La mutinerie de Nuutania de 1978 racontée par ses acteurs

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Le cycle « Savoir pour tous » proposé par l’Université de Polynésie a organisé cette semaine une conférence sur la mutinerie de Nuutania de 1978, au cours de laquelle deux hommes ont perdu la vie. Un évènement tragique sur lequel l’anthropologue Marie Salaūn, professeure à l’université Paris cité, est revenue avec les gardiens pénitentiaires de l’époque.

Publié le 23/10/2023 à 16:50 - Mise à jour le 23/10/2023 à 16:53

Le cycle « Savoir pour tous » proposé par l’Université de Polynésie a organisé cette semaine une conférence sur la mutinerie de Nuutania de 1978, au cours de laquelle deux hommes ont perdu la vie. Un évènement tragique sur lequel l’anthropologue Marie Salaūn, professeure à l’université Paris cité, est revenue avec les gardiens pénitentiaires de l’époque.

C’est dans la nuit du 14 au 15 janvier 1978 que l’impensable survient : une mutinerie éclate au centre pénitentiaire de Nuutania, à Faa’a. Ils sont huit prisonniers à se soulever, menés par Manuel Tauhiro. « Toutes les personnes qui ont vécu la mutinerie, on les a enfermées dans une cellule, se souvient Karl Manutahi, qui était alors agent pénitentiaire. Qu’est-ce qu’ils ont décidé ? Il y avait un prisonnier avec un coupe-coupe, qui voulait couper la tête de tous les gardiens » .

Durant cette insurrection, un gardien de prison est pris à partie. Pierre Hoatua, dit Pa’u, perdra la vie ce jour-là. 40 ans après, les souvenirs persistent dans l’esprit de certains. Un événement d’une rare violence qui restera ancrée dans l’histoire carcérale du fenua.

« C’est un véritable traumatisme, c’est quelque chose de très douloureux, résume la professeure à l’université Paris Cité Marie Salaun, qui prépare un livre sur le sujet. Ça a été une prise de conscience très violente. Jusqu’à aujourd’hui, il faut l’évoquer avec prudence et restituer les faits » . Les prisonniers d’antan ont, eux aussi, été conviés à la conférence donnée par le Pr. Salaun. Cette rencontre à l’université qui permet de réfléchir au traumatisme porté à la corporation des surveillants. « C’est important que les jeunes lisent les documents pour connaître les raisons (de cette mutinerie), quelles sont les évolutions depuis, pour qu’il y ait du changement dans les métiers de l’administration pénitentiaire » , estime Robert Tiapari, agent pénitentiaire retraité.

Si le travail de recherche de Marie Salaun sur la mutinerie n’est pas terminé, son ouvrage, « Amo i te utu’a, Porter sa peine, la prison en Polynésie Française » est achevé. Elle espère publier son livre en 2025.

Robert Tiapari était agent pénitentiaire au moment de la mutinerie (Crédit Photo : TNTV)

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