Covid-19 – Christophe Plée : « ça va être difficile pour les chefs d’entreprise, il y en a qui ont tout perdu »

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Suite à l'annonce d'un couvre-feu à Tahiti et Moorea, Christophe Plée, président de la Confédération des Petites et Moyennes Entreprises (CPME), était l'invité de notre journal.

Publié le 23/10/2020 à 11:00 - Mise à jour le 23/10/2020 à 11:26

Suite à l'annonce d'un couvre-feu à Tahiti et Moorea, Christophe Plée, président de la Confédération des Petites et Moyennes Entreprises (CPME), était l'invité de notre journal.

Que pensez-vous de ce couvre-feu ?
« J’en pense qu’il est imposé d’abord. Imposé par l’Etat. Ça ce n’est pas une bonne nouvelle. Et en même temps, j’ai envie de vous dire : il y a une crise sanitaire. On est passés de quelques centaines de cas par jours et on voit bien que l’épidémie est là et qu’elle est ultra virulente. Et que, malheureusement, je crains que dans les semaines qui viennent ça continue à s’accentuer. Donc le couvre-feu il était inévitable et de toute façon il faut tout faire avant de repasser à un nouveau confinement s’il doit avoir lieu. La crainte de tout le monde c’est le confinement. »

Que demandez-vous aux autorités pour soutenir les entreprises en difficulté ?
« Vous l’avez vu, les entreprises les plus impactées se sont déjà tous les restaurants. On a vu le président des restaurateurs s’exprimer. Voilà, ce sont les conséquences de l’augmentation du nombre de cas sanitaires, mais en même temps, est-ce que cela va régler le problème. On verra bien à travers les chiffres. Les chiffres qui nous sont donnés un peu au compte-goutte, qui changent un peu chaque semaine. Toujours est-il que ce que j’avais dit sur ce plateau il y a déjà quelques mois de ça est arrivé puisque maintenant on est en plein dedans, en plein dans la tempête. Maintenant il ne faut plus se poser la question de savoir s’il faut sauver le tourisme, il faut se poser la question de savoir comment on va sauver l’économie polynésienne. Et là c’est une autre affaire puisque non seulement vous avez les restaurants le soir qui vont être impactés, tous les gens de la restauration, vous avez maintenant les gens qui ont beaucoup d’absentéisme dans les entreprises. Les entreprises sont désorganisées, vous avez des cas covid, des cas contact. Il faut gérer les emplois du temps des uns et des autres. Ça devient très très compliqué pour les entreprises. »

Et cette situation, pour vous, ne semble pas s’arranger…
« Non. Plus le nombre de cas va augmenter en Polynésie française, plus l’économie va être impactée. C’est ça qu’il faut que les gens comprennent. Mais malheureusement, il faut prendre des mesures pour diminuer le nombre de cas et surtout pour éviter l’afflux au centre hospitalier. »

Et ce couvre-feu pour vous, ce n’est pas du tout une réponse…
« Si, c’est une réponse. Mais en même temps il faut que ce soit aménagé pour les gens. Alors on a été un peu rassurés parce qu’il faut savoir que les chefs d’entreprise vont pouvoir faire des dérogations, des fiches de transport pour le personnel, qu’ils vont signer. Il faut que les gens soient rassurés : ceux qui se lèvent à 4 heures du matin vont pouvoir aller travailler, et après 21 heures ils pourront rentrer chez eux. Il faudra juste faire une attestation. Malgré tout ça, il faut savoir d’où l’on vient. On monte dans les mesures qui vont être contraignantes en fonction du nombre de cas qui augmentent. Donc effectivement il faut tout faire pour maîtriser la propagation du virus en Polynésie française (…)
Les gestes barrières on le voit, ne suffisent pas puisque les Polynésiens respectent en majorité. On va, je l’espère, avoir des résultats avec ce couvre-feu. C’est ça qu’on va attendre puisque pendant ce temps là, les entreprises elles, elles vont souffrir. Aussi bien les gens de la restauration, du monde de la nuit qui sont fermées déjà. Les discothèques sont fermées depuis un moment. Donc on ne peut pas leur dire que c’est de leur faute. Maintenant on est sur les restaurants. Les bars sont fermés dans la journée. Mais il y a bien d’autres secteurs d’activité qui sont impactés maintenant. Les conséquences commencent à arriver. Maintenant on comprend mieux ce que je disais il y a quelques mois sur votre plateau. Et malheureusement j’ai bien peur que ça dure. »

Est-ce que vous pensez que nos autorités ont perdu le contrôle sur cette pandémie en Polynésie française ?
« Je ne sais pas si ce sont les autorités mais en tout cas on a bien compris que la propagation était hors contrôle. Aujourd’hui, ce qui est important, c’est de pouvoir tester le plus rapidement possible et de façon massive. C’est ce que les partenaires sociaux avaient demandé il y a quelques temps. On sait que les machines sont en train d’arriver. Il faut tester, tester de façon massive pour pouvoir dire aux gens ceux qui sont vraiment atteints de covid, de rester chez eux. Et puis, il faut vraiment respecter les consignes. Je sais que ça va être difficile. Je sais pour les chefs d’entreprise, il y en a qui ont tout perdu. C’est ça qu’il faut comprendre : il y a des gens qui ont tout perdu déjà depuis quelques mois. Il y en a qui vont continuer à perdre leurs entreprises. Il faut qu’il y ai un minimum de solidarité qui se fasse dans ce pays et donc mettez vos masques, continuez à protéger vos matahiapo. Il faut qu’ils restent chez eux. Il ne faut plus qu’ils sortent du tout et puis il va falloir traverser cette crise et je crains qu’elle soit terrible. »

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