Devant l’afflux vertigineux de patients, le CHPF tente de repousser les murs

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Avec 162 hospitalisations en filière Covid, les capacités normales du CHPF sont déjà saturées. Pour éviter d’en arriver au terrible scénario du tri des patients, la direction arme des lits d’hospitalisation et de réanimation dans des services qui ne sont pas fait pour ça. Mais sans personnel, impossible d’y installer des patients. Soumis à une pression colossale, l’hôpital appelle la population à prendre conscience de la gravité de la situation.

Publié le 10/08/2021 à 20:43 - Mise à jour le 11/08/2021 à 9:46

Avec 162 hospitalisations en filière Covid, les capacités normales du CHPF sont déjà saturées. Pour éviter d’en arriver au terrible scénario du tri des patients, la direction arme des lits d’hospitalisation et de réanimation dans des services qui ne sont pas fait pour ça. Mais sans personnel, impossible d’y installer des patients. Soumis à une pression colossale, l’hôpital appelle la population à prendre conscience de la gravité de la situation.

Avec des capacités d’hospitalisations normales déjà saturées, « il faut que la population prenne conscience que la situation est grave », assène la directrice générale du CHPF, Claude Panero. 176 lits ont été sanctuarisés – dont 162 sont occupés par des patients Covid – sur un total de 412 lits de MCO (Médecine, chirurgie, obstétrique).

« C’est énorme, c’est déjà la moitié de l’établissement qui bascule en hôpital Covid ». Et à défaut de projection sur la cinétique de l’épidémie, le CHPF navigue à vue. « Tous les deux jours, on ouvre 20 à 30 lits d’hospitalisation, je ne sais pas si vous imaginez ce que ça peut représenter en termes d’organisation, de déploiement des ressources et de recherche de ces ressources » poursuit la responsable. « Nous arrivons au taquet ». 

« En réanimation actuellement sur nos 22 patients, il n’y en a aucun qui a une vaccination complète« 

– Laure Baudouin, cheffe du service de réanimation.

Au service de réanimation qui accueille les patients en détresse respiratoire sévère, 22 lits sur 24 sont déjà occupés. Lunette ou masques d’oxygène : ici, les patients sont équipés de système de ventilation plus sophistiquées. Il s’agit à ce stade de maintenir les poumons ouverts.

« En dernier recours on a l’intubation, on est obligé d’endormir le patient et de lui mettre un tuyau qui va jusque dans la trachée, dans ses poumons, pour prendre en charge la ventilation, puisque le patient ne peut plus respirer tout seul » rapporte la cheffe du service de réanimation, Laure Baudouin.

30, 40, 50 ans… C’est désormais le profil des patients qui interpelle, avec une moyenne d’âge qui rajeunit (crédit photo : Tahiti Nui Télévision / Esther Cunéo)

30, 40, 50 ans… C’est désormais le profil des patients qui interpelle, avec une moyenne d’âge qui rajeunit. « On se rend compte qu’on a beaucoup de jeunes, on a une moyenne aujourd’hui dans la réanimation de 49 ans. Alors qu’on était plutôt aux alentours de 60 ans sur la dernière vague. En réanimation actuellement sur nos 22 patients, il n’y en a aucun qui a une vaccination complète » poursuit Laure Baudouin.

Même discours du côté des hospitalisations Covid non réanimatoire. « La moitié des patients ont moins de 45 ans (…) des non vaccinés pour la plupart » souligne la pneumologue et référente en section Covid non réanimatoire, Charlotte Courtois. A raison de dizaines d’hospitalisations quotidiennes, le personnel tente de repousser les murs. « On est obligé de sanctuariser de plus en plus de service et de plus en plus de lits. Le problème c’est qu’on n’a pas assez de ressources humaines pour prendre en charge ces lits » poursuit la responsable.

« Le problème c’est qu’on n’a pas assez de ressources humaines pour prendre en charge ces lits » (crédit photo : Tahiti Nui Télévision / Esther Cunéo)

Dans ce contexte, le personnel est soumis à une pression colossale. « On ne peut pas s’effondrer, on n’a pas le droit, on fait plus d’heures, plus de gardes, plus d’astreintes, (…) il ne faut pas que ça dure éternellement, il faut que les gens se protègent, s’isolent, se dépistent et se vaccinent ! » insiste la pneumologue.

« Tout le monde doit comprendre que la Covid ce n’est pas que l’affaire des autres, aujourd’hui elle arrive dans les familles « 

– Claude Panero, directrice générale du CHPF

Face à la progression vertigineuse des admissions, les hospitalisations débordent en psychiatrie et dans les locaux de consultations. A ce rythme, elles devraient atteindre rapidement les secteurs de chirurgie ambulatoire et de kinésithérapie.

Et si ça ne suffit pas, la direction envisage même d’investir dans un poste médicale avancé devant le parvis de l’hôpital. « Nous combattons une tangente de la saturation, (…) nous cherchons des locaux pour y loger des patients Covid. (…) Mais à force d’ouvrir des lits et de tous les utiliser, nous allons nous retrouver dans une situation de saturation ».

Si l’hôpital n’a pas encore commencé à trier les patients, il ne pourra pas repousser les murs indéfiniment (crédit photo : Tahiti Nui Télévision / Esther Cunéo

Si l’hôpital n’a pas encore commencé à trier les patients, il ne pourra pas repousser les murs indéfiniment. « Tout le monde doit comprendre que la Covid ce n’est pas que l’affaire des autres, aujourd’hui elle arrive dans les familles avec des patients qui ont des profils de plus en plus jeunes, ça concerne tout le monde » poursuit la directrice du CHPF. « J’appelle avec beaucoup de gravité toute la population à préserver les capacités de l’hôpital, à aller se faire vacciner et à respecter les gestes barrières ».

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