3 mois avec sursis pour avoir tué et mangé un chien

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Au tribunal de Papeete ce jeudi, une affaire très médiatisée : celle de deux individus qui avaient tué et mangé un chien en septembre 2017 à Moorea. Leur tort : s’être fait photographier avec la bête morte et avoir diffusé le cliché sur les réseaux sociaux. Le procureur s’est saisi de l’affaire après plusieurs signalements et une pétition ayant récolté plus de 5 000 signatures, demandant la condamnation des bourreaux.

Publié le 29/08/2019 à 16:00 - Mise à jour le 30/08/2019 à 8:36

Au tribunal de Papeete ce jeudi, une affaire très médiatisée : celle de deux individus qui avaient tué et mangé un chien en septembre 2017 à Moorea. Leur tort : s’être fait photographier avec la bête morte et avoir diffusé le cliché sur les réseaux sociaux. Le procureur s’est saisi de l’affaire après plusieurs signalements et une pétition ayant récolté plus de 5 000 signatures, demandant la condamnation des bourreaux.

Dans cette procédure, l’association SPAP s’était portée partie civile, et à la demande de l’ARPAP (l’Alliance pour le Respect et la Protection des Animaux de Polynésie), l’association métropolitaine Stéphane Lamart, spécialisée dans la défense des animaux, avait dépêché en Polynésie son avocat parisien spécialisé pour le procès : maître Patrice Grillon.

Le procès, tant attendu, avait lieu ce jeudi 29 août. Les deux hommes ont été condamnés à 3 mois de prison avec sursis, deux ans de suivi et de mise à l’épreuve, et ils devront payer 440 000 Fcfp solidairement de dommage et intérêts aux associations de défense des animaux en Polynésie, et de 60 000 Fcfp individuellement. Ils ont également l’interdiction de détenir un chien pendant 5 ans.

L’un des hommes en question est agriculteur et chasseur. Il dit avoir tué le chien errant alors qu’il essayait de le mordre : « J’étais dans mon faaapu lorsque le chien nous a attaqué, j’ai sorti mon couteau pour le frapper et il est mort. Je n’allais pas gâcher cette viande. Je l’ai ramené chez moi, je l’ai nettoyé et mis au congélateur. Au bout de trois semaines, on l’a sorti pour le manger » a-t-il déclaré.

Face au juge, les deux hommes ont dit manger du chien pour la première fois, ce qui n’a convaincu ni le juge, ni les avocats des parties civiles.

De nombreuses personnes s’étaient rendues au tribunal correctionnel de Papeete, dont Sylvia Tauateruatu, présidente de Dobhelp Tahiti et représentant de la fondation Brigitte Bardot sur le territoire. « Je suis satisfaite de la condamnation financière parce que quand on totalise, ça représente plus de 500 000 Fcfp. C’est la première fois que les associations d’animaux du fenua obtiennent une victoire financière aussi importante. Par contre, pour les 3 mois de prison avec sursis, je suis très déçue. Surtout que parmi les deux prévenus, il y en avait un qui avait un sursis de six mois pour violences conjugales. Donc cela veut dire que c’est un homme violent et qui a continué sa violence sur un être faible, un animal. Quant à l’interdiction de détenir un chien, de toutes les façons, ce ne sont pas des gens qui ont des chiens, et même s’ils en avaient, on ne les contrôlerait pas. Donc pour moi, cela ne sert à rien. (…) J’attends à ce qu’un jour, il y ait une vraie application de l’article 521-1 : c’est-à-dire deux ans de prison ferme et 30 000 euros (3,6 millions de Fcfp, NDLR) d’amende. On veut y arriver. Il n’y pas de raison qu’en France, les gens qui maltraitent les animaux soient condamnés à autant, et qu’ici, on se contente de sursis ». Pour rappel, il est interdit par la loi de tuer un animal de compagnie pour sa consommation.

Pour la mère du jeune homme qui a la pris la photo, la décision est « injuste » : « Mon cousin (l’un des hommes sur la photo, NDLR) se fait juger à cause d’une bêtise qui a été prise malheureusement, sans son consentement. (…) C’est mon fils qui a pris la photo, c’est la première fois qu’il voyait ça. Il a filmé sans arrières-pensées. (…) C’est malheureux ce qu’il s’est passé. Vous savez que chez les Tahitiens, on mange du chien. On sait que c’est interdit mais on le fait toujours. Quand on n’a pas de nourriture, on mange du chien, on mange des coqs… (…) Je ne vois pas pourquoi on attaque quelqu’un qui n’a jamais commis quelque chose de grave. (…) C’est une bêtise d’enfants. C’est injuste. Il l’a fait sans le faire exprès. (…) Il a fait ça parce que chez nous, à Moorea, on mange ça. (…) La Bible, elle dit bien qu’on peut manger de tout, c’est pas à cause de la loi française que nous, les Tahitiens, on va pas respecter la Bible ».

« La Polynésie est française. Et en matière d’image, cet acte de cruauté est absolument effroyable. Dans mon association, il y a la directrice du service du tourisme qui est trésorière, et elle est vraiment écœurée de voir tous les courriers de touristes concernant la maltraitance animale en Polynésie. (…) La métropole a été alertée sur la façon dont se comporte certains locaux. On ne peut plus se permettre aujourd’hui de maltraiter un animal domestique. C’est un image déplorable pour la Polynésie. Et beaucoup de Polynésiens nous ont rejoints, il y a eu 5 300 signatures pour que ces deux individus soient condamnées. (…) On appellera de plus en plus souvent maintenant des représentants, des avocats de la métropole, parce que nos avocats ici, malheureusement, ne sont pas beaucoup formés sur la législation sur les condamnations animales » a poursuivi Sylvia.

À la fin de l’audience, les deux hommes ont déclaré regretter leur geste en promettant de ne plus recommencer.

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