Au football, tout est possible tant que l’arbitre n’a pas sifflé la fin du match… et même après. Preuve en est avec la décision, ce mercredi, de la Cour administrative d’appel de Paris. En appel d’un jugement rendu le 8 mars 2024 par le tribunal administratif, les juges parisiens ont annulé la sanction infligée à l’AS Pirae en juin 2023, qui avait conduit à sa défaite sur tapis vert face à l’AS Tamarii Punaruu, et par la suite la perte de son titre de Ligue 1, la même année, au profit de l’AS Tefana.
Pour rappel, la Fédération tahitienne de football (FTF) avait retiré une victoire aux orange, arguant que deux de ses joueurs n’étaient pas qualifiés pour disputer le match du 6 mai 2023 contre Punaruu.
Or, selon les juges, l’AS Pirae ne pouvait pas deviner que les joueurs concernés — accusés d’avoir cumulé trois cartons jaunes — étaient suspendus. « Sur le procès-verbal du 3 mai 2023, ces deux joueurs étaient mentionnés comme ayant reçu deux avertissements et comme n’étant pas suspendus » , précise l’arrêt. Le document officiel provenait de la FTF elle-même. Le club n’avait donc, a priori, aucune raison de douter de la régularité de son effectif.
Plus encore, la cour relève que l’erreur provient d’un dysfonctionnement informatique de la fédération. « Cette absence de mention […] résultait d’une erreur commise par le prestataire de services en charge du logiciel des compétitions », lit-on dans la décision. La fédération a reconnu elle-même l’existence d’une « erreur administrative ».
Pour Me Usang, avocat de l’AS Pirae, la situation est claire : « L’AS Pirae ne demande qu’une chose, c’est que la FTF tire les conséquences de cette décision de justice. À savoir que la fédération considère l’inexistence de la sanction et refasse le classement de 2023 » , demande-t-il. La conséquence, c’est qu’en 2023, le véritable champion au titre du championnat, c’est l’AS Pirae » .
La décision de la FTF a eu des conséquences immédiates : le club est passé de la première à la troisième place du classement, perdant le titre de champion. Cette défaite sur tapis vert est d’autant plus contestée que la direction des compétitions a, dans un premier temps, décidé de faire rejouer le match — avant de revenir sur sa décision et d’infliger une pénalité plus lourde.
« Démotivation »
Interrogé sur la possibilité d’une indemnisation, Me Usang évoque un préjudice moral : « La perte du championnat en 2023 a provoqué une démotivation de l’AS Pirae alors qu’ils étaient dans leur bon droit. » Le conseil attend également de la FTF qu’elle fasse amende honorable. « C’est la cerise sur le gâteau s’il y a des excuses de la fédération » , poursuit-il.
La Fédération tahitienne de football, elle, prépare déjà sa riposte. Dans un communiqué, elle s’est dite « très surprise par la motivation de l’arrêt de la cour d’appel » , maintenant que l’AS Pirae « ne pouvait ignorer » que ses deux joueurs avaient reçu trois avertissement dans un délai de 45 jours, et auraient donc dû être suspendus.
Enfin, la FTF annonce qu’elle va former un pourvoi en cassation devant le Conseil d’État. Une procédure qui peut potentiellement aboutir à l’annulation de la décision de la Cour d’appel, laissant le titre de champion 2022-2023 indécis.