Edouard Fritch : « nous sommes 81 107 autonomistes, et le Tavini a gagné avec 64 000 voix »

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Invité sur le plateau du journal télévisé de TNTV, hier soir, mardi 2 mai, le président du Pays Edouard Fritch est revenu sur la défaite du Tapura Huiraatira aux élections territoriales.

Publié le 03/05/2023 à 10:44 - Mise à jour le 03/05/2023 à 11:34

Invité sur le plateau du journal télévisé de TNTV, hier soir, mardi 2 mai, le président du Pays Edouard Fritch est revenu sur la défaite du Tapura Huiraatira aux élections territoriales.


TNTV : Une réaction suite aux déclarations de Nicole Sanquer qui accuse le gouvernement de représailles pour avoir refusé de rejoindre l’alliance Tapura Huiraatira / Amuitahiraa  o te nūnaʻa māʻohi ?
Edouard Fritch, président de la Polynésie française : « Je suis un peu étonné de sa réaction, parce qu’on nous a toujours taxé de ne pas faire suffisamment de contrôles. Mais je suppose que les contrôleurs qui sont allés sur place sont des fonctionnaires qu’il faut respecter. Ce sont des gens qui programment leurs contrôles, ils ont un programme, c’est un contrôle qui a dû être prévu depuis un certain temps. Ce que j’ai comme information c’est que trois communes sont concernées par ces contrôles d’aujourd’hui : Papeete, Arue et Mahina. On veut en faire une affaire de famille… non, mais voilà, on laisse tomber, là… »

48 heures après l’annonce des résultats du second tour des territoriales, dans quel état d’esprit êtes-vous aujourd’hui ?
« Je suis dans un bon état d’esprit ! On a récupéré de tout ça lundi 1er mai, et on commence à s’organiser pour l’avenir. Bien sûr qu’il y a quelques regrets, parce qu’en fin de compte, le fait que nous ne soyons pas unis, le fait qu’il y ait cette scission au niveau des autonomistes, a fait que ce sont les indépendantistes qui vont diriger le pays pendant 5 ans. Je suis un démocrate. Je prends acte des résultats et je félicite bien sûr le Tavini Huiraatira et son futur président, puisqu’il est connu déjà, Moetai Brotherson. Et je veux même les encourager, parce que la tâche va être difficile. Nous avons beaucoup de choses à régler et nous siégerons donc à l’Assemblée de la Polynésie française dans l’opposition. Mais on veillera surtout à ce que les promesses qui ont été annoncées, et qui ont fait l’objet d’un basculement, soient réalisées. Je pense en particulier au prix de vente des produits dans ce Pays, parce que c’est vraiment un problème. Je pense aussi aux moyens qui seront mis en place pour que la PSG (la Protection sociale généralisée, Ndlr) soit au rendez-vous, pour que les allocations familiales et les allocations de vieillesse ne soient pas coupées car ce sont des revenus importants pour un certain nombre de personnes. »

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Vous serez justement dans l’opposition à l’Assemblée. Quelle posture allez-vous adopter pour ces 5 prochaines années ?
« Nous voterons pour ce qui est bon, et nous serons beaucoup plus vigilants et beaucoup plus combatifs sur des choses qui en tous les cas mettront à mal l’économie. J’attends quelque chose qui a été promis : c’est la réforme fiscale. Je crois que c’est important aussi pour le Pays, parce que sans recette, si l’argent ne rentre pas dans les caisses du Pays, vous ne pouvez pas engager de dépenses. Donc, ce sont des sujets sur lesquels nous serons très vigilants. »

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Lors de la campagne des territoriales, le mot d’ordre était de faire barrage aux indépendantistes. Le Tavini a eu les félicitations de Paris, notamment du ministre de l’Intérieur Gérard Darmanin, et du haut-commissaire en Polynésie Eric Spitz. Est-ce qu’il y a vraiment lieu de craindre une rupture avec l’État ?
« Je crois que ces gens-là sont polis, et c’est normal. Il faut féliciter les vainqueurs. Après, ce sont des méthodes de travail, et c’est le respect des uns et des autres qui prédominera. Si effectivement les discussions se font dans de bonnes conditions, surtout de respect, pourquoi pas. Moi, je pense à mon Pays. Vous savez, bien sûr, que c’est difficile de partir. Mais ce que l’on peut souhaiter en tant qu’ancien responsable de ce Pays, c’est que les choses continuent car nous étions sur une pente ascendante qui était quand même pas mal. Et si l’État peut continuer à nous aider et à pousser ce Pays vers un développement meilleur et une croissance beaucoup plus importante, pourquoi pas. Et je serai un des premiers à voter pour. »

Finalement, ce qui a aussi favorisé la victoire du Tavini Huiraatira, c’est la division des autonomistes, comme vous le disiez. Vous parlez de mettre en place une plateforme autonomiste. Pensez-vous encore pouvoir les rassembler ?
« Vous avez vu les positions des uns et des autres. C’est leur responsabilité de ne pas vouloir, de ne pas pouvoir, en fin de compte, donner une image réelle de ce Pays. Vous avez vu que les indépendantistes vont gouverner avec 44% des voix. Et les autres ? Je faisais le calcul, nous sommes 81 107 autonomistes, et le Tavini a gagné avec 64 000 voix. Prenons nos responsabilités. En tous les cas, avec Gaston Flosse, comme nous l’avons annoncé, nous allons nous réunir dès mercredi après-midi, pour réfléchir un peu à la gouvernance de ce nouveau front uni. Nous étions partis sur le principe non pas d’une fusion, mais de travailler ensemble en respectant les personnalités des uns et des autres. (…) On doit aussi discuter sur la gouvernance de cette plateforme. Et puis, il faut préparer les prochaines échéances électorales. Il y a du travail. Mais je suis optimiste. (…) Le souci aujourd’hui, c’est le Pays. Et pour ce Pays-là, autonome aujourd’hui, il faut mettre en face une majorité autonome. »

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