C’est dans la nuit du 14 au 15 janvier 1978 que l’impensable survient : une mutinerie éclate au centre pénitentiaire de Nuutania, à Faa’a. Ils sont huit prisonniers à se soulever, menés par Manuel Tauhiro. « Toutes les personnes qui ont vécu la mutinerie, on les a enfermées dans une cellule, se souvient Karl Manutahi, qui était alors agent pénitentiaire. Qu’est-ce qu’ils ont décidé ? Il y avait un prisonnier avec un coupe-coupe, qui voulait couper la tête de tous les gardiens » .
Durant cette insurrection, un gardien de prison est pris à partie. Pierre Hoatua, dit Pa’u, perdra la vie ce jour-là. 40 ans après, les souvenirs persistent dans l’esprit de certains. Un événement d’une rare violence qui restera ancrée dans l’histoire carcérale du fenua.
« C’est un véritable traumatisme, c’est quelque chose de très douloureux, résume la professeure à l’université Paris Cité Marie Salaun, qui prépare un livre sur le sujet. Ça a été une prise de conscience très violente. Jusqu’à aujourd’hui, il faut l’évoquer avec prudence et restituer les faits » . Les prisonniers d’antan ont, eux aussi, été conviés à la conférence donnée par le Pr. Salaun. Cette rencontre à l’université qui permet de réfléchir au traumatisme porté à la corporation des surveillants. « C’est important que les jeunes lisent les documents pour connaître les raisons (de cette mutinerie), quelles sont les évolutions depuis, pour qu’il y ait du changement dans les métiers de l’administration pénitentiaire » , estime Robert Tiapari, agent pénitentiaire retraité.
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Si le travail de recherche de Marie Salaun sur la mutinerie n’est pas terminé, son ouvrage, « Amo i te utu’a, Porter sa peine, la prison en Polynésie Française » est achevé. Elle espère publier son livre en 2025.