Huit oiseaux endémiques menacés par les chats

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Les chats sauvages menacent-ils les oiseaux endémiques de nos îles ? Les premiers résultats d’une étude de l’Université de la Polynésie française (UPF) et de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) montrent qu’au moins 8 espèces protégées par le code de l’environnement finissent dans l’estomac de ces félins. Financés par l’Office français de la biodiversité et par le Pays via la Délégation à la recherche, ces travaux seront étendus aux Australes et sur un autre site de Tahiti.

Publié le 11/07/2020 à 15:04 - Mise à jour le 11/07/2020 à 15:05

Les chats sauvages menacent-ils les oiseaux endémiques de nos îles ? Les premiers résultats d’une étude de l’Université de la Polynésie française (UPF) et de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) montrent qu’au moins 8 espèces protégées par le code de l’environnement finissent dans l’estomac de ces félins. Financés par l’Office français de la biodiversité et par le Pays via la Délégation à la recherche, ces travaux seront étendus aux Australes et sur un autre site de Tahiti.

Sous ses airs de peluche attendrissante, c’est un redoutable prédateur. Malgré 9 000 ans de domestication, il n’a jamais perdu ses instincts, ni sa capacité à revenir à l’état sauvage. Dans la brousse justement, il ne manque pas de rongeurs, de lézards, d’insectes ou d’oiseaux : un terrain de jeu idéal pour ce chasseur opportuniste. Mais c’est surtout son appétit pour les espèces endémiques qui inquiète les chercheurs.

« On a pu voir que certaines espèces d’oiseau comme le Uupa, comme le Pihiti à Ua Huka, ou comme le coucou à Tahuata étaient menacées par les chats, explique Pauline Palmas, chercheuse à l’UPF. Et maintenant on va se pencher sur d’autres sites d’étude, d’autres îles, notamment aux Australes et à Tahiti. L’intérêt final de ce travail, c’est vraiment d’apporter des éléments pour la gestion des espèces envahissantes et du coup la conservation des oiseaux endémiques de Polynésie française. »

Pauline Palmas et Nicolas Maihota parcourent le sentier des 1000 sources à la recherche d’excréments. Les échantillons prélevés seront ensuite analysés en laboratoire pour décortiquer le régime alimentaire des félins.

Résultats ? 13 espèces sont identifiées dans les déjections, dont deux en danger critique d’extinction : le Pihiti et le Monarque Iphis, deux oiseaux endémiques à Ua Huka.

Mais cette étude doit également permettre de quantifier les populations de chats. D’où la pose de pièges photos automatisés. Car l’animal, fuyant et nocturne, est difficile à observer.

« On déploie a minima 20 caméras automatisées qu’on laisse pendant 15 jours, poursuit Pauline Palmas. Et au niveau des excréments on essaie d’avoir un nombre minimum de 100 échantillons par île étudiée. Avec ces images, on va calculer les indices d’abondance mais également de densité si on arrive à identifier individuellement chaque chat. »

Plus de 23 000 clichés ont déjà été pris, dont 1 000 photos de chats. Des résultats qui ne permettent pas encore de donner leur nombre au km2, mais d’établir déjà de fortes abondances aux Marquises. Le petit félin pourrait alors faire l’objet d’un plan de gestion.

A l’échelle mondiale, les chats sont responsables de la disparition de 63 espèces de mammifères, oiseaux et reptiles depuis 500 ans. D’où l’importance de ne pas les lâcher dans la nature.

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