Devant l’assemblée, le gouvernement reconnaît les « carences du système de protection de l’enfance »

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Le décès de la petite Ayden des suites de violences dans sa famille d'accueil, la semaine dernière, a fait l'objet d'une longue question de l'élue Tapura Cathy Puchon au gouvernement, ce mardi à l’Assemblée, lors de la 4e séance de la session administrative. Reconnaissant "certaines carences du système de protection de l'enfance" , Vannina Crolas a listé une série de mesures visant à soutenir et réorganiser la DSFE. Le frère et la sœur de la fillette, eux, ont été placés dans un foyer d'accueil "jusqu'au 30 juin 2025 à minima" , a indiqué la ministre.

Publié le 27/05/2025 à 12:19 - Mise à jour le 27/05/2025 à 16:40

Le décès de la petite Ayden des suites de violences dans sa famille d'accueil, la semaine dernière, a fait l'objet d'une longue question de l'élue Tapura Cathy Puchon au gouvernement, ce mardi à l’Assemblée, lors de la 4e séance de la session administrative. Reconnaissant "certaines carences du système de protection de l'enfance" , Vannina Crolas a listé une série de mesures visant à soutenir et réorganiser la DSFE. Le frère et la sœur de la fillette, eux, ont été placés dans un foyer d'accueil "jusqu'au 30 juin 2025 à minima" , a indiqué la ministre.

L’onde de choc du décès d‘Ayden, 7 ans, la semaine dernière à Taunoa, s’est propagée jusque dans les travées de Tarahoi, ce mardi, lors de la 4e séance de la session administrative. C’est Cathy Puchon (Tapura Huiraatira), dans sa question au gouvernement, qui a donné voix à l’émotion collective : « Il y a une semaine, une fillette de 7 ans, Ayden, est morte à Taunoa alors qu’elle avait été placée dans une famille censée lui offrir protection et réconfort. Les faits rapportés sont d’une gravité insoutenable : violence, privation, maltraitance répétée » , a-t-elle rappelé à la ministre du Travail Vannina Crolas, chargée de lui répondre en l’absence de Minarii Galenon.

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Les questions de l’élue sont multiples. « Comment un tel drame a-t-il pu survenir ici, chez nous, sous notre regard collectif ? Quel était le statut de cette famille d’hébergement ? Quelle indemnité cette famille recevait-elle pour la prise en charge de ces enfants ? Des signaux d’alerte avaient-ils été émis ? » , interroge-t-elle. « Ce n’est pas un dysfonctionnement ponctuel. C’est un effondrement silencieux du devoir de protection que nous devons à nos enfants les plus vulnérables. […] Elle n’a pas été oubliée. Elle a été vue. Elle a été confiée. Et pourtant, elle est morte sous les coups. Ce drame ne peut ni ne doit se répéter » , conclut-elle.

Pas de situation de maltraitance signalée suite aux contrôles

« Si la situation que nous rencontrons révèle certaines carences du système de protection de l’enfance, elle vient pour autant conforter la dynamique impulsée de réorganisation de la direction des solidarités de la famille et de l’égalité (DSFE) » , répond Vannina Crolas. Celle-ci confirme qu’en 2020, Ayden, son petit frère et sa petite sœur avaient été placés par décision judiciaire auprès d’un « tiers digne de confiance » à la suite de violences conjugales dans leur foyer d’origine.

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Ce type de placement — distinct d’une famille d’accueil professionnelle — repose sur une logique d’affinité, explique la ministre : le juge désigne une personne qui entretient un lien de confiance ou d’attachement avec l’enfant, sans exiger de formation ni d’agrément spécifique. Vannina Crolas précise qu’ « une évaluation préalable (avait été) réalisée auprès de cette personne, afin d’apprécier le contexte affectif et matériel dans lequel elle vit. […] Le foyer avait été déclaré apte à accueillir des enfants » , dit-elle.

Censés assurer un suivi régulier, les services sociaux, eux, « ont assuré les opérations de contrôle conformément aux lois et règlements » , poursuit-elle, avant d’ajouter : « ces contrôles n’ont pas, semble-t-il, révélé de situations de maltraitance  » . La ministre, prudente, invoque l’enquête judiciaire en cours, rappelant par ailleurs que les deux enfants « survivants » de la fratrie ont été placés dans un foyer d’accueil jusqu’au 30 juin 2025, à minima.

Plus largement, Vannina Crolas reconnaît que la Direction des solidarités, de la famille et de l’égalité (DSFE) fait face à des défis croissants. Elle rappelle une série de mesures prises par le gouvernement : le recrutement de vingt travailleurs sociaux diplômés pour « pallier la surcharge de travail » , la création d’un statut juridique pour les tiers dignes de confiance sera créé, le lancement d’un programme de formation pour les accueillants familiaux, la revalorisation de leurs indemnités, l’organisation d’assises de la petite enfance, et une coordination renforcée avec l’Agence de régulation sanitaire et sociale. Enfin, un délégué interministériel à la lutte contre les violences et les addictions, Rauarii De Longeaux a été nommé le 20 mai.

Santé : polémiques autour de l’ICPF et des guides sanitaires

Autre sujet de tension : l’avenir de l’Institut du cancer de Polynésie française (ICPF). Hinamoeura Morgant-Cross a, une nouvelle fois, dénoncé le désengagement du gouvernement issu de sa majorité : projet de la princesse Heiata abandonné, convention santé avec l’État repoussée, patients livrés à eux-mêmes. Elle questionne également le projet de financement de 200 millions de francs pour recruter entre 150 et 180 guides sanitaires, acteurs de terrains chargé de la promotion de la santé, avait expliqué le ministre de la Santé Cédric Mercadal à Tahiti Infos.

Ce dernier s’en est brièvement défendu : « Ils seront là pour soutenir au plus près des gens notre politique de santé publique. Ils parleront notamment d’alimentation, d’activité physique, de tabac, d’alcool mais aussi de santé mentale. Leurs actions et les actions vont permettre de prévenir notamment les AVC, les dialyses, les infarctus, les troubles mentaux, les suicides. Elles permettront également de prévenir certaines causes du cancer » , justifie-t-il.

« Je ne prévois pas de fermer l’Institut du cancer. Ce n’est pas dans mes projets, ça ne l’a jamais été » ajoute-t-il, rappelant que le budget prévention cancers est passé de 35 à 200 millions de francs en deux ans.

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