De retour de Paris, Édouard Fritch dresse le bilan

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Invité de notre journal du 7 septembre, le président du Pays s'est longuement exprimé au sujet de sa visite en métropole, dans un contexte de difficultés financières pour la Polynésie. Des difficultés qui touchent le développement des infrastructures et de l'économie du fenua, et qui appellent à trouver "des solutions internes".

Publié le 08/09/2022 à 11:31 - Mise à jour le 08/09/2022 à 11:53

Invité de notre journal du 7 septembre, le président du Pays s'est longuement exprimé au sujet de sa visite en métropole, dans un contexte de difficultés financières pour la Polynésie. Des difficultés qui touchent le développement des infrastructures et de l'économie du fenua, et qui appellent à trouver "des solutions internes".

TNTV : L’AFD indique que les finances communales s’améliorent d’une manière générale. En matière d’investissement elles ont toutefois des retards et des défis très importants à relever : fournir de l’eau potable, assurer l’assainissement des eaux usées… Le Pays peut-il les aider à accélérer le rythme ?
Édouard Fritch, président de la Polynésie française : « Si les communes ont pu se sortir « indemnes » de ces deux années de crise, c’est parce qu’avec l’État, nous n’avons cessé de soutenir les maires et les communes, surtout au niveau de l’investissement. Le FIP (fonds intercommunal de péréquation) a continué à assurer une grande partie des dépenses de fonctionnement. Au-delà de ces investissements que nous avons soutenus, il faut dire que le pays, et c’est le cas à Mangareva, a continué à faire des investissements au niveau des infrastructures, ce qui a permis d’injecter de l’argent sur place, puisque nous avons embauché du monde. Tout cela fait qu’aujourd’hui, les communes sont en bonne santé. Je tiens aussi à vous dire qu’au niveau du Pays nous considérons les communes comme de véritables partenaires. Elles contribuent fortement au développement de ce pays, au maintien de l’économie dans ce pays. Elles arrivent aujourd’hui ç thésauriser, quand on voit les fonds de roulement qu’elles ont aujourd’hui. Le partenariat État-Pays-commune est un partenariat gagnant, et j’en suis réellement satisfait. »

Dans le cadre des nouvelles compétences allouées aux communes, au travers de la CGTCT ? Il faut qu’elles puissent fournir de l’eau potable au plus tard le 31 décembre 2024.
« C’est la raison pour laquelle j’ai demandé il y a 3 ans de cela à ce qu’on dégage une partie des finances dont bénéficie le Pays au travers du contrat de développement, quel l’on sorte 1 milliard pour accompagner encore plus fortement, en plus de la délégation u développement des communes, sur les compétences environnementales, dont l’eau. C’est une priorité de fournir de l’eau potable et c’est une obligation du code des communes. Dernièrement, pour ce qui concerne l’assainissement, on a effectivement pris beaucoup de retard. On va être obligés de repousser l’échéance. Nous sommes en train de regarder, avec les communes d’Arue et de Papeete, comment assainir. On parle en milliards de francs, c’est très lourd. Au-delà, il y a un autre sujet important, c’est le traitement de nos déchets, qui posera demain un véritable problème. C’est la raison pour laquelle j’ai demandé au fonds européen de développement de venir nous soutenir aussi en matière d’environnement. »

