Assises de l’école : à la recherche du rythme idéal pour l’écolier

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À quoi ressemblerait une journée idéale pour les élèves de Tahiti ? C’est la question qui a animé mardi les assises pour l'école polynésienne de demain. Après les archipels, c’est à Tahiti qu’elles se déroulent cette semaine. Remise sur la table, l’organisation des rythmes scolaires a suscité des débats particulièrement intenses. Semaine de 4 jours, début des cours à 8 heures ou pause méridienne rallongée : tous les cas de figures ont été explorés. Reste à savoir si une réforme est vraiment possible.

Publié le 01/06/2022 à 11:02 - Mise à jour le 01/06/2022 à 11:12

À quoi ressemblerait une journée idéale pour les élèves de Tahiti ? C’est la question qui a animé mardi les assises pour l'école polynésienne de demain. Après les archipels, c’est à Tahiti qu’elles se déroulent cette semaine. Remise sur la table, l’organisation des rythmes scolaires a suscité des débats particulièrement intenses. Semaine de 4 jours, début des cours à 8 heures ou pause méridienne rallongée : tous les cas de figures ont été explorés. Reste à savoir si une réforme est vraiment possible.


L’école du Sacré-Cœur de Taravao a fait salle comble mardi, pour l’ouverture des Assises de l’école à Tahiti. Une première journée consacrée aux 5 000 élèves inscrits dans les établissements privés du 1er degré sur l’île et qui a généré une forte mobilisation et des nombreuses propositions.

Catholiques, protestants et adventistes ont débattu ensemble de l’optimisation du temps scolaire. Chacun avait son avis à donner sur la question. Du côté des parents, Vairea, maman d’une élève de l’école Charles Vienot de Papeete confie : « Ma fille me dit qu’elle aimerait bien commencer l’école à 8 heures. C’est vrai que 7 heures 15, c’est trop tôt pour nos enfants ». « J’ai 3 enfants, dont 2 en bas âge. On va dire que c’est assez compliqué le matin. On se réveille entre 5 heures et 5 heures 30 pour quitter à 6 heures 30 au plus tard et souvent, le matin, on n’a pas le temps de prendre le petit-déjeuner donc on le prend en route, on va à l’école, et elles le prennent à l’école. Et souvent, ça sonne et elles n’ont pas le temps de terminer leur petit-déjeuner » ajoute Shayron Garbutt, maman d’élève à la Presqu’île.

« Si on n’a pas d’optimisme pour les enfants, on ne bâtit pas l’école de demain. »

Heifara Martin, directrice du Sacré-Cœur

Au Sacré-Cœur, Heifara Martin, la directrice, met tout en œuvre pour offrir à ses 571 élèves de bonnes conditions d’apprentissage : « Il est important de tous se rassembler pour réfléchir au bien-être de l’enfant par rapport à son rythme chrono biologique. Nous allons recevoir une psychologue. Elle va nous en dire plus à ce sujet. La question à laquelle nous devons réfléchir, c’est : ‘quelle serait la journée idéale’. La journée idéale, c’est déjà de ne pas commencer trop tôt… avoir plus d’activités pour apprendre autrement. Pas seulement dans la classe, mais à l’extérieur, avec des activités pensées pour les enfants. Nous ne sommes, hélas, qu’un maillon de la chaine. On dépend de notre bassin de vie. Les parents et leurs horaires de travail, le transporteur… c’est donc tout l’intérêt de réfléchir à cela en groupe. Nous pourrions recevoir les petits plus tôt et organiser un système d’accueil des enfants, par exemple. Il n’est jamais trop tard pour changer les choses. Je suis de nature très optimiste et si on n’a pas d’optimisme pour les enfants, on ne bâtit pas l’école de demain« .

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« Ce que j’ai ressenti d’intéressant dans les échanges, c’est l’adaptation du temps en fonction de l’attention des enfants. L’attention est plus importante à 10 heures que dans l’après-midi, et c’est pris en compte. La question que nous nous posons tous : des propositions oui, mais est-ce qu’elles seront appliquées ? Le programme, lui, ne va peut-être pas changer, et s’ils ont un programme trop chargé on ne va plus tenir compte de l’attention des enfants » indique Vairea.

