Hausse du prix de l’énergie : un bouclier tarifaire pour les entreprises ?

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Après l’explosion du coût du transport maritime et des matières premières, les entreprises du fenua doivent composer, depuis le début du mois, avec la hausse des tarifs de l’énergie. 6.5% supplémentaires en moyenne pour l’électricité. Doit-on s’attendre à voir les prix augmenter d’autant, dans les commerces ? La Polynésie doit-elle instaurer des boucliers tarifaires à l’attention des professionnels ? Des questions qui sont actuellement débattues… Mais avant tout, il est question de réduire les dépenses en énergies.

Publié le 11/10/2022 à 18:26 - Mise à jour le 12/10/2022 à 11:18

Après l’explosion du coût du transport maritime et des matières premières, les entreprises du fenua doivent composer, depuis le début du mois, avec la hausse des tarifs de l’énergie. 6.5% supplémentaires en moyenne pour l’électricité. Doit-on s’attendre à voir les prix augmenter d’autant, dans les commerces ? La Polynésie doit-elle instaurer des boucliers tarifaires à l’attention des professionnels ? Des questions qui sont actuellement débattues… Mais avant tout, il est question de réduire les dépenses en énergies.


2 millions de Fcfp : c’est le prix de la facture d’électricité d’une entreprise du fenua spécialisée dans les produits et matériels d’entretien. Tout est pensé pour rationaliser les coûts de l’énergie : panneaux solaires, renouvellement des machines les plus énergivores… Malgré tout, la hausse du prix des énergies alourdit encore les charges de cette société. « On l’a su assez tardivement (…) Ensuite ça nous a pris un peu de temps pour voir les impacts et remonter les tarifs. Ensuite, on comprend très bien la nécessité de monter les tarifs de notre énergie quand le pétrole monte et que notre énergie est basée principalement sur la transformation fossile. On est assez clairs là dessus. Ce qu’on regrette un peu plus c’est qu’en 2008 on nous a parlé du mix énergétique horizon 2020 avec 50% d’énergies renouvelables. On ne l’a pas suivi. Si on l’avait suivi, on serait aujourd’hui plus à même de résister à l’inflation du pétrole, estime Gael Lamisse PDG Tikitea. Ce qui nous a beaucoup surpris par contre ce sont les tarifs progressifs parce qu’en 2008 on avait des tarifs qui étaient dégressifs (…) Et aujourd’hui en 2022 on trouve des tranches qui deviennent progressives. C’est un peu dur de suivre le fil directeur. En tant qu’industrie, on est toujours obligés de consommer l’électricité. On n’est pas comme un consommateur particulier qui doit réduire sa facture. Nos efforts de réduction de facture sont en permanence faits. Ici, chez Tiki Tea, on en est à la 4e étude énergétique pour voir l’impact de ce qu’on peut réduire et ce qu’on peut travailler pour réduire notre facture. Donc nous faire des tarifs progressifs c’est nous envoyer un message de consommer moins mais on est dans l’industrie. On est obligés de consommer. »

Crédit : Tahiti Nui Télévision

La mise en place de mesures de soutien aux entreprises pour absorber la hausse de l’énergie serait bienvenue, mais avant tout, les professionnels prônent une transition énergétique plus franche… génératrice d’économies. « Pendant qu’on a le FRPH, on ne regarde pas comment s’affranchir des énergies fossiles. Pour moi, le FRPH serait une bonne chose si on avait vraiment travaillé pour s’affranchir des énergies fossiles. Or, comme on ne l’a pas fait, je ne sais pas si le FRPH est vraiment un bon dispositif. »

Ce discours du monde économique, acteur d’une diminution de son empreinte carbone est également celui du Medef. Le patronat local milite pour accélérer cette transition énergétique. « Aujourd’hui la seule sortie est la réduction de la consommation, déclare Frédéric Dock, président du Medef. C’est pour ça que le Medef a proposé un système de maitrise de l’énergie destiné aux entreprises, qui serait, de notre proposition financé, amorcé en tout cas par le fonds Macron qui permettrait de faire des investissements autorisant la réduction de la consommation des entreprises. On a visé entre 10 et 15% de réduction. Aujourd’hui, c’est le seul moyen compte tenu de l’exposition de la Polynésie au prix du pétrole, je rappelle notre dépendance à 94% aux hydrocarbures. Notre seule protection c’est de réduire la consommation d’un côté et de continuer à lancer des projets d’énergie renouvelable comme cela a déjà été fait mais il faut immédiatement baisser la consommation. (…) Tout le monde doit faire un effort c’est évident. Mais ça doit se faire tout de suite. »

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Reçu par le haut-commissaire dans l’après-midi, le député Moetai Brotherson a évoqué les possibilités de mise en place de boucliers tarifaires comme dans l’hexagone. « C’est une suggestion qui a été faite par monsieur Carenco, ministre des Outre-mer, qu’il a évoquée puisqu’il avait annoncé qu’il voulait organiser les « Oudinot » des Outre-mer donc une grande réflexion sur la cherté de la vie, l’augmentation des tarifs. Maintenant, le calendrier étant ce qu’il est, on est en plein démarrage des budgets, on ne va pas pouvoir faire les « Oudinot » ces jours ci (…) Ça nous reporte à un éventuel collectif au mois de mars mais ce ne sera certainement pas pour cette fin d’année. »

L’Etat dit dialoguer avec le Pays, autorité compétente en matière d’énergie. Mais localement, aucun bouclier tarifaire n’est annoncé pour soulager les entreprises. C’est donc le consommateur qui pourrait encore une fois finir par payer la facture.

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