En cas de suspicion de Covid-19 : congés, arrêt maladie ou télétravail ?

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La Polynésie a franchi la barre des 100 cas de Covid-19 : environ 10 000 personnes se sont fait tester pour savoir si oui ou non elles étaient positives. Mais qu’en est-il de la prise en charge des salariés placés en isolement en attente de résultats, et qui ne peuvent donc plus aller travailler ?

Publié le 15/08/2020 à 10:21 - Mise à jour le 15/08/2020 à 10:44

La Polynésie a franchi la barre des 100 cas de Covid-19 : environ 10 000 personnes se sont fait tester pour savoir si oui ou non elles étaient positives. Mais qu’en est-il de la prise en charge des salariés placés en isolement en attente de résultats, et qui ne peuvent donc plus aller travailler ?

Des milliers de tests ont été réalisés par l’institut Louis Malardé depuis la réouverture des vols internationaux. En attendant leurs résultats, les personnes sont donc tenues de s’isoler et d’appliquer les gestes barrières pour éviter de disséminer le virus… mais si on n’est pas en mesure de travailler, qui finance le temps de l’isolement ? Est-ce aux salariés à prendre sur leurs congés ? Que faire si on ne peut pas travailler à distance ? À partir de quand la CPS assure-t-elle une prise en charge ?

(Crédit photo : Tahiti Nui Télévision)

Car ils sont des centaines à se retrouver dans cette situation : à avoir rencontré des cas contacts voire des personnes atteintes du Covid-19 ou à rentrer de voyage, et à avoir donc contacté le bureau de veille sanitaire pour procéder à des tests de dépistage. Mais il faut plusieurs jours pour en connaître les résultats. En attendant, dans le doute, il est indiqué de s’isoler chez soi pour éviter de répandre le virus.

Virginie Bruant, la présidente de la commission du travail à l’Assemblée de la Polynésie française est elle-même dans ce cas : « Je suis arrivée en Polynésie mercredi, et donc là j’attends lundi pour faire mon auto-test que je ferai déposer à l’institut Louis Malardé, et normalement je devrai être négative. Et je pense que je vais quand même au moins faire une septaine voire une quatorzaine pour être sûre. Je pense qu’il faut être très vigilent. On n’est pas assez prudent. Et toutes les personnes qui peuvent finalement être en télétravail, -et je suis consciente que ce n’est pas forcément facile et que tout le monde ne peut pas le faire- qu’elles le soient au maximum ».

Mais si on ne peut pas aménager son travail, qui prend en charge le temps d’arrêt forcé ? En métropole, un décret pris le 31 janvier dernier prévoit le versement d’une indemnité journalière pour les personnes qui sont dans l’impossibilité de travailler. Il est précisé qu’il n’est pas nécessaire qu’elle soit malade. Pour l’heure, la CPS elle ne prend le relais qu’en cas de Covid avéré. « Pour tout salarié qui est en incapacité de travailler, la prise en charge commence par un acte médical, par une prescription d’un arrêt maladie par un docteur. Tant que la personne n’a pas été identifiée comme malade par un médecin, il n’y a pas de prise en charge par la CPS » explique Punareva Bonnet, responsable de la communication à la CPS.

Au Centre Hospitalier du Taaone, plusieurs agents sont atteints du coronavirus, et il semble que certains aient mis du temps à se manifester et à se faire dépister en raison de l’absence de cadre clair. « Ils avaient peur de la sanction, de la perte financière de leur revenu, et ça je l’entends. D’où l’importance de régir justement, de définir les congés d’isolement. (…) On avait clairement relevé ce vide juridique, et d’ailleurs dans le code du travail il n’apparaît pas du tout, puisque c’est que en situation exceptionnelle, en cas de force majeure. Et aujourd’hui, si on laisse perdurer ça, je trouve que c’est abusif. On va demander à la population de faire un effort, mais en même temps, elle va contribuer financièrement, donc elle est perdante dans toute l’histoire. Il est temps que le pays mette en place, comme ça a été fait en métropole, un texte qui prendrait en charge ce temps d’isolement, et à partir de là, tout sera réglé » nous dit Mireille Duval, déléguée syndicale CSTP/FO.

À l’heure où les malades se multiplient rapidement, et où près de 2 000 cas contacts sont susceptibles d’être testés, impossible de savoir si un texte est en préparation pour assurer une prise en charge au salarié placé en isolement ou en quatorzaine. Les réponses se font toujours au cas par cas, à l’appréciation de chaque employeur.

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