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On revient sur la mission que vous venez de mener à Paris. Vous avez eu de nombreuses rencontres. L’un des dossiers importants concerne l’aéroport international de Tahiti-Faaa et sa reconstruction que vous considérez indispensable. Un projet lié aussi à la relance d’un appel d’offre pour sa concession. Sur quoi l’État s’est-il engagé sur ce dossier ?
« J’avais besoin de rencontrer nos gouvernants, les membres du gouvernement central et en particulier nos deux ministres qui s’occupent de l’Outre-mer, M. Carenco e M. Darmanin, de leur dire toute notre confiance. Nous sommes des autonomistes et nous entendons nous battre pour l’autonomie de ce Pays contre l’indépendance. J’ai posé quelques questions importantes, dont l’avenir de l’aéroport puisqu’à ce jour aucune nouvelle sur l’appel d’offre qui a é té lancé pour la gestion de cet aéroport dont nous sommes partenaires. J’ai vu en dernier lieu le ministre des Transports qui s’engage à nous donner une réponse dans le mois qui arrive, à savoir ce que va faire l’état quand çà cet appel d’offre. Nous sommes pressées au niveau de l’aéroport, car nous avons besoin de l’aménager. C’est la porte d’entrée en Polynésie française. Les compagnies aériennes viennent frapper à la porte, la dernière étant Delta Airlines, une compagnie américaine, mais qui insiste sur la saison basse pour pouvoir venir en Polynésie.  En l’état actuel des choses c’est difficile, le samedi soir à l’aéroport, c’est intenable. J’ai des assurances de ce côté-là, j’espère que d’ici la fin de l’année ce chantier là pourra s’ouvrir. Au-delà de ce chantier, il y a d’autres petits chantiers sur nos aéroports, en particulier Raiatea ou Rangiroa qui ont besoin d’être remis à neuf. Je suis surtout allé à Paris parce que j’avais besoin d’avoir quelques assurances sur la participation éventuelle de l’État à soutenir la Polynésie française pour notre caisse de prévoyance sociale. Nous n’allons pas nous en sortir. Nous avons mis en place cette TVA sociale qui ne suffira pas pour remettre à flot les fonds de la CPS, donc j’ai demandé à l’État d’actionner la solidarité nationale pour qu’il vienne nous accompagner au moins pour les trois prochaines années. J’attends une réponse de ce côté-là. C’est nous qui avons fait les premiers gestes, c’est nous qui avons cherché les moyens pour commencer à renflouer ces fonds. Il y a un autre sujet qui concerne la vie économique de ce Pays. C’est le financement du plan de relance. Il prend en compte des investissements du Pays qui sont financés au travers de différentes conventions. Je pense au contrat de projet, au fonds d’investissements, à ces fonds qui concerne les projets du Pays, parce qu’il faut continuer à donner du travail à nos entreprises. »

Concernant le Village Tahitien ?
« Le Village Tahitien, c’est un autre sujet qui sera pris en compte par le Pays directement. Pour tout ce qui est aéroport, routes, ponts, ces fonds sont financés avec l’État. Ces conventions arrivent à terme à la fin de l’année 2022. Nous ne pouvons pas nous payer le luxe d’une rupture au niveau de ces conventions. Nous avons besoin de donner du travail à nos entreprises. »

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Concernant l’aide que vous avez demandé auprès de l’État concernant la CPS : par rapport à l’inflation, les prix flambent dans l’alimentaire, les prix des carburants grimpent, on a entendu parler d’une prochaine hausse du prix de l’électricité, le dollar est au plus haut. Comment le gouvernement compte agir pour amortir l’impact sur les ménages ?
« Nous avons déjà fait beaucoup ici. Nous avons mis des boucliers bien avant la métropole sur les produits de première nécessité, sur les produits de consommation courante. Nous avons bloqué les marges, nous avons détaxé pratiquement tous ces produits afin que la répercussion de l’inflation exogène ne vienne pas alourdir encore plus. Ça n’a pas empêche les prix d’augmenter, mais il faut rechercher d’autre moyens. Au niveau des hydrocarbures, nous avons été un des pays où on payait le moins cher le litre d’essence et de mazout, parce que nous avons mis pratiquement 7 milliards de francs pour soutenir. Nous continuons à faire nos efforts. Nonobstant que le fret est en train de se stabiliser, je pense qu’on va voir une stagnation de l’évolution du prix du fret, mais l’inflation s’est installée dans les pays qui nous fournissent les matières premières. Nous ne pouvons qu’en subir les conséquences. Il nous faut trouver des solutions internes au Pays. Je les trouverai parce que nous ne pouvons pas supporter encore très longtemps ces augmentations chez nous. Je pense aux familles qui n’ont pas de revenus. Mais c’est un phénomène mondial, tous les pays souffrent. »

Quelle est votre position concernant les prochaines territoriales ?
« Ma position est constante, je défendrai l’autonomie dans ce Pays jusqu’au bout, parce que je n’entrevois pas l’indépendance de la Polynésie française demain. Nous n’en avons pas les moyens, il est hors de question qu’on y aille. Je me battrai pour que cette autonomie reste une réalité en partenariat avec la France. »

Une union entre les autonomistes pour faire barrage aux indépendantistes est-elle envisageable ?
« Pourquoi pas une union, bien sûr, ma porte reste ouverte. Je tends la main à tous ceux qui veulent venir nous rejoindre. Ce qu’il faut aujourd’hui c’est défendre notre Pays et éviter cette dérive de l’indépendance qui nous mènera au chaos, c’est certain.« 

Serez-vous tête de liste ?
« Bien sûr, je mènerai l’équipe, je l’espère, à la victoire en avril prochain. »

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