TNTV : Cette annonce de faire loger sur l’Aranui des surfeurs qui disputeront les Jeux olympiques de 2024, finalement cela va soulager les pensions de familles qui craignaient de ne pas pouvoir accueillir la masse de clients durant la période des Jeux. Tout le monde va y trouver son compte…
Nahema Temarii, ministre des Sports : « Tout le monde va y trouver son compte et je pense que c’est à retenir. C’est-à-dire que lorsqu’on fait des choses, on veille à ce que tout le monde y trouve son compte. En tout cas pour ce nouveau gouvernement. Et il a été question, dès lors qu’on a été informés qu’il y avait un marché public à destination d’un cargo mixte qui pouvait accueillir les sportifs, de vérifier en amont que personne n’avait été lésé. Encore moins les résidents de Taiarapu ouest. C’est chose faite puisque nous avons eu l’information à la commission consultative d’agrément de Paris 2024 qui a aujourd’hui estimé les retombées économiques directes dans les familles polynésiennes à plus de 130 millions de Fcfp. Et on parle là de versements d’arrhes pour réserver, booker les chambres, mais aussi les water patrols et des bateaux officiels qui vont pouvoir évoluer pendant la compétition et pendant l’événement sur Teahupoo. »
TNTV : Il n’y avait que l’Aranui qui se portait candidat pour assurer le logement des athlètes.
Nahema Temarii, ministre des Sports : « La complexité, ça a été de trouver un bateau tout en respectant l’environnement. Moi, j’aurais envie qu’on se focalise là-dessus. On ne va pas revenir sur le passé. C’est fait, ça a été notifié. Donc l’Aranui a remporté le marché. Il faut savoir qu’on est sur un cargo mixte de faible capacité si on le compare à d’autres par exemple. Mais c’est surtout que c’est un bateau qui va être stationnaire. Ça veut dire qu’il va dépenser quatre fois moins de carbone qu’il pourrait le faire s’il devait naviguer. En outre, Paris2024, par respect pour la destination, donc nous, a commandé une étude d’impact sur l’environnement qui sera confiée au bureau d’études pae tai pae uta et qui tend à vérifier que par exemple le cargo mixte sera amarré sur une zone sablonneuse et que donc son ancre ne viendra pas casser la vie sous-marine. »
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TNTV : Ce partenariat sera officialisé lors d’une signature de convention avec l’Aranui ce mercredi. Alors quels sont les termes de ce contrat et qui paiera la facture ?
Nahema Temarii, ministre des Sports : « Essentiellement le Pays parce que ça fait partie des engagements, en tout cas pour ce qui est de l’hébergement de l’Aranui. Il faut savoir que dans l’événementiel international, il est question d’équité lorsqu’on loge des sportifs de ce niveau. On ne peut pas se permettre de prendre une réclamation comme on le fait sur les championnats locaux par exemple. »
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TNTV : Quel est le montant de l’enveloppe ?
Nahema Temarii, ministre des Sports : « Le montant de l’enveloppe pour l’Aranui, je pense qu’on est aux alentours de 350 millions de Fcfp. Mais on est surtout là pour garantir une qualité de service qui permettra aux sportifs de performer sur la vague. C’est essentiel. Il n’y a pas que les locaux mais on a la chance d’avoir deux locaux qui vont surfer. On va avoir des surfeurs du monde entier et là on parle bien évidemment de jeux olympiques. »
TNTV : Les pensions de famille que nous avons interrogées vont profiter de ces retombées économiques. Mais elles souhaitent aussi que les autres acteurs économiques du fenua, les agriculteurs, les pêcheurs, puissent aussi en profiter. Est-ce qu’il y a des conventions aussi qui sont prévues avec ces professionnels pour approvisionner le navire entre autres ?
