Nahema Temarii : A Teahupoo, « l’option qui est choisie est la meilleure solution »

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Nahema Temarii, était l’invitée du journal de TNTV, ce mardi soir, alors que la polémique entourant la future tour des juges à Teahupoo demeure vive. La ministre des Sports estime que la structure en aluminium, allégée par rapport au projet initial, est aujourd’hui « la meilleure solution » bien qu’elle doive encore être « homologuée ». « La vie s’est tendue à Teahupoo et ce n’est pas comme cela que l’on en sort grandi », a, en outre, regretté la ministre. Interview.

Publié le 29/11/2023 à 9:44 - Mise à jour le 29/11/2023 à 10:01

Nahema Temarii, était l’invitée du journal de TNTV, ce mardi soir, alors que la polémique entourant la future tour des juges à Teahupoo demeure vive. La ministre des Sports estime que la structure en aluminium, allégée par rapport au projet initial, est aujourd’hui « la meilleure solution » bien qu’elle doive encore être « homologuée ». « La vie s’est tendue à Teahupoo et ce n’est pas comme cela que l’on en sort grandi », a, en outre, regretté la ministre. Interview.

TNTV : Depuis plusieurs semaines, on assiste à un bras de fer entre Paris 2024 et les associations sur la question de la future tour des juges à Teahupoo. La polémique prend aussi de l’ampleur sur les réseaux sociaux. Quelle est votre position ? Comprenez-vous les associations ?

Nahema Temarii : « On comprend parce qu’on est tous du même côté. C’est un discours que le président tient, notamment face aux associations, dont Vai ara o Teahupoo. On est tous là pour notre pays. Dans un second temps, toutes les réunions techniques, les fameuses 6 options qu’on a pu imaginer, qui, finalement, ont été déboutées les unes après les autres pour des raisons techniques, montrent qu’on a compris que cela posait un problème de ne pas avoir été associés dès le départ. Aujourd’hui, l’option qui est choisie par le gouvernement, et notre président Moetai Brotherson, est la meilleure solution qu’on ait trouvée. On a tout imaginé. On a même imaginé mettre la tour des juges sur la plage. On a été voir ce qui se fait à la Fidji Pro. On a dialogué avec l’association leader chez les réfractaires. Mais on a aussi discuté avec la WSL -la World Surf League, Ndlr-. Il ne s’agit pas uniquement des Jeux Olympiques, mais aussi de la pérennité de la compétition annuelle qui se tient à Teahupoo ».

TNTV : Il n’est plus question aujourd’hui de faire marche arrière…

Nahema Temarii : « Je pense que le président a été clair. L’association Vai ara o Teahupoo a eu la transparence de nous dire qu’elle allait camper sur ses positions. On le comprend. On entend. Maintenant, il est de notre ressort de suivre les travaux. D’ailleurs, une invitation a été lancée aux associations. Chacune défend ses convictions. Mais il est question de les associer aux différentes étapes de la construction de la tour des juges, notamment sur le lagon, pour faire preuve de transparence et de dialogue. Mais on y va ».

TNTV : Moetai Brotherson et vous-même avaient annoncé que les JO ne pourraient se faire contre la volonté de la population. La situation est compliquée. Comment comptez-vous procéder ?

Nahema Temarii : « On va continuer sur notre ligne de conduite. On va garder le dialogue et la transparence, et on va avancer. Aujourd’hui, malheureusement, les répercussions sont humaines, sociales. La vie s’est tendue à Teahupoo, et ce n’est pas comme cela que l’on en sort grandis. Donc, on va organiser ces jeux. On va continuer à écouter, à être disponibles. La disponibilité du président auprès de l’association qui a peur de ce qui peut se passer a été exceptionnelle. Mais on y va. La position a été donnée par le président, donc on le fera ».

TNTV : Le président du Comité olympique et la ministre des Sports du gouvernement central sont attendus sur le territoire. Leur venue est-elle essentielle dans ce contexte ?

