Moruroa : Pas de risque radioactif selon l’État, pas de quoi convaincre l’association 193

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Mercredi des membres de la commission d'information auprès des anciens sites d'expérimentation nucléaire du Pacifique se sont rendus à Moruroa. L’objectif de ce déplacement : démontrer que tout est sous contrôle sur l’atoll. Pas de quoi convaincre la vice-présidente de l’association 193.

Publié le 02/12/2021 à 15:57 - Mise à jour le 03/12/2021 à 9:03

Mercredi des membres de la commission d'information auprès des anciens sites d'expérimentation nucléaire du Pacifique se sont rendus à Moruroa. L’objectif de ce déplacement : démontrer que tout est sous contrôle sur l’atoll. Pas de quoi convaincre la vice-présidente de l’association 193.

À 1250 km de Tahiti, Moruroa, l’atoll du grand secret. Et pourtant, 25 ans après le dernier essai nucléaire en Polynésie, l’Etat joue la carte de la transparence. Mercredi, quelques heures ont suffi pour constater que la surveillance radiologique et géomécanique se poursuit sur l’atoll, aux allures post-apocalyptiques.

Premier arrêt : la zone de vie du détachement de Moruroa. Elle compte 27 militaires et 3 techniciens civils chargés de l’entretien des installations et de la logistique sur l’atoll. Ils participent aux opérations de surveillance au profit du Département de Suivi des Centres d’Expérimentations Nucléaires, le DSCEN. 

Crédit Tahiti Nui Télévision

Direction ensuite le nord de l’atoll. Les essais souterrains ont été réalisés entre 1976 et 1996. Ils ont réactivé des fractures bordières sur la pente externe du récif. Ces zones sont surveillées par un dispositif mis en place dans les années 80 puis modernisé : le système Telsite. « Ce que l’on vérifie, c’est qu’il n’y a pas de risque de mouvement d’un bloc de corail qui partirait dans la mer ou d’une quantité plus grande qu’on appelle une loupe et qui pourrait générer une vague. Ces déplacements sont devenus extrêmement faibles depuis pas mal d’années. Ils ne sont pas tout à fait nuls. C’est pour ça qu’on continue la surveillance« , explique François Bugaut, Délégué à la Sûreté Nucléaire et à la Radioprotection.

Autre site visité : le blockaus Denise. Mais avant, la délégation a rendu hommage à trois anciens travailleurs du CEP, décédés lors d’une opération de dynamitage en 1965. Et, à la demande de Léna Normand, à l’ensemble des victimes du nucléaire. Le bâtiment est aujourd’hui désaffecté.

La visite s’achève sur le banc Colette. Il abrite plusieurs dizaines de kilos de plutonium, restes des 15 expérimentations de sécurité. Des restes dispersés à la surface ou confinés à plus de 100 mètres de profondeur. Là-encore, le délégué à la sureté nucléaire se montre confiant : le risque de dispersion de cette matière est pour lui très improbable.

À quelques mètres, la misère sous la terre. Le PC3 est un des nombreux puits de l’atoll creusés dans le basalte. « Les déchets nucléaire du démantèlement de l’atoll entre 1996 et 1998, on les a mis dans ces puits qu’on a obturé de la même façon donc exactement comme les résidus de l’explosion nucléaire. On sait qu’ils sont parfaitement confinés dans le basalte »

À la fin de la visite, la vice-présidente de l’association 193 Lena Normand, a un goût de trop peu. « Comment avoir l’assurance que vraiment tout est propre ? Qu’il n’y a aucun risque aujourd’hui et demain ? se questionne-t-elle. C’est aussi ce qu’on a fait comprendre aux populations de l’époque. (…) Réellement, la vérité, c’est tout ce qu’on demande. Nous on part de faits et de situations cocrètes : il y a des personnes qui souffrent et qui décèdent. »

La délégation poursuit son voyage sur l’atoll de Hao, ancienne base du CEP, pour faire un point sur les opérations de dépollution.

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