Covid-19 : Moetai Brotherson s’entretient avec Annick Girardin

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Hier, lors de la session à l’Assemblée, il a été question du silence de l’État face aux demandes du Pays, lui aussi confronté à cette crise du Covid-19. Et ce matin, les parlementaires Polynésiens ont pu s’entretenir durant une heure avec la ministre des Outre-mer, Annick Girardin, en conférence téléphonique. Tous les sujets ont été abordés, nous explique Moetai Brotherson. Il annonce notamment que les touristes naufragés ne seront pas laissés pour compte, et que des vols exceptionnels devraient être organisés.

Publié le 27/03/2020 à 17:34 - Mise à jour le 27/03/2020 à 17:54

Hier, lors de la session à l’Assemblée, il a été question du silence de l’État face aux demandes du Pays, lui aussi confronté à cette crise du Covid-19. Et ce matin, les parlementaires Polynésiens ont pu s’entretenir durant une heure avec la ministre des Outre-mer, Annick Girardin, en conférence téléphonique. Tous les sujets ont été abordés, nous explique Moetai Brotherson. Il annonce notamment que les touristes naufragés ne seront pas laissés pour compte, et que des vols exceptionnels devraient être organisés.

TNTV : À l’Assemblée, lors du collectif budgétaire exceptionnel qui a eu lieu jeudi, vous avez évoqué le fait le Pays était un peu laissé pour compte par l’État…

Moetai Brotherson : « C’est en tout cas largement le sentiment qui me remonte de la part de ceux que je rencontre. Ne serait-ce que dans les discours officiels. Maintenant, il faut se rendre compte que la réalité est un peu plus complexe que ça, mais c’est le sentiment qui en ressort.
Il y a nombre de morts en métropole, un nombre qui va en augmentant, cela explique que l’attention est largement focalisée sur la métropole aujourd’hui. Par ailleurs, la désorganisation dans le secteur sanitaire depuis 20 ans, en Europe, fait que le premier producteur mondial des équipements de protection et de traitement est la Chine, et quand elle ne fournit pas, les grands pays sont embêtés. »

De quoi avez-vous parlé, ce matin, avec Annick Girardin ?

« Ce matin, c’était la première conférence call que nous avons eu avec mes collègues parlementaires, -hormis Lana Tetuanui qui n’était pas disponible-, Annick Girardin et moi-même. Cela a duré un peu plus d’une heure, on a balayé tous les sujets. Je crois qu’on était à peu près tous d’accord sur le constat et sur les questions. Il y a plusieurs volets dans cette crise : sanitaire, économique, social, alimentaire… On les a tous abordés, avec prioritairement des grandes questions sur l’aspect sanitaire.
Il y a une commande de matériels médiaux qui a été approvisionnée à Paris. Elle a été réalisée par le ministère chez nous, mais elle est bloquée à Paris faute de vol. Tout va dépendre de la coordination entre l’État et la collectivité Polynésie sur les prochains vols qui seront prévus normalement la semaine prochaine entre Tahiti et Paris. Si j’ai bien compris, de Tahiti vers Paris, ce sont des vols qui vont rapatrier des touristes bloqués ici, et au retour, les vols rameront des résidents bloqués à Paris et surtout, du matériel. Et si j’ai bien compris encore, il y aura donc quelques vols exceptionnels la semaine prochaine. Il faut demander au président et au Haut-commissaire de confirmer. »

Vous avez abordé la question des touristes bloqués ici et des résidents locaux bloqués à l’extérieur ?

« Avec mes collègues parlementaires, on a tous fait état de ces Polynésiens bloqués à Paris. Certains sont hébergés dans des familles, d’autres sont à la rue et dorment dans l’aéroport. La ministre nous a dit qu’elle se rapprocherait de la délégation de la Polynésie à Paris pour faire un bilan. Moi-même, ce matin, j’ai été contacté par un monsieur qui avait accompagné son épouse et son fils. Tous deux sont hospitalisés. Lui non, et il est à la rue à Paris en attendant, et dort sous un pont ! Il faut qu’on les recense, qu’on sache où ils sont. »

Dans les épreuves que nous connaissons actuellement, il y a une forme d’union politique ?

« Là, il faut essayer de mettre les drapeaux de côté, on n’est pas là pour se tirer dans les pattes. On est là pour essayer de s’aider. Les uns comme les autres, on reste vigilants. Dans toutes les formations, il y a des critiques, le plus souvent constructives. Mais globalement, on est solidaires. »

Vous avez fait des propositions, notamment le vol cargo sur Shanghai…

« Oui, je suis content de voir que ça avance, ce vol sur Shanghai qui va revenir chargé de matériel. Il faut féliciter tous ceux qui ont mis en place cette solution. Également, un petit clin d’œil pour rappeler qu’en métropole, 410 parlementaires demandent à ce que des médecins cubains interviennent. Cela me permet de rappeler que ça fait bien longtemps qu’Oscar Temaru parle de ces médecins fantastiques. »

Tout ce qu’il se passe en ce moment prouve que le modèle économique en vigueur est fragile et que vous aviez raison de tirer la sonnette d’alarme ?

« Au-delà de l’immédiat, il faut se projeter dans le temps… et essayer de se dire qu’aujourd’hui, on importe 88% de ce que l’on mange. Est-ce raisonnable ? Est-ce qu’il ne faut pas chercher à produire par nous-même un maximum de choses ? Ce qui va être à la fois bon pour la planète, bon pour nos corps… Chacun pourrait se mettre un peu à la permaculture. Moi, j’ai commencé : j’ai fait mes premiers semis avant-hier. J’ai pas la main verte, mais j’espère que ça va venir…. Ce matin, j’ai été heureux d’entendre la ministre de l’Outre-mer dire qu’une fois la crise passée, il faudrait qu’on se repose la question de notre modèle de société. »


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