« Ah ben moi, où il y a de la cuisine, je me sens chez moi. Où il y a des bons produits, où on aime manger… je suis à la maison. »
Et culinairement parlant, comment est-ce que vous vous sentez ici ? Vous avez découvert les saveurs et les plats locaux ?
« J’ai découvert ce matin le mahi mahi. Je connaissais la dorade coryphène, mais je n’avais jamais vraiment vu typiquement sa chair, et je ne savais pas du tout comment la cuisiner. Alors, j’ai fait appel un peu à mon expérience et je l’ai cuisinée comme du thon, et à la surprise des élèves, je l’ai cuite au four, alors qu’apparemment c’est plutôt un poisson qu’on cuit à la poêle et qu’on va vraiment colorer. Là, je l’ai juste passée au four à 180°C pendant 7 minutes. C’est une chaleur qui n’agresse pas, donc forcément on a une chair qui est beaucoup plus moelleuse. D’ailleurs, cela me fait plaisir que les Polynésiens le voient comme ça, parce que c’est vrai que des fois, on touche à des produits qui sont un peu traditionnels, et quand quand tu déroges un peu à la cuisson traditionnelle, on peut avoir des chocs émotionnels. »
C’est le but de la cuisine, j’imagine ?
« Toujours. En fait, c’est susciter une réaction, qu’elle soit bonne ou mauvaise. »
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« J’ai découvert le pota et je vais le travailler demain. (…) Ce que j’aime surtout à Tahiti, c’est découvrir toutes les richesses et la culture gastronomiques, et de m’en servir et de la retranscrire en France quand je vais revenir. Je vais pouvoir en parler avec mes chefs, et par exemple, utiliser le lait de coco différemment, parce que chaque culture gastronomique est différente. C’est vrai que nous, en France, on a tendance à s’approprier des recettes qui viennent d’ailleurs sans jamais avoir été dans le pays et l’avoir vécu. Là, ce qui est intéressant avec Tahiti, c’est qu’on va pouvoir visiter et retranscrire cette cuisine polynésienne en France, c’est le but. »
L’autre but de votre venue à Tahiti, c’est aussi de transmettre, via des masterclass, ainsi que des rencontres avec les élèves du lycée hôtelier…
« La cuisine fait partie de ces métiers de bouche comme la pâtisserie, la boulangerie, la boucherie, la charcuterie… Ce sont des métiers qui impliquent une concession certaine. C’est-à-dire qu’à partir du moment où l’on met les pieds dans une cuisine, on n’a forcément plus la même vie que nos concitoyens qui ont une vie un peu plus standardisée. Quand on travaille, les gens sont en vacances, quand ils sont en week-end, on travaille… C’est une énorme concession mais qui se transforme en passion à partir du moment où l’on sait pourquoi on fait de la cuisine. La cuisine, c’est donner du plaisir aux gens. C’est grâce au plaisir que l’on prend nous-mêmes à constituer un plat, et c’est de le mettre sur table et donner un plaisir, une émotion sans foi ni loi. Aujourd’hui, quand on passe à table, cela doit être un moment festif.
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On est des faiseurs de plaisir, on est là pour donner du plaisir et du bonheur aux gens. C’est ce qui compte dans la cuisine. (…) Ce métier sera l’un des plus prometteurs dans le temps parce qu’on aura toujours besoin de manger et qu’on ne sera jamais remplacés par une machine. Et que l’instinct, l’humain et le côté artistique du cuisinier, fait que ça sera toujours unique et jamais stérile. C’est ça qui est formidable. Et je le vois même dans la cuisine polynésienne, (…) quand c’est bien fait et avec amour, cela devient tout de suite magique. »
Le chef, animateur et humoriste Norbert Tarayre sera en Polynésie jusqu’au 11 juin. Retrouvez le programme de sa visite ICI.