Surexposition des enfants aux écrans : le cri d’alarme des professionnels de santé

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Pas d’écran avant 3 ans. C’est un conseil que les médecins n’ont de cesse de répéter aux parents. Et pour cause : en cas de surexposition, les conséquences peuvent être importantes. À l’échelle nationale, l’Etat se préoccupe du sujet. Au fenua, les professionnels de santé sont eux aussi inquiets.

Publié le 25/05/2024 à 19:00 - Mise à jour le 27/05/2024 à 10:03

Pas d’écran avant 3 ans. C’est un conseil que les médecins n’ont de cesse de répéter aux parents. Et pour cause : en cas de surexposition, les conséquences peuvent être importantes. À l’échelle nationale, l’Etat se préoccupe du sujet. Au fenua, les professionnels de santé sont eux aussi inquiets.

Fin avril, après 3 mois de travaux, une commission a remis au président Emmanuel Macron un rapport intitulé Enfants et écrans : à la recherche du temps perdu. Objectif de cette étude commandée par l’exécutif : trouver des moyens d’agir collectivement pour préserver la santé des plus jeunes largement exposés.

Car le constat est unanime : les impacts sur la santé sont nombreux. Au fenua les équipes du Centre de santé scolaire (CSS) et du centre d’action médico-sociale précoce (CAMSP) de Pirae en ont la démonstration au quotidien… Sandrine Ateni Peni, orthophoniste, constate que « depuis 3-4 ans, nous accueillons de plus en plus de petits enfants (en Sp, SM), qui sont sans langage, qui ne parlent pas ». Autre effet constaté par le docteur Yolaine Coussot, pédopsychiatre : « au niveau de la relation avec la difficulté pour l’enfant de regarder, de jouer avec les autres. Une forme d’enfermement dans son monde à lui et dans le monde des écrans. »

« On se rend compte que beaucoup d’enfants qui sont par exemple en CE2 vont avoir un niveau de lecture de CP et l’extrême majorité sont surexposés aux écrans donc forcément on voit un lien entre les deux », rapporte aussi le docteur Pierre Boucher, médecin au CSS de Pirae. D’autres effets sont constatés, notamment sur le sommeil, l’activité physique ou encore la vue.

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« l’écran, Ce n’est pas la nounou »

Dr Marta Balzani

Pour ces professionnels de santé du fenua, ce sont les parents et plus largement l’entourage éducatif qui doit agir. Le rapport préconise par exemple l’interdiction des ordinateurs et téléviseurs dans les maternelles. Un avis que partage le docteur Marta Balzani : « Pour moi en maternelle, c’est zéro écran. Malheureusement, en tant que médecin, j’interviens dans les écoles et quand je vois des enfants devant la télé dès le plus jeune âge, je suis très inquiète. Ensuite, bien sûr que le numérique n’est pas tout négatif. Il y a des bénéfices aussi mais il faut que ce soit très limité, accompagné. Il ne faut pas laisser l’enfant seul. L’écran, Ce n’est pas la nounou ».

Outre l’aspect législatif auquel l’État réfléchit, plusieurs solutions s’offrent aux parents pour limiter l’usage des écrans. « Jouez avec eux, prenez le temps de vous asseoir et parfois de s’ennuyer » conseille le docteur Coussot.

Sandrine Ateni Peni suit des enfants en trouble. Pour cette population, elle conseille le sevrage. Un procédé qui peut être long mais qui porte ses fruits : « Le parent me dit lui-même qu’il retrouve des étoiles dans les yeux des enfants, qu’il est présent, et on le sent en séance. »

Dans son cabinet, le docteur Balzani reçoit des enfants exposés toujours plus jeunes aux écrans. Le record ? « Une petite qui est arrivée avec un téléphone à 3 ans. C’était un cadeau, mais je dis que c’est un cadeau empoisonné. On ne donne pas un paquet de cigarettes à un enfant de 3 ans, on ne donne pas un téléphone à un enfant de 3 ans. C’est une envie de faire plaisir, mais faire plaisir aux enfants, c’est passer du temps avec eux, discuter avec eux. »

Le rapport vise également l’usage des réseaux sociaux chez les plus jeunes, car là aussi les dangers sont multiples : exposition à des contenus violents, pornographie… « Après vient aussi la notion du harcèlement où ça ne s’arrête pas même quand on rentre chez soi. C’est un vrai problème. L’enjeu, c’est de protéger nos enfants et nos adolescents même si c’est contre leur volonté », estime le docteur Coussot.

Une proposition de loi adoptée par le Parlement en 2023 fixe la majorité numérique à 15 ans. Mais là encore, si elle était appliquée, il faudrait la vigilance de tous pour qu’elle soit respectée.

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