Nahema Temarii : « Pour avoir rencontré Amélie Oudéa-Castéra et Tony Estanguet, je pense que leur souhait, c’est avant tout de venir rassurer, de venir comprendre, et de venir dialoguer. Je ne saurais pas vous dire s’ils seront là d’ici à la fin de l’année (…) mais ce qui est important, c’est, qu’aujourd’hui, l’ensemble des parties prenantes ont contribué au projet. On est arrivé avec un dossier quasiment ficelé. Les curseurs ont été bougés. Aujourd’hui, la tour allégée en aluminium est quasi à l’identique de celle de la WSL. On a fait les efforts nécessaires, et il va falloir absolument homologuer ses fondations qui ne le sont plus depuis 2008. Le dossier souche complet a été transmis à l’association Vai ara o Teahupoo depuis vendredi dernier, soit deux jours avant la publication de la vidéo -de Matahi Drollet, Ndlr- ».

TNTV : Dans un autre domaine, vous venez d’effectuer une mission à Paris où vous vous êtes notamment rendue dans le quartier jeunesse. Y a-t-il des choses qui vous ont inspirée ?

Nahema Temarii : « Quand j’ai pris mes fonctions, l’Union Polynésienne pour la Jeunesse a été particulièrement positionnée sur le fait de défendre la jeunesse qui est systématiquement noyée dans l’actualité. J’ai entendu. Il nous manque une chose au fenua, c’est un endroit où nos jeunes peuvent se rassembler ailleurs qu’en bord de route, même si je conçois que cela fait partie de notre vie au fenua. J’ai visité ce quartier jeunesse qui a été mis en place par la Ville de Paris, mais aussi avec la contribution du gouvernement et de tous les secteurs : la santé, la culture, l’emploi. Ce qui crée un univers dans lequel le jeune est libre de venir comme il veut, sans vérification d’identité. L’objectif de cet espace est de l’accompagner dans son émancipation et ses projets ».

TNTV : L’idée serait de créer une sorte Centre d’information et de documentation jeunesse localement ?

Nahema Temarii : « Ce serait l’idée, mais il n’est pas question que je décide toute seule. On va tenir les Assises de la jeunesse, samedi. L’objectif est de co-construire un schéma directeur pour les 10 prochaines années (…) L’idée de la coconstruction, c’est de s’inscrire dans la pérennité. C’est important ».

TNTV : Comment comptez-vous élaborer ce schéma directeur ?

Nahema Temarii : « Il y a toute une méthodologie mise en place (…) C’est un espace où l’on va mettre ensemble tous les avis et tous les parcours de vie. Avec nous il y aura des jeunes issus des 5 archipels. J’avais besoin d’avoir cette représentativité de nos iles. On va aussi avoir des porteurs de projets, des jeunes entrepreneurs, des jeunes agriculteurs, mais aussi des jeunes en situation difficile. Je tiens à remercier Père Christophe qui a accepté de travailler avec nous sur ce projet. Nous aurons également des jeunes sans domicile fixe. Avec eux, nous aurons des cadres qui œuvrent au quotidien dans les associations de jeunesse et d’éducation populaire. L’idée, c’est de venir poser les fondations de ce fameux schéma directeur qui serait disponible d’ici la fin de l’année 2024 (…) Je suis aussi convaincue que si on passe notre temps, à chaque gouvernement, à venir mettre à néant ce qui a pu être fait en amont, on tourne en rond. Au niveau de la jeunesse, cela fait 20 ans qu’il n’y a pas de schéma directeur, pas de stratégie. Donc, l’objectif, c’est de récupérer ce qui a été fait en amont (…) et de venir impulser de la nouveauté (…) Je passe un message à nos politiciens (…) : inscrivions-nous dans la vraie continuité et dans la pérennité des actions, car nos jeunes sont notre avenir. Aujourd’hui, c’est pour eux que l’on fait tout ça ».

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