Porter un masque pour se protéger du covid-19, beaucoup ont pris cette nouvelle habitude. Mais pour les personnes sourdes et malentendantes, cela complique encore plus la communication.
Vaea Billy présidente de l’association Apa e reo nui vit actuellement en France. Dans son quotidien, pour faire des courses ou d’autres activités, difficile de se faire comprendre avec un masque. Elle nous raconte une situation vécue récemment dans une pharmacie : « j’ai essayé de me faire comprendre par la pharmacienne, et ça a été vraiment compliqué parce qu’ elle n’a pas voulu passer par l’écrit. On avait chacune un masque, j’ai essayé de faire preuve de toutes mes ressources pour lui faire comprendre en mimant ce que je voulais« .
En tant que cliente, Vaea avait des interrogations sur un produit. La communication a été très compliquée jusqu’à ce que la pharmacienne accepte finalement de passer par l’écrit : « Je l’ai remerciée par rapport à ça, et je lui ai dit que j’étais désolée de la forcer à passer par l’écrit, mais en étant sourde c’est vraiment une situation compliquée. »
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Une anecdote parmi tant d’autres qui se produisent régulièrement pour les personnes atteintes de surdité. Voir une personne signer sans voir ses expressions, c’est comme entendre une phrase avec des mots ou des syllabes en moins.
Le visage, un support visuel précieux
Fanny Wittmer est l’interface en langue des signes lors des points presse santé du gouvernement en cette période de crise sanitaire. Elle ne porte pas de masque car en langue des signes, si ce sont surtout les mains qui bougent que l’on remarque, les expressions du visage ont aussi du sens et donnent de l’information : « Il y a certains signes qui ont ce qu’on appelle une labialisation, mais ils sont rares. Apres c’est vraiment l’ensemble du visage qui parle. La bouche c’est un élément, il y a les joues, les yeux, c’est un tout, explique Fanny Wittmer. Il y a certains signes , on est amené à toucher le visage ».
Ne pas voir le visage peut donc altérer la compréhension. Signer correctement est important pour que la population malentendante ait accès à une bonne information, principalement en tant de crise. « Il y a plusieurs années de cela, lorsque le virus du sida est apparu, ça a été une désinformation complète pour la population sourde et malentendante qui a associé le signe positif à un résultat positif dans le sens c’est bien, alors que cela signifiait que la personne était malade« , se souvient l’interprète en langue des signes.
Pour continuer à communiquer en langue des signes en se protégeant et en protégeant les autres, la visière de protection a bien été envisagée, mais son utilisation empêche de faire certains signes.
Masque transparent ?
La solution envisagée : le masque transparent qui permet de lire sur les lèvres. Des prototypes sont en cours de création en France ou aux Etats-Unis. Mais là encore c’est un défi, car ils doivent répondre à des normes sanitaires et empêcher aussi la formation de buée.
À Tahiti, une seule classe accueille 13 élèves malentendants, à l’école de Taaone à Pirae. Le port du masque pourrait s’avérer un frein pour ces élèves. Toutefois, pour communiquer en langue des signes française, il est encore possible de se tenir à distance de son interlocuteur.