Crimes, délits et substances interdites : avis aux voyageurs qui font escale aux États-Unis

Publié le

Consommateurs et dealers de drogues ne s’exposent pas qu’à des condamnations par la justice, mais également à des restrictions de déplacement, comme c’est le cas aux États-Unis. L’agent consulaire des États-Unis en Polynésie française, Christopher Kozely, est régulièrement interrogé par des voyageurs à ce propos. Il était l'invité du journal de TNTV pour en parler.

Publié le 08/05/2024 à 9:56 - Mise à jour le 08/05/2024 à 9:59

Consommateurs et dealers de drogues ne s’exposent pas qu’à des condamnations par la justice, mais également à des restrictions de déplacement, comme c’est le cas aux États-Unis. L’agent consulaire des États-Unis en Polynésie française, Christopher Kozely, est régulièrement interrogé par des voyageurs à ce propos. Il était l'invité du journal de TNTV pour en parler.


TNTV : Pour se rendre aux États-Unis, il faut une autorisation de voyage, ESTA ou visa. Dans quel cas, des personnes peuvent être refusées de séjour ?
Christopher Kozely, agent consulaire des États-Unis en Polynésie française : « Un des cas bien précis, c’est dans le cadre, bien sûr, d’une arrestation, quelle que soit l’arrestation, et surtout, une arrestation pour un trafic de drogue. »

Donc tout délit ou crime commis ?
« Tout crime. Quand on a la question qui est « avez-vous déjà été arrêté », ce n’est pas « avez-vous déjà été arrêté aux États-Unis ? », c’est « avez-vous été arrêté dans le monde entier ? »

Il vaut mieux être honnête lorsqu’on répond à cette question ?
« Oui, parce qu’il faut bien répondre dans la mesure où, tôt ou tard, la vérité se sait, et les autorités américaines vont rajouter un délit de plus qui est le mensonge si la personne est trouvée coupable. »

Est-ce qu’il peut y avoir des dérogations ?
« Quand quelqu’un va répondre « oui » à la question, bien sûr, l’ESTA va être refusée. La suite logique, c’est de faire un visa.
Maintenant, quand on est arrêté dans un cadre d’un délit comme trafic de drogue et qu’on demande un visa, c’est plus la même chose qu’un visa normal où on aura une réponse ‘oui’ ou ‘non’ le jour même où on va au moment de l’entretien. Une personne qui a un casier ou qui a été arrêtée, on va devoir demander une pétition à la justice américaine. Et là, ça devient beaucoup plus lourd, beaucoup plus long, jusqu’à six mois d’attente avant d’avoir une réponse pour le visa. »

Il y a une attention particulière sur les personnes impliquées dans des trafics de drogue. Est-ce qu’on parle de trafiquants, mais pas seulement ? Les consommateurs, également, sont concernés.
« Quand une personne a été arrêtée, que ce soit un consommateur, un trafiquant ou même un complice tout simplement, il doit s’expliquer devant la justice américaine. Et ce qui est très important, c’est que nos deux gouvernements, le gouvernement français et le gouvernement américain, travaillent de plus en plus étroitement à partager les données pour enrayer ce fléau qu’est le trafic de drogue. »

De quel type de drogue parle-t-on ? Lorsqu’on pense au cannabis, par exemple, on sait qu’il est légal dans certains états.
« En France, c’est l’acte du trafic qu’on condamne. On commence peut-être avec du cannabis et on va finir avec de la cocaïne ou de l’ice. Donc c’est l’acte de trafiquer qui est contre la loi. C’est réprimandé. Et donc ces personnes-là vont avoir les mêmes problèmes vis-à-vis de la justice américaine. »

Comment les autorités américaines se procurent-elles ces informations sur les voyageurs ?
« Avec des données publiques. Bien sûr, il y a la CNIL, il y a toute la protection du citoyen. Mais les échanges se font de plus en plus étroits entre les deux gouvernements. Cela permet de mieux collaborer pour mieux arrêter le fléau. »

D’autres pays pratiquent-ils la même politique à votre connaissance ?
« Il faut savoir que la Nouvelle-Zélande et l’Australie ont la même question dans leur questionnaire de visiteurs, qui est ‘avez-vous déjà été arrêté ?’. Et les pays vont étroitement partager de plus en plus de données, voire même jusqu’à partager la base de données qui va empêcher un trafiquant de voyager s’il a été condamné ou même arrêté. »

Il n’y a pas une certaine bienveillance, une certaine tolérance pour des étudiants, par exemple, qui auraient été condamnés pour des faits mineurs ?
« De toute façon, après, il faut expliquer son dossier parce qu’il peut y avoir aussi une erreur judiciaire.
Donc quand on va demander son visa, il y aura cette fameuse période de six mois où on va analyser le dossier, on va demander une copie du jugement et on va baser la décision du gouvernement américain sur la peine maximale de la copie du jugement. »

On parle des États-Unis, de la Nouvelle-Zélande, de l’Australie, mais il y a d’autres routes vers l’étranger pour les Polynésiens…
« Ce qui risque de se passer, c’est qu’une personne qui a été arrêtée ne pourra plus voyager par la Nouvelle-Zélande et les États-Unis. Il restera juste la Nouvelle-Calédonie et après, un transit par le Japon pour aller en France. Mais le coût n’est pas léger : on voit des prix de billets aller-retour allant de 300 000 Fcfp au minimum jusqu’à 800 000 – 900 000 Fcfp en période haute. »

Il y a aussi les délais de délivrance des autorisations de voyage qui s’étendent au fil des années...
« Oui, on a vu que de plus en plus, ces délais qui, au début, étaient instantanés, se rallonger. Maintenant, on recommande 72 heures.Mais j’ai déjà vu des dossiers qui prennent plus de temps et ça, c’est malheureusement à la discrétion du département de l’immigration américaine. »

Dernières news

Activer le son Couper le son