Omicron : les patients les plus fragiles affluent au CHPF

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D’abord amorti par la couverture vaccinale et l’immunité acquise par le passage du Delta au fenua, le variant Omicron s’est finalement disséminé à bas bruit pour atteindre aujourd’hui les personnes les plus fragiles. Déjà atteints de pathologies respiratoires, ces patients affluent désormais au CHPF, où le nombre d’hospitalisation a doublé en l’espace d’une semaine.

Publié le 16/02/2022 à 21:28 - Mise à jour le 17/02/2022 à 9:55

D’abord amorti par la couverture vaccinale et l’immunité acquise par le passage du Delta au fenua, le variant Omicron s’est finalement disséminé à bas bruit pour atteindre aujourd’hui les personnes les plus fragiles. Déjà atteints de pathologies respiratoires, ces patients affluent désormais au CHPF, où le nombre d’hospitalisation a doublé en l’espace d’une semaine.


Fatigue générale, gastro ou déshydratation sévère. Au-delà des difficultés respiratoires, les patients atteints par le variant Omicron sont nombreux à développer des symptômes plutôt atypiques. Et c’est souvent aux urgences de Taaone que le diagnostic du Covid est révélé. « Ils le découvrent en arrivant ici » reconnaît le médecin référent Covid au CHPF, Erwan Oehler. « Autant avec le Delta, on avait des patients qui avaient beaucoup de mal à respirer, autant avec Omicron on a aussi des décompensations de pathologies chroniques, des patients qui ont des problèmes cardiaques, rénaux ou au niveau du foie et qui sont déstabilisés par le virus ».

Dans son secteur de cohorting, on isole d’habitude des patients porteurs de bactéries multirésistantes. Fort de cette expérience, le service a été désigné pour l’hospitalisation des patients Covid en détresse respiratoire. Aujourd’hui, les 15 lits sont occupés et les malades débordent dans les autres unités. « On était à 30 hospitalisations Covid la semaine dernière, aujourd’hui on en a 67, dont 6 en réanimation » résume le médecin. « Les urgences sont quotidiennement saturées de patients à dépister, certains rentrent chez eux, d’autres sont hospitalisés » renchérit la pneumologue et médecin référent Covid, Charlotte Courtois.

Le médecin référent Covid au CHPF, Erwan Oehler et la pneumologue Charlotte Courtois évoquent « le taux de remplissage qui commence à être important » depuis une semaine.

Une « progression rapide » constate le CHPF, même si elle intervient « en décalé ». « On a l’impression qu’il y a eu une diffusion à bas bruit du variant Omicron. Il a d’abord touché les personnes en forme et maintenant il s’attaque aux personnes fragiles. Ce sont des malades qui ont des pathologies respiratoires sous-jacentes. J’ai une patiente qui est décédée la semaine dernière et qui était déjà sous oxygène à la maison. Ce sont ces gens-là qui arrivent à l’hôpital aujourd’hui et ils arrivent avec un taux de remplissage qui commence à être important » met en garde la pneumologue.

L’impact sur les structures de soin commence dès lors à se faire sentir. « Il y a quand même un facteur d’anxiété, mais les équipes sont quand même sereines sur la prise en charge parce qu’elles connaissent leur travail » nuance Erwan Oehler. Rodés à l’exercice, les responsables du CHPF ne cachent pas la fatigue de leurs équipes après la vague Delta. « On se remettait doucement à une vie normale et maintenant on a Omicron qui débarque, c’est quand même moralement épuisant » admet Charlotte Courtois.

« Omicron a d’abord touché les personnes en forme et maintenant il s’attaque aux personnes fragiles. Ce sont des malades qui ont des pathologies respiratoires sous-jacentes ».

Charlotte Courtois, pneumologue au CHPF

Raison de plus selon le médecin pour ne pas négliger les gestes barrières, la vaccination, ou encore le « suivi médical régulier ». Car les malades sont encore trop nombreux à découvrir leur comorbidité une fois à l’hôpital. « Ce n’est pas parce qu’il y a un peu moins de morts notamment qu’il faut tout relâcher. Beaucoup de gens ici ont des pathologies sans le savoir. L’hypertension, le diabète et l’insuffisance rénale modérée ne font pas mal jusqu’à ce qu’elles décompensent et que les complications apparaissent » rappelle la pneumologue. La vague Delta notamment avait permis de diagnostiquer un certain nombre de diabétiques qui s’ignoraient. « Avant que les dégâts arrivent et de manière irréversible il faut consulter son médecin au moins une fois par an et dépister ces maladies. Prises en charge à temps, elles permettent d’avoir une vie normale. »

Si la vaccination évite les formes graves elle ne permet pas toujours aux patients les plus fragiles d’éviter la décompensation de « pathologies sous-jacentes » et donc l’hospitalisation. Elle leur permet en revanche d’éviter la réanimation et de sortir au bout de quelques jours. « Avec le Delta on avait des insuffisances respiratoires brutales et des décès quotidien, aujourd’hui on en voit beaucoup moins » rappelle la pneumologue.  

Du côté de la direction, on a anticipé la vague Omicron dès la fin 2021. « On a pris des mesures anticipatives pour que l’établissement soit prêt à faire face à un nouveau rebond épidémique, précise le directeur adjoint de l’hôpital, Alexis Goubert. On s’est assuré d’avoir des ressources humaines sur la filière urgence, l’hospitalisation conventionnelle et la partie réanimation ». Et en perspective de la montée en puissance des hospitalisations, les cliniques et les hôpitaux périphériques se tiennent prêts à monter au créneau.

(Crédit photo : TNTV)

Au plus fort de la vague Delta, le CHPF avait assuré la prise en charge de 300 patients au même moment. De quoi illustrer la capacité matérielle à faire face. Mais devant le nouveau visage de ce variant, la direction le sait, elle va surtout devoir s’adapter. « On voit qu’on a moins de forme pneumo et moins de patients en réanimation, ce sont des éléments qu’on prend en compte pour adapter notre stratégie et nos moyens au plus près de la réalité du terrain » poursuit le directeur adjoint.  

C’est désormais du côté de la prise en charge des patients non-covid que le CHPF cherche à faire mieux. « On apprend des vagues précédentes pour améliorer la prise en charge de l’ensemble des patients, Covid et non covid » résume Erwan Oehler.   

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