Procès Air Moorea : une nouvelle version sur la rupture du câble

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Publié le 16/10/2018 à 14:38 - Mise à jour le 16/10/2018 à 14:38

À l’aide d’une maquette grandeur nature de la queue du Twin Otter, les experts cités par les avocats de la défense ont émis une nouvelle hypothèse qui, selon eux, fait office de certitude : la rupture du câble de gouverne à cabrer ne s’est pas produite en plein vol, mais au moment de la remontée de l’épave par le robot sous-marin du câblier Île de Ré.

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« Il s’est rompu, au moment du relevage de l’épave, lorsque l’empennage arrière a été relevé et qu’il y a eu une séparation de la partie arrière du fuselage et de l’empennage » explique Francis Pierre, ancien directeur technique d’Air Tahiti, cité par la défense.

> « Un avion ne tombe pas par hasard »

C’est donc selon eux pour une autre raison que l’appareil s’est abîmé en mer : « Plusieurs possibilités ont été évoquées : soit la défaillance humaine soit l’erreur de pilotage. Un avion ne tombe pas par hasard » poursuit Francis Pierre.

Une version à l’opposé de celle des fonctionnaires du Bureau d’Enquêtes et d’Analyses pour la Sécurité de l’Aviation civile (BEA), mais aussi des experts judiciaires auxquels a fait appel le tribunal. Eux assurent que le câble s’est bien rompu juste après le décollage. Mais les agents du BEA estiment que l’usure du câble ne pouvait à elle seule entraîner sa cassure. C’est donc le souffle d’un réacteur de gros porteur, appelé jet blast, survenu peu avant le décollage qui l’aurait fragilisé davantage jusqu’à un point de rupture.

Une autre analyse que ne partagent pas les experts judiciaires. Selon ces derniers, le câble était suffisamment abîmé pour rompre. Et une inspection de l’appareil aurait permis de détecter le problème. Ce que réfute là encore le représentant du BEA, suscitant la colère des parties civiles pour qui la position de l’intéressé diffère aujourd’hui de ses conclusions écrites. « C’est vraiment particulièrement choquant que des gens comme ça définissent les règles à appliquer en sécurité aérienne. Parce que cela continue aujourd’hui. Je suis très inquiet que des types comme ça travaillent encore » déplore Nikolaz Fourreau, président de l’association 9/8/7, regroupant les familles des victimes.

Et ces contradictions à répétition, au huitième jour du procès, minent les proches des 20 disparus : « On entend tout et son contraire. Tous les témoins entendus y compris les prévenus ont changé leur théorie. L’instruction n’a aucun intérêt à ce moment-là et on joue les condamnations aux dés ! » s’indigne Nikolaz Fourreau.
 

Rédaction web avec Jean-Baptiste Calvas et Sam Teinaore

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