Relaxe générale dans l’affaire Radio Tefana : « C’est un jour totalement historique au plan judiciaire »

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La cour d’appel de Papeete a prononcé une relaxe générale, ce mercredi matin, dans le dossier Radio Tefana. Un « soulagement » pour les prévenus, au premier rang desquels le maire de Faa’a, Oscar Temaru qui s’est félicité de cette « décision providentielle ». L’un de ses avocats, David Koubbi, a, lui salué, les magistrats de la juridiction pour leur « courage » et leur « clairvoyance ». Réactions.

Publié le 24/05/2023 à 14:29 - Mise à jour le 25/05/2023 à 9:41

La cour d’appel de Papeete a prononcé une relaxe générale, ce mercredi matin, dans le dossier Radio Tefana. Un « soulagement » pour les prévenus, au premier rang desquels le maire de Faa’a, Oscar Temaru qui s’est félicité de cette « décision providentielle ». L’un de ses avocats, David Koubbi, a, lui salué, les magistrats de la juridiction pour leur « courage » et leur « clairvoyance ». Réactions.

Oscar Temaru a paru ému à l’annonce de la relaxe générale par le président de la cour d’appel de Papeete. « Je ne suis pas surpris de la décision qui a été prise aujourd’hui, parce que c’est la vérité (…) On a respecté la procédure depuis le début (…) Avec tous les procès qu’il y a eu dans notre pays : Radio Bleue, Radio Maohi (…) L’opinion publique… c’est facile de dire qu’ils sont tous pourris, que ce sont tous les mêmes et, ça, c’est terrible (…) C’est une décision providentielle (…) C’est le peuple qui s’est prononcé. Vox populi, vox Dei. Aller contre ça, ça aurait été très difficile. Le peuple de Faa’a, la population, nous ont déjà jugés sur notre probité (…) C’est la voix de Dieu qui a dit à monsieur Sekkaki -le président de la Cour d’appel, Ndlr- : ‘voilà la décision que tu dois prendre’. Et j’y crois », a déclaré le leader du Tavini Huiraatira, sourire aux lèvres.

Heinui Le Caill, le président du conseil d’administration de Radio Tefana, qui était aussi poursuivi dans le dossier, a également fait part de son « soulagement ». « Ce n’était pas évident à vivre. Aujourd’hui, enfin, la vérité a éclaté et justice a été faite. On est libérés ». Selon lui, les 100 millions de francs d’amende réclamés par le ministère public lors de l’audience auraient signifié la fin de Radio Tefana si la cour d’appel avait suivi les réquisitions. « C’était sa décapitation. C’est une radio historique. Un patrimoine pour le Pays et la commune de Faa’a. Aujourd’hui, elle pourra continuer et, peut-être, évoluer et se moderniser (…) Je pense que cela a causé un vrai tort à toute la presse. Mettre en doute le sérieux de Radio Tefana, c’était aussi mettre en doute le sérieux de tous nos médias », a-t-il ajouté.

« Cette décision peut réconcilier les Polynésiens avec la justice »

Me David Koubbi, l’un des avocats d’Oscar Temaru, a de son côté tenu à saluer le président de la juridiction, Karim Sekkaki, pour sa « rigueur juridique », son « courage » et la « clairvoyance dans la décision qu’il a prise ». « Cette procédure était une procédure de commande. C’était une procédure politique (…). Une procédure qui s’appelle, en France, une procédure bâillon dont l’unique objectif était de faire taire une radio (…) Ce mauvais procès (…) était aussi destiné à salir la crédibilité politique et la probité d’Oscar Temaru (…). Toutes les charges ont volé en éclats. Vous avez entendu la lourde critique des magistrats du siège à l’endroit du ministère public de Papeete. Et il faut nommer les gens. Le nom du procureur Hervé Leroy a été cité (…) comme étant l’auteur d’un certain nombre d’irrégularités procédurales qui ont porté atteinte à la bonne marche de ce dossier (…) Tout ce dont Oscar Temaru a été accusé et, à sa suite, la radio Te Reo Tefana, n’existait pas », a-t-il déclaré. Et le pénaliste de conclure : « C’est un jour totalement historique au plan judiciaire pour la Polynésie et, plus largement, pour la France ».


Pour son confrère, Me Thibaud Millet, cette décision aura le mérite de donner une autre image de l’institution judiciaire au Fenua.  « Il y a eu de grandes injustices qui ont été commises en Polynésie depuis de nombreuses années. Je pense au procès Pouvanaa. Je pense aux 193 bombes qui ont explosé sans que les victimes ne soient encore aujourd’hui justement indemnisées. Je pense également à des années où un système de corruption a été protégé. Et je pense, bien sûr, à ce procès qui a été injustement fait à Oscar Temaru (…) Les Polynésiens ont parfois perdu confiance en la justice (…), qu’il y avait une raison d’Etat qui s’imposait systématiquement dans ce genre d’affaire. Pour tout vous dire, nous aussi, en tant qu’avocats, on a eu des doutes, des craintes (…) Aujourd’hui, la cour d’appel rétablit une forme de justice (…) Ce n’est pas une décision politique qui a été prise (…) Cette décision peut réconcilier les Polynésiens avec la justice », a-t-il dit.

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