Celle qui est connue comme animatrice radio, télé, comme finaliste d’un concours de pâtisserie, a dévoilé une partie de sa vie dont on ne se seraient pas doutés. Maheata a expliqué qu’elle a grandi dans un « bidonville de faa’a » mais surtout qu’elle a été maltraitée, battue, et violée à l’âge de 12 ans.
Maheata a annoncé dans la foulée, la création d’une association en soutien aux victimes de maltraitances, « Te ara o Hina », du nom de sa grand-mère qui l’a élevée.
« Je n’avais pas dans l’optique de le dire à qui que ce soit avant aujourd’hui. Mais ce qui m’a fait avoir le déclic, c’est toutes ces affaires qui ont été mises au jour. C’est vrai que durant les 4-5 dernières semaines, les médias n’ont pas arrêté d’en parler. Il y a eu énormément de jugements qui sont passés, énormément de retranscririons de ce qui se passait dans les tribunaux et c’est vrai que c’est ça qui m’a fait un peu vaciller. À chaque fois que je lisais un article, j’avais le sang qui bouillonnait et je me disais « tu ne peux pas ne rien dire, avec le statut que tu as aujourd’hui, la voix qui porte aussi fort, tu ne peux pas fermer ta bouche, tu ne peux pas te taire »« , explique Maheata que nous avons rencontrée au lendemain de la publication de son post Facebook.
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« J’avais peur que les gens puissent me juger.«
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Pour publier ce long message sur les réseaux sociaux, il lui a fallut du temps et beaucoup de courage : « Ça a été un combat avec moi même d’abord. Ça a été vraiment une libération quand j’ai appuyé sur le bouton publier et que tout est parti parce que pour une fois je disais enfin ce qui était vraiment arrivé et je mettais un nom sur chacune des choses (…) Maintenant les gens le savent, les gens m’écrivent et peuvent enfin discuter avec quelqu’un qu’ils connaissent. (…) J’avais peur que les gens puissent me juger. (…) Quand j’ai publié hier, j’ai reçu plus d’une centaine de messages en quelques heures de gens qui avaient envie d’être bénévoles, de s’investir dans ce combat-là avec moi. Et plus de 50% des messages, c’était des témoignages » Pour elle, 50% du travail est fait : faire parler les victimes, les pousser à se confier. Viendra ensuite le temps de l’action. Maheata envisage de mettre en place une cellule d’écoute, un numéro d’urgence, de lancer des campagnes dans les médias…
Mais son message n’a pas été accueilli de la meilleure manière par tous : « J’ai aussi reçu des messages négatifs, des messages de gens qui disaient « arrêtez de vous victimiser, si vous en êtes arrivée là c’est qu’à un moment donné vous avez cherché quelque chose ». Non, non, non. Si aujourd’hui on a encore ce genre de discours, ce n’est pas normal. Heureusement pour moi ce n’est qu’une infime partie des messages que j’ai reçus. (…) J’ai beaucoup de professionnels qui m’ont contactée hier : des psychothérapeutes, des éducateurs spécialisés, des enseignants, des gens qui travaillent dans d’autres associations. J’ai même des élus de communes qui m’ont écrit : de Raiatea, de Hao, de Moorea qui m’ont dit « on a des problèmes ici, personne ne nous écoute. Viens voir ce qui se passe réellement sur le terrain. Et moi je vais y aller, je vais aller voir, je vais me rendre compte moi même de la situation (…) »
La semaine prochaine, Maheata compte rencontrer les professionnels qui lui ont écrit : « S’ils ont des avis, des suggestions, des idées qu’ils ont envie de mettre en place, on va tous ensemble discuter, on va travailler et ensuite on va se mettre en action. »
Maheata reste lucide : « Je sais qu’on ne va pas régler le problème du jour au lendemain » (…) Nos dirigeants j’imagine bien qu’ils ont beaucoup de travail en ce moment avec la covid. Je ne leur demande même pas d’intervenir. »