le Pk0. Nous avons également réussi à obtenir de Paris 2024 que cette fan zone ou le bord de mer soit accessible au résident du bout de la route. C’est important parce qu’on a nos habitudes et qu’il faut composer avec nos spécificités. Ça, c’est vraiment un message qu’on martèle systématiquement si ce n’est pas quasi quotidiennement. Et puis il va y avoir des fan zone qui vont être déployées Atimaono, à Papeete, sur To’ata, avec des écrans géants. Ce sera la fête du sport de manière générale, mais également de la culture. Ça va être l’occasion en période de vacances scolaires pour l’ensemble des familles, des associations, toutes les personnes qui voudront s’y rendre de pouvoir passer un très bon moment en famille, entre amis, le tout gratuitement. » 

TNTV : Sur votre bilan, votre première année au gouvernement a été évidemment une découverte pour de nombreux ministres. Vous avez choisi un mode de communication un petit peu différent avec beaucoup d’affichage sur les réseaux sociaux. Vous vous dévoilez parfois aussi. Est-ce que ce mode de communication est dû à un changement générationnel ? Est-ce que c’est choisi ou est-ce que c’est naturel finalement chez des ministres plus jeunes ?  
Nahema Temarii : « Alors c’est naturel, j’ai envie de dire parce que c’est dans nos us et coutumes à nous, cette génération montante. Mais c’est aussi le moyen pour nous de s’adresser directement au public, à la population. Par exemple, aujourd’hui, on est tenu par quatre minutes et donc je ne vais pas pouvoir aborder tous les sujets que j’aimerais aborder. Et c’est systématique. Donc oui, pour travailler avec les médias, et vous faites un travail exceptionnel, notamment quand le pays en a grandement besoin. Et là, je parle pas du gouvernement, mais bien de la Polynésie française. Mais c’est important aussi de prendre position et de pouvoir expliquer ce qui est fait. Ça, c’est ma façon de voir les choses. Je respecte ceux qui ne sont pas d’accord avec. Mais mon objectif personnel, si je puis dire, au-delà de réussir la mission qui m’a été donnée, c’est d’inspirer la jeunesse. La jeunesse est très écartée du monde politique. Je pense qu’on peut vraiment compter sur les doigts d’une main les jeunes qui ont envie de venir prendre ces fonctions dans le contexte d’aujourd’hui. Mais c’est aussi ça, c’est de leur montrer qu’on peut faire différemment, que potentiellement, on peut avoir des mentors qui croient en nous, qui nous soutiennent, qui ne nous demandent pas d’être des bons soldats et des pions sur un échiquier, qui nous permettent d’exister comme on est. Et je pense que c’est le meilleur argument pour permettre à cette jeunesse de monter en puissance parce que demain, on leur laissera notre pays entre les mains. »

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TNTV : Cette jeunesse elle est confrontée à un fléau que vous connaissez, c’est l’ice. Qu’est-ce que vous pouvez faire pour aider cette jeunesse et en particulier les parents qui s’inquiètent pour leurs enfants face à ce fléau qui démolit vraiment la jeunesse et ces jeunes qui souffrent de ces addictions. Est-ce que le gouvernement a des outils pour eux ? 
Nahema Temarii : « Le gouvernement a des outils pour eux, mais avant de déployer les outils, il faut avoir le constat. On le voit au quotidien, mais je ne peux pas me permettre moi en tant que ministre de n’entendre que ce que moi, je ressens, ce que je vois, et malheureusement dans la sphère privée. Ce qui est important, c’est d’avoir une bonne photographie et c’est donc tout l’enjeu de ce diagnostic. Je sais, j’ai vu sur les réseaux sociaux que les gens ont ricanné. Mais ce n’est pas grave, c’est important que les gens comprennent : l’État a ses statistiques, la justice a ses statistiques, les associations ont leur vécu au quotidien parce qu’ils font un travail exceptionnel. Mais à un moment donné, rien n’est corrélé. On n’a aucune consolidation encore une fois des données. De toute façon, je pense qu’on n’est pas très bon dans la consolidation des données. Sauf que ces données, c’est un merveilleux outil de pilotage qui est aujourd’hui nécessaire pour permettre au gouvernement de prendre les bonnes décisions. Alors, j’entends, on n’est plus bon sur la prévention et je suis d’accord avec ça.  Mais il ne s’agit pas que de prévenir puisqu’on a prévenu de très nombreuses années. Résultat des courses : ça fait 20 ans que la ice détruit nos familles et l’objectif pour nous, ce n’est pas de dire qui a fait et qui n’a pas fait. Il faut qu’on sorte de là. Le constat, il est le même pour tout le monde. Nos enfants, nos familles sont en danger. Donc dire que le jeune et consommateur de ice, je ne suis pas d’accord parce que ça touche vraiment toutes les strates de la société surtout tous les âges malheureusement. Ce qui compte aujourd’hui c’est de savoir où est-ce qu’on va mettre l’argent parce qu’on parle de répression essentiellement et ça c’est le rôle de l’État. Mais derrière, nous, il faut qu’on fasse de la prévention et aussi un volet que personne n’a cherché à investiguer jusqu’à ce jour, c’est la réinsertion parce que si on prévient, mais que ça ne fonctionne pas qu’on met en prison, mais que ça ne fonctionne toujours pas et bien quelque part, il faut bien réinsérer ces enfants qui sont perdus. » 

TNTV : Je parlais des jeunes qui souffrent d’addictions, pas forcément les jeunes dealers. Est-ce que pour eux, il y aura prochainement un centre pour les suivre ? 
Nahema Temarii :
« C’est effectivement discussion avec le ministère de la Santé. On a le pôle de santé mentale qui ouvre, alors on n’a pas tant de lits que ça, il y a 15 lits, mais ça va permettre notamment à des associations de pouvoir monter en puissance, d’être aidées, notamment sur l’accueil téléphonique. Donc vraiment, j’invite l’ensemble des personnes concernées par cette situation à répondre au sondage public que nous avons lancé il y a 10 jours avec donc l’équipe qui en charge de ce diagnostic parce qu’aujourd’hui après 10 jours de communication et quand bien même les gens ricanent, on a quand même 200 réponses anonymes du côté des victimes, des témoins et une vingtaine de réponses du côté des consommateurs donc merci à tous de faire le pas ce n’est jamais simple en général, c’est un sujet tabu mais je crois que sur ce sujet il faut lever le tabu et on y va ensemble. »

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