Inquiets, les représentants du personnel du CHPF pourraient faire grève

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Ils sont inquiets pour l’avenir de l’hôpital et de leurs patients : plusieurs représentants du personnel soignant du Taaone tirent la sonnette d’alarme. Manque d’effectifs, fermeture de lits et de blocs opératoires : le budget du CHPF ne suffit plus. Ils réclament des moyens supplémentaires.

Publié le 23/12/2022 à 14:19 - Mise à jour le 23/12/2022 à 14:19

Ils sont inquiets pour l’avenir de l’hôpital et de leurs patients : plusieurs représentants du personnel soignant du Taaone tirent la sonnette d’alarme. Manque d’effectifs, fermeture de lits et de blocs opératoires : le budget du CHPF ne suffit plus. Ils réclament des moyens supplémentaires.

Quel avenir pour l’hôpital du Taaone et ses 2000 employés ? C’est la question que se posent plusieurs représentants du personnel de l’établissement. L’hôpital du Taaone ne parvient pas à établir un budget à l’équilibre. Après deux conseils d’administration, ces dernières semaines, le vote du budget n’a pas été entériné. Le résultat des près de 4 milliards de dettes accumulées qui pèsent sur le fonctionnement actuel.

Si jusqu’ici les personnels soignants sont parvenu à s’adapter, ils disent être aujourd’hui à la limite: « Nous sommes en tension, actuellement à l’hôpital. Nous sommes au pied du mur. (…) Le budget présenté ne prend pas en compte les besoins des équipes. Ce budget est en décalage avec les besoins, qui ont évolué. Les patients sont plus lourds, beaucoup présentent des pathologies multiples » explique Sandrine VAUTHIER, représentante du personnel du Centre hospitalier de Polynésie française. Elle explique aussi que si des économies doivent être faites, cela va se répercuter sur les patients « Cela veut dire la fermeture éventuelle de lits, et l’arrêt de certaines activités. C’est le soin lui-même qui est remis en question et nous sommes inquiets. Durant la Covid, nous avons été soutenus. Le personnel a une conscience professionnelle et fait le maximum mais il ne veut pas de prise en charge dégradée. Des actions sont envisagées. »

Trois blocs opératoires sur les huit dont dispose l’établissement sont fermés par manque de personnel. Une « situation exceptionnelle » et qui devrait être temporaire selon une note d’information de la direction de l’hôpital, transmise aux patients fin octobre. La direction qui dit chercher « de manière particulièrement active, sur place et en métropole, à renforcer  » ses équipes.

Et on s’achemine vers un tri en matière de prise en charge des patients alors qu’il y a plus de cas de pathologies lourdes explique Priscilla AMARU, présidente du syndicat des anesthésistes « Je constate beaucoup de dégradation, et du personnel en souffrance. On demande toujours au personnel d’en faire plus, avec toujours moins de moyens. Derrière, ça se répercute sur les malades. Nous ne pouvons pas ne pas les prendre en charge, mais à quel prix et dans quelles conditions ? On a l’impression que le budget n’est pas à la hauteur de l’état de santé des Polynésiens. » La présidente du syndicat des anesthésistes, comme d’autres soignants, se sent démunie « Nous avons l’impression de devoir nous battre au quotidien contre une machine que l’on ne contrôle pas. Nous avons l’impression de devoir nous battre pour soigner les gens. C’est insensé.« 

Pour le Dr Christophe Allé, devoir faire un tri des patients, ce n’est pas une situation acceptable. « On programme des cancers à plus d’un mois, ce qui est anormal. On a un bloc qui ne fonctionne que sur 5 salles au lieu de huit. On va donc en arriver à trier des patients. On ne peut pas recruter car on ne nous en donne pas les moyens. Nous avons besoin de personnel pour les blocs opératoires. On nous dit qu’on va recruter mais nous, on a besoin de personnel qualifié. On est vraiment au pied du mur avec des piles de dossiers qui s’entassent. Des patientes qui sont en attente de chirurgie. C’est anormal.« 

Plusieurs représentants du personnel font appel au ministre de l’économie et préviennent : un mouvement de grève se prépare pour début janvier.

Contactés, le ministère de la Santé et la direction de l’hôpital ne souhaitent pas s’exprimer sur le sujet pour le moment.

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