Nahema Temarii, ministre des Sports : « En parlant d’agriculture, je pense qu’il est important de remercier fa’aterehau du secteur primaire, Taivini Teai qui d’emblée dès la deuxième semaine m’a dit : ‘il faut absolument qu’on mange local’. Et là-dessus, on se rejoint. Maintenant, il faut faire preuve de bonne intelligence et comment positionner nos produits à nous tout en respectant les engagements du Pays vis-à-vis de Paris 2024. N’oubliez pas que l’événementiel international est financé en grande majorité par le marketing et les droits télé. Et donc il est de notre devoir de respecter certaines choses. Je suis convaincue que nos agriculteurs y trouveront leur compte. En tout cas, il n’est pas question qu’on fasse sans. »
TNTV : Lors du collectif budgétaire la semaine dernière, vous avez parlé d’une enveloppe de 1.3 milliard de Fcfp soumise par l’ancienne équipe pour l’organisation de ces JO de surf. Une somme allouée aux dépenses de fonctionnement. Alors quid de la construction de la nouvelle tour estimée à plus de 500 millions de Fcfp ?
Nahema Temarii, ministre des Sports : « La tour des juges, de 527 millions au total, fait partie des 1.3 milliard. Aujourd’hui, notre travail, c’est vraiment ce que j’essayais de faire comprendre aux représentants de l’assemblée, mais je pense qu’une grande majorité ont compris (…) Il est question aujourd’hui d’aller à la pêche aux informations. J’avoue que ce n’est pas quelque chose qui me plait, mais on y est et j’ai besoin d’informations fiables. Combien nous coûte l’événement ? Combien est-ce qu’il va nous rapporter ? On doit tirer des leçons parce que je rappelle quand même qu’on est dans une phase d’héritage et donc on prend à bras le corps le dossier. Et on va le mener et mener à bien ces étapes de surf, non seulement au titre de notre Pays, mais également au titre de la population. »
TNTV : Vous souhaitiez une tour modulable qui coûterait plus cher ? C’est toujours d’actualité ?
Nahema Temarii, ministre des Sports : « On ne peut pas s’en passer. C’est toujours d’actualité. Elle coûte 527 millions. Dans les 527 millions, l’État finance 175 millions. Il était question au départ d’avoir un cofinancement à hauteur de 50/50. C’est ce qu’on appelle un partenariat gagnant-gagnant. Et il se trouve que le curseur environnemental a été rehaussé. Ce qui nous amène donc à avoir des coûts supplémentaires que le Pays va supporter. Donc aujourd’hui, la tour va coûter, comprenant l’étude, la construction et le montage in situ, à peu près 352 millions. Ces 352 millions, l’idée, c’est de réfléchir à ce qu’on va en faire une fois qu’on aura terminé les JO. Comment est-ce que cette tour qui est quand même un outil essentiel, (…) va pouvoir exister au-delà de Teahupoo 2024 ? J’ai vu un enfant de 8 ans performer sur une vague de récif. Il est difficile d’emmener les enfants, certaines femmes ne veulent pas y aller. Donc comment faire de cette tour un héritage pour le surf polynésien et si possible les 10 prochaines années ? Ça, c’est mon cheval de bataille. »
TNTV : Edouard Fritch a signé une convention d’engagement avec Tony Estanguet où il était question de 3 milliards d’investissement. Qu’est-ce que ça va permettre de financer ces 3 milliards ?
Nahema Temarii, ministre des Sports : « Il faut savoir que ce type d’événement, c’est ce qu’on appelle des accélérateurs de projets. Donc par exemple, ça va permettre à taiarapu Ouest demain, de bénéficier de l’eau potable. Quand en 2023 on bénéficie de l’eau potable, je pense que personne ne va aller râler. Donc c’est tout un ensemble de projets qui vont permettre à Taiarapu Ouest soit de se développer, soit d’avoir ce dont ils ont besoin depuis de très longues années. Mais il faut aussi et surtout reconnaitre que teahupoo est idyllique et authentique. C’est en ça qu’il faut qu’on fasse preuve d’intelligence, de bon sens. »
TNTV : Ces 3 milliards ne viendront pas soulager les dépenses que vous êtes obligés d’engager ?
Nahema Temarii, ministre des Sports : « Si on parle de 3 milliards, je suppose qu’on parle d’un budget global Etat Pays et collectivités. Donc non, je ne vois pas en quoi ça va venir soulager. Mais en tout cas les gens ont raison et ils ont le droit d’être choqués par les chiffres. Nous on est là pour donner de la lumière et de la transparence. Maintenant il est question de venir ajuster les curseurs pour faire en sorte que ces Jeux soient une réussite pour les JO 2024 mais aussi et surtout pour notre nuna’a. »