Le budget 2024 du Pays adopté tard dans la nuit de jeudi

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Le premier budget du Pays présenté par le gouvernement Brotherson a été adopté par 38 voix pour et 19 abstentions, jeudi soir, peu avant minuit à Tarahoi. Un vote qui démontre que la majorité soutient « l’action » de l’exécutif, a souligné Moetai Brotherson. De son côté, l’opposition a estimé que le texte ne traduisait pas « les engagements électoraux » pris par le Tavini comme la lutte contre la cherté de la vie, voire qu’il sera « préjudiciable à l’économie ».

Publié le 15/12/2023 à 14:50 - Mise à jour le 15/12/2023 à 14:54

Le premier budget du Pays présenté par le gouvernement Brotherson a été adopté par 38 voix pour et 19 abstentions, jeudi soir, peu avant minuit à Tarahoi. Un vote qui démontre que la majorité soutient « l’action » de l’exécutif, a souligné Moetai Brotherson. De son côté, l’opposition a estimé que le texte ne traduisait pas « les engagements électoraux » pris par le Tavini comme la lutte contre la cherté de la vie, voire qu’il sera « préjudiciable à l’économie ».

Après deux jours de débats, le budget 2024 du pays a été adopté par les représentants de Tarahoi. Les 38 élus de la majorité ont voté pour, et les 19 de l’opposition se sont abstenus. Une minorité qui a regretté des discussions limitées au sein l’hémicycle.

 « On a beaucoup dit pendant cette session que l’Assemblée n’était pas là que pour répéter, n’est pas une chambre d’enregistrement. Malheureusement, c’est ce qu’ils demandent aux élus du Tavini Huiraatira (…) Cette majorité ne gouverne pas. Ils n’ont pas la liberté de penser et d’agir derrière. C’est un groupuscule qui dirige ce pays », a taclé le président du Tapura, Edouard Fritch.

Une critique balayée par Moetai Brotherson, pour qui les élus de la majorité avaient « déjà évacué les sujets lors de la dernière commission durant laquelle la minorité s’est soustraite ». « Tous les débats, toutes les questions, nous les avons eus entre nous lors de cette commission. On n’avait pas de raison d’être excités pendant ces deux jours. On a écouté la minorité poser ses questions et on y a répondu », a-t-il ajouté.

Ces 38 voix, soit la totalité de celles du groupe Tavini, démontrent, selon le président, que les élus de la majorité soutiennent « à la fois le budget et l’action du gouvernement ». « C’est ça aussi les résultats de la discussion. La minorité met en exergue les désaccords que l’on a pu avoir et que je ne nie pas, que personne ne nie. Mais ce sont des désaccords sur lesquels on a établi un dialogue et on a trouvé un terrain d’entente », s’est-il félicité

Sur le fond, l’opposition a considéré que le texte budgétaire ne traduisait pas les engagements du parti indépendantiste lors de la campagne électorale, comme la lutte contre « la vie chère ou le pouvoir d’achat » des ménages.  

« Je sais ce que j’ai à faire »

Moetai Brotherson

« En fin de compte, le comportement politique a supplanté le reste. Ils ont commencé par éliminer toutes les grandes opérations qui étaient lancées par le Tapura Huiraatira pour marquer le territoire et bien montrer que c’est le Tavini qui est aux affaires aujourd’hui. Malheureusement, déconstruire ce qui a été fait nécessite du temps pour la reconstruction (…) Ils ont fait une chasse aux sorcières qui va leur coûter très cher. Les chefs de service, les directeurs d’établissement, qui pouvaient être des forces de propositions pour le gouvernement, ne sont plus présents (…) Je me fais un peu de souci pour 2024. Maintenant, il faut croiser les doigts », a lancé Edouard Fritch.

Pour Nuihau Laurey du A Here Ia Porinetia, « il n’y a pas de nouveauté ». « Les annonces de changements concernant l’agriculture, le tourisme, la défiscalisation, on ne les voit pas encore dans ce budget. On s’est abstenu, car le peuple a parlé. Ils ont été élus. Ils ont une majorité. On n’est pas là pour bloquer les choses. On a exprimé nos doutes, parfois, sur certains choix qui sont faits, notamment la loi fiscale. On sait que cette loi va être préjudiciable à l’économie. Un certain nombre de projets ne verront pas le jour. En matière d’investissements touristiques, le fait d’avoir quasiment sabré la défiscalisation va causer beaucoup de problèmes, surtout pour une majorité qui souhaite atteindre 600 000 touristes », a déclaré le représentant non-inscrit. « Ce que je vois, c’est que les dépenses publiques explosent. Elles obligent tous les gouvernements à solliciter de plus en plus d’impôts. Plus d’impôts tue l’activité économique et nous souhaitons sortir de ce cycle qui est un cycle de déclin économique », a-t-il encore indiqué.

Moetai Brotherson a, lui, considéré que le premier budget de son gouvernement n’était qu’une étape préparant 2024 : « L’an prochain, on a un axe général qui est de lutter contre la vie chère. Et pour y arriver, on a absolument besoin de faire cette réforme de la fiscalité et des comptes sociaux. Si on ne fait pas ça, on n’arrivera pas à lutter contre la vie chère et on n’arrivera pas à redonner du travail et à loger tous ceux qui ont besoin de se loger. On n’arrivera plus, non plus, à soigner les Polynésiens (…) Cela fait 40 ans que cela aurait dû être fait. On le fera en 2024 », a-t-il dit avant de conclure : « Je sais pourquoi je suis là. Je sais pourquoi j’ai été élu et je sais ce que j’ai à faire sur ce mandat. Je fais mon boulot ».

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