Une autre façon de trouver l’amour avec Taura o te Here

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Officiellement lancée depuis un mois, Taura o te Here est aujourd'hui la seule agence matrimoniale de Tahiti. Son fondateur, Jason, un Polynésien de 32 ans, souhaite créer un nouvel élan dans les rencontres au fenua et redonner espoir à ceux qui cherchent encore leur âme sœur.

Publié le 11/10/2024 à 11:26 - Mise à jour le 11/10/2024 à 14:17

Officiellement lancée depuis un mois, Taura o te Here est aujourd'hui la seule agence matrimoniale de Tahiti. Son fondateur, Jason, un Polynésien de 32 ans, souhaite créer un nouvel élan dans les rencontres au fenua et redonner espoir à ceux qui cherchent encore leur âme sœur.

Né sur le Caillou d’une maman calédonienne et d’un papa tahitien, Jason est arrivé au fenua à ses 10 ans. Après un doctorat sur les poissons des récifs coralliens, et un début de carrière en politique, rien ne prédestinait Jason à jouer les entremetteurs, et surtout, à en faire son métier. Il y a 6 ans, ses parents divorcent : « Ma maman s’est retrouvée célibataire à 55 ans, après une trentaine d’années de mariage. Je me suis dit, qu’à partir d’un certain âge ici, si tu n’as pas le réseau et que tu as une certaine timidité, comment tu fais pour rencontrer quelqu’un ? » . Certes, il y a les sites de rencontres ou les applications de rencontre comme la plus connue, Tinder, mais ce système n’est pas adapté à tout le monde, et les relations y sont souvent éphémères : « Depuis le Covid, et avec le contexte politique actuel, les gens ont le moral miné. J’ai envie de voir un peu des gens qui sourient, confie Jason. Donc, je me suis dit, pourquoi pas. D’ailleurs, en France, il y a eu un boom des agences matrimoniales après le Covid parce que les gens se retrouvaient tellement seuls » .

Fin 2023, l’idée germe dans sa tête, et peu de temps après, en janvier 2024, il commence officiellement les démarches administratives : « Cela m’a pris huit mois avant d’avoir mon agrément de la DGAE. Je fais partie du corps des agents d’affaires. Il y a un vide juridique autour des agents matrimoniaux au fenua » .

« J’ai envie d’ouvrir cette façon de penser. Je pense qu’il y a un besoin émotionnel au fenua »

Jason, fondateur de l’agence matrimoniale Taura o te Here

Mais ce n’est pas cette lenteur administrative qui va le décourager : « C’est un projet qui me tient vraiment à cœur. C’est important aussi pour moi d’agir au sein de mon Pays. (…) On connaît tous un peu le constat religieux et politique, ici. C’était un challenge pour moi d’ouvrir un peu l’esprit. C’est la petite pierre à l’édifice que j’ai envie d’apporter à la Polynésie. J’ai envie d’ouvrir les manières de penser. Je pense qu’il y a un besoin émotionnel au fenua. Au sein de l’agence, j’ai pas mal de Polynésiens et Polynésiennes, de tout âge. Et quand tu as des sourires, que tu sens un petit peu les lueurs d’espoir, tu te dis que tu commences quelque chose de bien » .

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Taura o te Here a aujourd’hui un mois d’existence : « Taura, c’est la corde, donc c’est le lien. Here, c’est l’amour. C’est quelque chose qu’on crée, qu’on tisse ensemble. J’apporte cette première base de cordes et ce sont eux (les clients de l’agence, Ndlr), qui viennent rajouter les fleurs autour » .

La science derrière l’amour

Après un premier rendez-vous à l’extérieur avec son client afin de faire plus ample connaissance, Jason le rencontre une deuxième fois et lui pose une série de questions : Quel est ton week-end amoureux idéal ? Quelles sont les premières qualités que tu souhaiteras retrouver chez l’autre ? Quels sont les critères rédhibitoires que tu ne souhaites pas avoir ? Un long questionnaire a été établi avec un anthropologue et une psychologue. « J’ai essayé de ficeler le mieux possible les choses. Je me suis dit : ‘OK, comment je peux utiliser mes études ?’ J’avais fait pas mal de modélisations mathématiques, alors autant utiliser ce background. J’ai créé un modèle mathématique que je fais tourner sur l’ordinateur. Une fois que j’ai mes critères de sélection, je les rentre dans ce modèle. Je pondère en fonction de ce qui est important pour la personne et cela me permet d’avoir plus ou moins des tendances. Ensuite, je fais une comparaison avec les autres clients qui pourraient lui convenir et j’établis un score de compatibilité. J’avais envie de mettre une base scientifique derrière tout ça. Je fais une base mathématique, mais derrière, c’est quand même leur feeling à eux » .

Photo d’illustration (Crédit : Pixabay / jarmoluk)

Quatre à six semaines plus tard, un premier rendez-vous est proposé : « Je fais du sur-mesure pour des histoires d’amour uniques. Les personnes plus à l’aise, je leur organise un tête-à-tête où ils peuvent déjeuner dans un endroit. À d’autres, je peux organiser une séance de yoga… Le but, c’est que lorsqu’ils se rencontrent, il y a une espèce de timidité qui s’efface. Ils choisissent dans quel contexte ils veulent cette rencontre » .

Et pour ceux qui ont quelques appréhensions à s’inscrire, Jason se veut rassurant : « Le monde change. Ce n’est pas parce qu’ils vont re-fréquenter quelqu’un, qu’ils vont se marier à une autre personne, qu’ils vont être châtiés par le Seigneur ou que ce sont des mauvaises personnes, nuance-t-il. Ils ont le droit aussi au bonheur. Et s’ils estiment que ce bonheur sera plus grand à deux, je les invite à s’inscrire » .

Le fondateur de l’agence admet également se réserver le droit de refuser certains clients, aux « demandes un peu douteuses » : « Après, je ne juge pas, chacun a sa vision de l’amour. Mais j’ai mis une charte de bonne conduite dans le contrat. C’est aussi pour m’assurer que mes clients et mes clientes soient protégé.e.s, qu’il n’y ait pas des gestes déplacés… S’ils ne respectent pas la charte ou que j’ai un retour négatif sur une personne, je suis libre de rompre le contrat » .

« Je reste convaincu que cela ne peut être que positif de faire ce genre d’activités »

Il faut compter en moyenne 140 000 francs par an pour un maximum de 10 rencontres : « Selon les chiffres, il faudrait 5 à 6 rencontres pour trouver l’âme sœur et on dit qu’en moyenne, tu as deux grandes histoires d’amour dans ta vie » . Une année d’engagement qui peut toutefois être mise en pause durant quelques mois : « Il y a l’option break dans les contrats parce qu’on n’est pas tout le temps dans un état d’esprit à vouloir chercher l’amour » .

Jason voit l’amour comme salvateur et fédérateur, et espère transmettre cette vision à ses clients : « Quand on voit ce contexte politique, économique, social à l’heure actuelle, le taux de suicide etc. (…) L’amour est un sentiment particulier qui donne des ailes et du courage, et ça me ferait plaisir d’apporter ça à la Polynésie, sans prétention. Je reste convaincu que cela ne peut être que positif de faire ce genre d’activités. Je crois profondément en l’amour, en toutes ses capacités, au courage et à l’espoir qu’il nous donne. Cela fait du bien d’aimer une personne et se dire que ce qu’on souhaite le plus, c’est de prendre soin d’elle » .

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