Un trio de députés 100% Tavini Huiraatira : pour ce second tour des législatives, Moetai Brotherson, Steve Chailloux et Tematai Le Gayic l’ont emporté. Ce dernier, âgé de seulement 21 ans, a ainsi battu Nicole Bouteau (49,1%), dans la première circonscription, avec 50,9% des voix. « J’ai vu la jeunesse de notre pays se déplacer ce matin et beaucoup de jeunes m’ont dit : ‘fais gaffe, parce que tu ne seras pas le seul demain à être en politique’, et je leur ai dit : ‘chiche, on prend le pari et on se lève pour faire de la politique ensemble. (…) Quel que soit le parti politique, quel que soit le mouvement, il faut se lever parce qu’on le fait ensemble. Pas que les jeunes, pas que les vieux, mais ensembles » a-t-il confié à l’issue des résultats.
Tematai Le Gayic est issue d’une famille très investie dans la politique à Papara. Le petit-fils de Tuianu Le Gayic a ses deux parents élus au conseil municipal de la commune.
Les réactions de Béatrice et Clément Le Gayic, les parents de Tematai :
Né le 11 octobre 2000 à Papeete, mais originaire de Papara par son père et des Australes par sa mère, le jeune homme avait confié, lorsqu’il était encore en pleine campagne, vouloir être le nouveau visage de l’échiquier politique local : « Il y a un manque de confiance de la part des jeunes. Beaucoup ne vont pas voter parce qu’ils ne voient plus l’importance de la politique. (…) Moi je suis jeune, et ce que je leur dis, c’est que ‘si vous ne vous intéressez pas à la politique, ne vous en faîtes pas, car la politique va s’intéresser à vous’. Donc il faut cet engagement”. Tematai a obtenu une double licence en sciences politiques et en histoire à l’université Paris 8 Vincennes-Saint Denis, avant d’intégrer un master de recherches en sciences politiques à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS), suspendu pour mener sa campagne au fenua.
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Lors de ses études, Tematai a présidé l’Association des Etudiants de Polynésie Française (AEPF) puis la Fédération des Associations des Etudiants de Polynésie Française (FAEPF). Il a ainsi lutté contre la précarité étudiante et défendu l’accès à la culture à travers des cours de tahitien et de danse polynésienne.
L’accession à la pleine souveraineté de la Polynésie française constitue le socle de son engagement politique. Il souhaite aussi protéger l’emploi local et la terre, ainsi que proposer une citoyenneté maohi. Il milite pour le transfert des compétences de l’enseignement supérieur et l’adaptation des études supérieures aux réalités polynésiennes, ainsi qu’à la protection de l’environnement. « Par l’intermédiaire de cette citoyenneté ma’ohi », l’indépendantiste veut faire « reconnaître notre peuple en tant que ma’ohi. Nous avons une histoire, des langues, des cultures, des coutumes. Aujourd’hui, on parle de rendre officiel les langues ma’ohi. Pourquoi ça ne marche pas ? Parce que dans la Constitution française, on ne reconnaît qu’un seul peuple, le peuple français, et on ne reconnaît qu’une seule langue, la langue française. Dès lors que le peuple ma’ohi sera reconnu en tant que peuple, on pourra rendre officiel les langues ma’ohi sur ce territoire ».
Excellent orateur en français comme en tahitien, il a plusieurs fois été primé lors de concours de déclamation et de danse tahitienne. Il a également dirigé un groupe de chant traditionnel.