Trousseau de clés à la main et sans complexe, même en présence des gendarmes, l’un des squatteurs n’en démord pas, il est dans son bon droit : « On cherchait un logement, on a trouvé. Les gendarmes nous ont dit « changez les verrous et vous êtes les nouveaux propriétaires ». Amouyal a abandonné les appartements. (…) La loi dit, on change le verrou, et on est le nouveau propriétaire. Le gendarme a dit, il vaut mieux aller avec le système que contre le système. Les gens n’ont pas cette connaissance du droit français. Les gendarmes ont dit qu’ils sont fiu de revenir pour rien parce qu’on ne peut pas nous mettre dehors. »
Comme lui, ils sont une quarantaine à occuper illégalement, depuis une semaine, la douzaine d’appartements de Magnolia 1. Un immeuble dans lequel des travaux de rénovation devaient débuter aujourd’hui. « Notre affaire est en cours chez l’avocat, annonce Mareva, juriste chez Veraltis (…) C’est malheureux. Nous, on a acheté les deux bâtiments, Magnolia A et B en 2021 pour la location, la vente (…) On a essayé d’aller les voir mercredi. Impossible ».
« Ce sont des gens qui, pour la plupart sont peut-être sans argent, sans rien. On se retourne vers qui ? se demande quant à lui Christophe Gauler, gestionnaire des copropriétaires pour le syndicat Etik. On les a approchés, mais ils sont sur leurs idées. Ils ne veulent pas en démordre, ils disent qu’ils sont propriétaires des biens, qu’ils sont sur leurs terres, que tout ce qui est sur leurs terres leur appartient, qu’ils vont évacuer les locataires ou propriétaires qui sont dedans… (…) Ils sont bruyants, en arrivent à se battre, font la fête, font du feu, prennent l’eau sur l’ensemble des bâtiments. L’électricité pareil : ils ont réussi à se brancher, ne paient pas l’électricité, aucune charge, et font des dégâts. Les rapports sont tendus. Ils revendiquent tous les appartements, sont menaçants. Ça crée un climat d’insécurité ».
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Face à l’obstination des occupants, les propriétaires légitimes des immeubles demandent l’intervention d’une société privée afin de couper l’arrivée d’eau de l’immeuble censé être inoccupé.
« Je suis venu à l’appel du syndicat pour couper l’eau dans un bâtiment. J’ai été approché par un monsieur qui se dit propriétaire et qui m’a bloqué l’accès au parking, raconte Maono. J’ai appelé mon client qui a fait venir les autorités pour finaliser l’opération. »
En parallèle, des nuisances et des vols d’encadrements de fenêtre ou encore de sanitaires dans l’immeuble attenant ont également été dénoncés. Des accusations formellement démenties par les squatteurs. Impuissants, les copropriétaires s’en remettent à la justice et attendent un avis d’expulsion accompagné des forces de l’ordre. Avis que seul le haut-commissaire peut diligenter.