« Je pense que ce serait bien de laisser le temps aux enfants.« 

Vairea, maman d’élève

« Je pense que la problématique doit être la même pour tous les parents qui ont plusieurs enfants en bas âge. Par ailleurs, depuis un moment, ma fille a arrêté de faire la sieste. Elle est en section des moyens. Quand je la récupère, elle s’endort dans la voiture et se réveille tard. La fin de journée n’est pas facile. Je pense qu’il faut adapter les rythmes. J’en ai parlé aux maîtresses qui m’ont dit qu’il fallait suivre les programmes et les programmes stipulent qu’on arrête la sieste à telle période de l’année, chez les moyens. Pour moi, il faut réfléchir au bien-être de l’enfant. Quand l’enfant se sent bien à l’école, quand on suit son rythme : ses performances scolaires suivent. C’est global. Je pense que ce serait bien de laisser le temps aux enfants. Le temps de se réveiller, de prendre le petit-déjeuner en famille. Pendant le Covid, on avait le temps de prendre le petit-déjeuner tout ensemble, tout le monde était plus zen et soudé. Les familles ont besoin de pouvoir se retrouver » confie Shayron.

À l’Isepp, enseignants et parents réunis en ateliers ont planché sur l’organisation d’une journée et de la semaine. « Pourquoi pas tester des semaines de 4 jours d’enseignement ? » se demande Heirani Hollmann, enseignante à l’école Tiarama de Papeete. « On a proposé plutôt des pauses régulières pendant la journée. Travailler sur l’accueil et le démarrage le matin. Peut-être avec de la gym douce. Il faut penser à des temps où l’enfant peut décompresser. La consigne, c’était de proposer une journée idéale. Est-ce que c’est applicable ? Je ne suis pas sûr, parce qu’il y a des programmes. Et quant à commencer plus tard les cours : là, c’est toute la société qu’il faut changer«  suggère Thomas Dilhan, enseignant à l’école Saint-Michel de Pirae.

Vers des modifications horaires dans l’enseignement catholique

« Il était important pour nous de réaliser ces Assises, pour ne pas qu’on ait une organisation de manière descendante, et finalement que l’on colle des emplois du temps figés dans les écoles. Il fallait écouter tout le monde, prendre le temps du débat, et écouter les besoins de chacun. Il fallait consulter la base. On remercie les parents, les enseignants, d’être venus s’exprimer. C’est tous ensemble que nous parviendrons à trouver l’optimum de la journée d’un enfant. On raisonne aussi à l’échelle de la semaine. Les choses vont de toute manière changer en termes d’horaires. Il y a un contexte avec des parents qui travaillent, parfois tôt. Il y a la circulation. Dans l’enseignement catholique, on réfléchit à l’organisation d’un système d’accueil des enfants. On ne va pas les laisser au portail tôt le matin. Ce serait l’élément différenciant de l’enseignement catholique » déclare Emmanuel Anestides, directeur de l’enseignement catholique en Polynésie.

« Pour en revenir à ces assises, je souligne le fait qu’il y a tous les acteurs de l’école. Personnel administratif, cantinières, taties… tout le monde est là. Chacun peut faire entendre sa voix. Je suis surpris par l’enthousiasme qu’il y a. Sur le nombre de personnes, un peu moins. Au niveau de ce qui pourrait changer rapidement : c’est l’organisation de la journée et de la semaine. Avec des activités plus sociales le matin, et des activités individuelles d’apprentissage après la récréation du matin. L’après-midi, plutôt laisser cours à des activités artistiques ou d’éducation sportive. Ça, c’est l’organisation de la journée qui peut changer » ajoute-t-il.

502 familles ont aussi répondu au questionnaire en ligne « pour construire l’école du XXIe siècle ». La synthèse de ces assises doit être rendue le 10 juin.

Après une première journée avec les 13 établissements privés du primaire de Tahiti, ce mercredi, la deuxième journée sera consacrée aux établissements publics.

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