Le projet de loi de pays prévoit de réglementer la culture, l’importation, l’exportation et l’usage du cannabis thérapeutique en Polynésie. Ces pratiques devront être fortement encadrées pour éviter les dérives.
« Sur le principe, je pense que c’est une bonne chose que le gouvernement s’en saisisse, déclare Tematai Legayic, député de la Polynésie française. J’espère que l’assemblée de Polynésie va consulter les associations, parce que le risque, c’est de faire une loi qui ne soit pas adaptée aux besoins de la population ».
À noter qu’il existe deux usages distincts dans le cannabis thérapeutique : une partie thérapeutique, l’autre médicale. Sur la partie médicale, l’industrialisation du cannabis s’appuierait sur une législation français, l’agence du médicament français étant la seule à décider sur les médicaments pouvant être envoyés en Polynésie. La partie thérapeutique est, elle, du ressort du Pays.
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« On va être sincère : aujourd’hui, il y a beaucoup de polynésiens qui utilisent le cannabis à usage thérapeutique, il faut juste venir encadrer parce que beaucoup de familles dans la difficulté plantent de manière illégale et sont rattrapés par la justice » appuie le député.
Si la légalisation du cannabis thérapeutique est au centre des discussions, c’est parce qu’elle répondrait à une forte demande des associations, des médecins mais aussi/surtout de la population.
Tepuaraurii Teriitahi, présidente du groupe Tapura Huiraatira à l’Assemblée de la Polynésie française, tient à être précise : « Souvent, on parle de légalisation, mais c’est bien de parler plutôt de réglementation. L’esprit du Tapura depuis le début, c’est de réglementer l’usage du cannabis thérapeutique, et là il y a une forte demande de la part des associations, des malades eux-mêmes […] Il ne s’agit pas de permettre à n’importe qui de pouvoir cultiver et de pouvoir prétendre faire des huiles à usage thérapeutique […] de façon à ce qu’il n’y ait pas de dérives« .
La réglementation sur le cannabis est restée la même depuis plus de 40 ans. Si aujourd’hui, la situation semble être en train de bouger, les associations restent sceptiques.
« Aujourd’hui, on parle d’une modification d’une délibération de 1978 qui porte sur les substances vénéneuses, en aucun cas on ne parle d’une légalisation du cannabis thérapeutique ou médicale, signale Karl Anihia, président de l’association Tahiti Herb Culture. Pour que ça se fasse, il faut faire des délibérations ». D’autant plus qu’en procédant ainsi, la Polynésie se distinguerait de la politique française en la matière, qui passe elle par une phase d’expérimentation du cannabis médical
Un travail qui aurait pu être fait « il y a 10 ans » selon Karl. Avec la crainte qu’il ne s’agisse que d’un effet d’annonce à l’approche des élections, là ou l’association attend des mesures concrètes.
La commission santé de l’Assemblée de Polynésie devrait se réunir ce mercredi à pour examiner le texte.