Nucléaire : « Il faut que tous nos enfants connaissent l’histoire du plus gros scandale qui a bouleversé la Polynésie », estime Hiro Tefaarere

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Sept mois après la disparition de Roland Oldham, Moruroa e Tatou a un nouveau président. Hirohiti Tefaarere a tenu jeudi matin sa première réunion de travail avec les membres de son bureau. Aujourd’hui retraité de l’assemblée, Hirohiti Tefaarere est bien connu pour avoir milité aux côtés des partis indépendantistes tels que le Here Ai’a, Te Nunaa ia Ora, Ea Api avec John Teariki et enfin le Ia Mana te Nunaa. Il a aussi présidé plusieurs clubs sportifs. Cet ancien syndicaliste a été à l’origine des principales réformes sociales du pays. Membre fondateur de Moruroa e Tatou, Hirohiti Tefaarere a créé en 1988 le comité pour la paix Te Rai Hau et en 1987 la Ligue des droits de l’Homme et du citoyen. Son prochain combat : l’enseignement de l’histoire du nucléaire à l’école et faire reconnaître le 2 juillet comme jour férié.

Publié le 18/10/2019 à 10:48 - Mise à jour le 19/10/2019 à 11:55

Sept mois après la disparition de Roland Oldham, Moruroa e Tatou a un nouveau président. Hirohiti Tefaarere a tenu jeudi matin sa première réunion de travail avec les membres de son bureau. Aujourd’hui retraité de l’assemblée, Hirohiti Tefaarere est bien connu pour avoir milité aux côtés des partis indépendantistes tels que le Here Ai’a, Te Nunaa ia Ora, Ea Api avec John Teariki et enfin le Ia Mana te Nunaa. Il a aussi présidé plusieurs clubs sportifs. Cet ancien syndicaliste a été à l’origine des principales réformes sociales du pays. Membre fondateur de Moruroa e Tatou, Hirohiti Tefaarere a créé en 1988 le comité pour la paix Te Rai Hau et en 1987 la Ligue des droits de l’Homme et du citoyen. Son prochain combat : l’enseignement de l’histoire du nucléaire à l’école et faire reconnaître le 2 juillet comme jour férié.

Vous voulez introduire dans les établissements scolaires protestants l’enseignement de l’histoire des essais nucléaires en Polynésie. Comment comptez-vous procéder ?
« M. Barillot, paix à son âme, nous a sorti un livre magnifique sur l’histoire de la bombe, l’histoire du nucléaire. L’Eglise protestante maohi n’a pas besoin d’attendre les autorisations du Pays. Il faut braver ces autorisations pour enseigner la vérité, pour qu’il y ait justice dans ce pays, pour que tous nos enfants -des écoles protestantes dans un premier temps, et également, je le souhaite du fond du cœur, les écoles catholiques, et après les écoles du public si elles veulent nous suivre- connaissent parfaitement l’histoire du plus gros scandale qui a bouleversé la Polynésie de 1962, lorsque la décision a été prise par M. de Gaulle, jusqu’à aujourd’hui. »

Un autre manque soulevé par plusieurs membres de l’association, c’est l’absence de lieu de mémoire, voire un parcours du CEP, où on saurait où les travailleurs étaient embarqués, où était entreposé le matériel. Ne faudrait-il pas plus de lieux de mémoire pour raconter l’histoire aux visiteurs de notre pays ?
« Nous avons beaucoup débattu de ce sujet avec les responsables de l’Eglise protestante maohi. Ce centre de mémoire ne doit pas être simplement un centre de mémoire. Ça doit être surtout un centre d’éducation, pour qu’il y ait un réveil de la conscience maohi sur cette exploitation, aliénation, qui s’est passée dans ce pays, alors que les autorités de l’Etat le savaient, que certaines personnalités du Pays de l’époque le savaient et qu’ils ont caché cette vérité historique à l’ensemble de la population, tout en menaçant les responsables politiques de l’époque de mettre en place un régime militaire. Cette vérité doit être connue de tout le monde. Le général de Gaulle disait à l’époque que nos anciens combattants étaient des plus chers, des premiers et des meilleurs. S’il les avait réellement respectés, jamais il n’aurait fait de la Polynésie un théâtre d’essais nucléaires. »

Concernant la lutte pour la reconnaissance du fait nucléaire, l’association 193 monte également en puissance. Comptez-vous travailler étroitement avec cette association pour faire avancer les dossiers ?
« Il nous faut rencontrer tout le monde. Il nous faut rassembler tous ceux et toutes celles qui veulent ce travail de justice et de vérité. J’irai à leur rencontre car j’ai beaucoup de questions à leur poser pour qu’on puisse converger ensemble. J’ai déjà discuté dès mercredi soir avec le président de Tamarii e Moruroa et je lui ai demandé de nous rejoindre sur tous les dossiers. Il est tant qu’aujourd’hui on se fasse confiance entre nous pour parler d’une seule voix devant les autorités de l’Etat et surtout les autorités onusiennes, car il ne faut pas oublier que le dossier de la Polynésie se traite aussi à l’Onu. »

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