TNTV : Vous avez annoncé ce week-end l’organisation d’un grand concert à la maison de la culture. Comment est née cette idée pour récolter des fonds ?
Moetai Brotherson, président de la Polynésie française : « Quand la nouvelle de l’incendie nous est arrivée, les services des relations internationales de la présidence ont fait un projet de courrier pour l’adresser au gouverneur. Pendant que je rédigeais ce courrier, je me disais que ça ne suffisait pas, on ne peut pas juste envoyer un courrier pour dire qu’on est solidaires, il faut le montrer. J’ai comme voisins le groupe Na Hapa Mele, qui joue de la musique hawaiienne. J’ai eu ce déclic du concert » .
TNTV : Vous êtes affecté par ce qui se passe à Hawaii…
Moetai Brotherson : « Oui, ce sont nos cousins, quelques-uns d’entre nous ont de la famille qui habite par là-bas. J’ai entendu Tapuarii qui lui habite à Hawaii, travaille et vit là-bas. L’idée m’est venue comme ça, j’ai commencé à contacter les artistes du fenua et tous ont répondu unanimement présents. Ils sont une vingtaine, toutes les stars du moment seront là » .
TNTV : Comment les recettes seront-elles réparties ? Vous parlez d’en dédier une partie pour les sinistrés du fenua.
Moetai Brotherson : « On ne peut pas faire une action solidaire sans penser à nos sinistrés. On a eu des sinistrés sur Teahupoo, il y en a d’autres. Les services sociaux feront les recensements et on dédiera une partie de la recette à nos sinistrés. Le gros partira sur Lahaina, on a dépassé les 100 victimes, c’est catastrophique. On ne peut pas rester insensible » .
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TNTV : Ce concert se tiendra alors que le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer sera encore sur le territorire. Vous serez présent lors de ce concert ?
Moetai Brotherson : « ça va être ric-rac. Je reviendrai tout juste de Kaukura. J’accompagne la délégation ministérielle et on arrive à 16h40. Le temps de vite se changer et je rejoindrai le concert » .
TNTV : La venue au fenua d’une délégation du gouvernement central, qui sera conduite par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, ce n’est pas anodin. Comment interprétez-vous cette venue ? Est-ce juste un déplacement lié aux gros dossiers de la Polynésie, à savoir les épreuves de surf des J.O, l’inscription des Marquises au patrimoine mondial de l’UNESCO, ou faut-il y voir une démarche politique de l’État de poursuivre des relations saines et apaisées avec un gouvernement pro-indépendantiste ?
Moetai Brotherson : « Les relations saines et apaisées sont là depuis l’installation du nouveau gouvernement. Lors de mon déplacement à Paris, j’avais déjà rencontré Gérald Darmani, Jean-François Carenco (ancien ministre délégué aux Outre-mer, remplacé par Philippe Vigier). J’avais également rencontré le comité olympique, la ministre des Sports… M. Darmanin avait déjà annoncé qu’il viendrait pour voir à quoi ressemble le futur site olympique, et évoquer d’autres enjeux sur la sécurité, la lutte contre les drogues… C’est un déplacement qui était déjà prévu et qui se concrétise. C’est le signe que ces relations sont bonnes entre l’État et le Pays » .
« Il faut se mettre à la place de ceux qui sont réellement dans le dénuement«
TNTV : Dans quelques jours, vous allez présenter le bilan de vos 100 jours. À l’Assemblée de la Polynésie Française, vous avez fait adopter le retrait de la TVA sociale, qui doit disparaître à partir du 1ᵉʳ octobre. Un manque à gagner pour la CPS que vous comptez compenser l’année prochaine avec une hausse de la CST pour les salaires de plus de 600 000 Fcfp par mois. L’annonce a fait réagir l’opposition et les syndicats. Certains parlent d’une décision démagogique et d’autre d’une perte de pouvoir d’achat pour cette tranche de la population. Que leur répondez-vous ?
Moetai Brotherson : « Ce n’est pas avec cette seule mesure que l’on entend combler le manque à gagner de la suppression de la taxe sociale. Ce n’est pas une TVA, il faut le répéter. C’est une des mesures qui viendra compenser à terme, il y aura un bouquet de mesure. Je pense que cette réforme de la CST est nécessaire, ce n’est pas de la démagogie, c’est rechercher une forme d’équité fiscale. Aujourd’hui, ce que l’on veut, c’est que les personnes qui ont plus de moyens contribuent plus. J’entends les arguments, je sais que ce n’est pas parce que l’on gagne 600 000 Fcfp qu’on roule sur l’or, on peut avoir des charges, on peut voir investi. Mais il faut se mettre à la place de ceux qui sont réellement dans le dénuement. Ceux-là n’ont absolument aucun moyens. Je pense que c’est normal que plus on gagne, plus on contribue » .
TNTV : Vous allez présenter ces pistes de réflexion lors de votre allocution pour le bilan de vos 100 jours ?
Moetai Brotherson : « On a décomposé ce bilan en deux journées. Il y a la soirée du 23 août avec une heure et demi ou j’expliquerai ce que l’on a fait et les perspectives. C’est surtout le lendemain, le 24, qu’il y aura une grande discussion avec 80 polynésiens triés par un jury des médias, ils viendront poser leur question directement » .
TNTV : Êtes-vous confiant ?
Moetai Brotherson : « Je suis d’un naturel confiant. Je ne suis pas un optimiste débridé, mais je suis un pragmatique confiant » .
Un grand concert ‘Āmui nō Maui pour soutenir les victimes des incendies à Hawaii se tiendra le 19 août, à 17 heures au grand théâtre de Te Fare Tauhiti Nui.
Il sera retransmis en direct sur notre chaîne et comptera une vingtaine d’artistes du fenua.
Seules 800 places sont disponibles.
Tarif : billetterie en ligne à partir de 2 000 F
Dons : directement au sein de la billetterie en ligne.